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Michelle Charrier (Traducteur)
EAN : 9782070340774
512 pages
Gallimard (09/11/2006)
3.98/5   325 notes
Résumé :
Alfred Borden et Rupert Angier, deux prestidigitateurs hors du commun, s'affrontent dans un duel sans merci.
Trois générations plus tard, au cours d'une enquête sur une secte, le journaliste Andrew Wesley fait la connaissance de Kate Angier. Elle lui révèle qu'il s'appelle en fait Andrew Borden et qu'une guerre oppose leurs deux familles depuis la fin du XXe siècle. Quand Andrew découvre le rôle exact joué par le scientifique Tesla dans toute cette affaire, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
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Le Prestige ! Clou du spectacle d'un bon illusionniste, creuset de la gloire et de la reconnaissance, tout bon prestige se doit d'être non seulement spectaculaire, mais surtout inattendu. Avec ce roman de Christopher Priest, nous sommes servis.

J'avoue avoir été ébloui par l'adaptation de Christopher Nolan mettant en scène Christian Bale face à Hugh Jackman, avec Michael Caine et Scarlett Johansson en arbitres ; je fus vraiment en extase devant le roman originel ! D'un banal voyage de journaliste sur les traces de son enfance, Christopher Priest nous emmène, par le renfort de journaux intimes du XIXe siècle, sur la piste de deux illusionnistes et surtout sur celle de leur interminable querelle. le principe est simple (au premier abord, en tout cas) : nous suivons quatre journaux intimes (successifs, pas en alternance) qui nous livrent des informations complémentaires, et parfois contradictoires, sur une querelle tenace et mortelle entre deux maîtres de la « magie » du XIXe siècle. C'est toute la question du « pacte » entre l'auteur et ses lecteurs, tout comme entre le prestidigitateur et son public, qui est fouillée ici.
Christopher Priest met ainsi en place une trame scénaristique plus complexe que l'aspect « journal intime » ne pourrait le suggérer au premier coup d'oeil. le mensonge et la dissimulation sont prioritaires dans la façon d'aborder les faits qui opposent Alfred Borden et Rupert Angier. Mais cela se complique un peu plus quand un très simple aspect de steampunk vient griller les circuits de cette mécanique trop bien huilée. Pour autant, rien non plus de trop compliqué derrière cette histoire originale, car il suffit d'un peu d'observation et de concentration pour saisir les tenants et les aboutissants de l'intrigue avant qu'ils nous soient révélés au bout du compte (difficile d'en dire davantage sans spoiler une bonne part des secrets à découvrir).

En somme, le roman a beau être long de cinq cents pages en format poche, cela se lit d'une traite, avec une facilité déconcertante, tellement les péripéties s'enchaînent de belle façon. Merci donc à Christopher Priest pour ce petit bijou prestigieux !

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Aimez-vous les tours de magie ?
Je dois reconnaître que ce thème ne m'intéresse pas plus que ça, mais la lecture de plusieurs critiques de ce livre m'a donné envie de le découvrir.
On fait la connaissance de deux prestidigitateurs du siècle dernier qui n'auront de cesse de s'affronter et de se gâcher la vie l'un l'autre.
Il faudra attendre la fin du livre pour découvrir pourquoi ils se détestaient autant et pourquoi leur rancune a finalement eu des répercutions sur leurs enfants et même leurs petits-enfants.
Le roman débute d'ailleurs avec le petit fils de l'un des deux prestidigitateurs, il est journaliste et va aller enquêter sur un fait divers étrange ayant eu lieu au sein d'une secte.
A partir de là, on va remonter le temps et parcourir la vie professionnelle et privée de ces deux magiciens, jusqu'à découvrir de vieux secrets.
J'ai été happée par cette histoire et le style de l'auteur.
Les secrets sont ici bien cachés, comme le sont les lapins dans un chapeau, il y a des doubles-fonds, des tiroirs secrets, des tours de passe-passe, et on a l'impression que chaque élément fait partie d'un tout, un peu comme des poupées russes emboitées les unes dans les autres.

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"Enfin, la dernière étape, aussi appelée effet ou prestige, qui est le produit de la magie. Si l'illusionniste tire un lapin de son chapeau, l'animal apparemment dépourvu de toute existence avant l'exécution du tour, peut être qualifié de prestige de ce tour."

Rupert Angier (le Grand Danton) et Alfred Borden (le Professeur de la Magie) sont deux illusionnistes célèbres dans le Royaume-Uni du Tournant du XXème siècle. Une haine inextinguible les oppose : peu importe de savoir qui des deux a commencé cette vendetta ; au fil des années le résultat en sera seulement dommageable pour ce duo infernal et leurs proches…

Cette rivalité les mènera aussi à un tel niveau d'exigence qu'ils seront les meilleurs dans leur domaine. Sans pourtant jamais expliquer directement certains tours, l'auteur nous en apprend beaucoup sur les coulisses des spectacles d'illusionnisme.

Je suppose que beaucoup a déjà été écrit sur l'intrigue. Je préfère pour ma part en dire le moins possible. Je peux seulement conseiller une lecture attentive. Des petits décalages, des incompréhensions fugitives, des sensations vagues que quelque chose nous échappe trouveront tous une explication.

J'ai encore une fois été soufflé par la construction phénoménale de ce roman de Christopher Priest : on croit, à plusieurs reprises, en avoir terminé avec les apparences et les illusions. Mais ce n'est qu'un leurre de plus : il y a encore un double-fond invisible dans la malle de la narration. L'effet est proprement vertigineux. Véritablement du grand art, soutenu par un style exemplaire.
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Début du XXe siècle, deux prestidigitateurs s'opposent et se déchirent les faveurs du public. Mais cette rivalité puérile va avoir des conséquences sur leurs rejetons...

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Et bien, j'ai dévoré ce livre ! Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir repoussé sans cesse sa lecture (prêté par un ami, j'avais peur d'être déçu...), alors je remercie Nadouch pour sa pioche judicieuse (et merci au [vrai] forum des membres de Babelio !).
J'ai rapidement été happé par le récit avec son écriture à la première personne et ses différents narrateurs qui livrent leurs mémoires.
La dose de SF est très minime, et bien amenée, elle est certes la clé de l'intrigue mais passe vraiment comme une lettre à la poste (grâce au fameux Nikola Tesla).
J'ai également beaucoup apprécié les multiples révélations et surprises, ainsi que le fait que les revirements de situations soient amenés de manière naturelle avec, pour le lecteur, cette impression de flotter sur un doux nuage de coton. Rarement l'intrigue ne m'a paru aussi fluide (peut-être le format "journal" y est-il pour beaucoup) et aussi surprenante.

Bref, lisez-le et appréciez-le comme ce fut mon cas :)

PS : je vais regarder le film, même si je pense forcément être déçu après cette lecture...
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En illusionnisme, « le Prestige » est le point d'orgue d'un tour de magie, le moment où le prestidigitateur fait jaillir l'impossible du possible, suscitant ainsi stupeur et enchantement. Tout ceci n'est évidemment qu'illusion et si le spectateur s'y laisse prendre volontiers, les autres magiciens n'ont qu'une hâte : découvrir la clef de l'énigme. Car le Prestige n'est pas seulement source d'émerveillement, il l'est également de fortune, de gloire et de réussite. Un état de fait qui n'a jamais été aussi vrai que dans l'Angleterre victorienne où les théâtres à la mode se disputent les numéros de magie et où tous les praticiens de ce noble art se livrent à une lutte acharnée pour attirer l'admiration exclusive du public – une lutte qui peut aller fort loin car pour acquérir un nouveau tour ou le subtiliser à un confrère, des illusionnistes sont prêts à commettre bien des vilénies, allant jusqu'à l'espionnage, au vol et pire encore.

Nous sommes à la fin du XXe siècle à Londres où un conflit de ce type va naître entre deux jeunes magiciens, tous deux aussi talentueux et orgueilleux l'un que l'autre, Alfred Borden et Rupert Angier. Un accident tragique et personnel va débuter leur querelle, querelle qui ne va pas tarder à dangereusement dégénérer, la haine entre les deux illusionnistes atteignant des sommets sans commune mesure avec l'élément déclencheur du duel. Surtout que l'enjeu du conflit n'est pas mince : rien de moins que le tour le plus demandé et le plus mystérieux de toute l'Angleterre, celui de « L'homme transporté » où l'illusionniste se transfert instantanément d'un coin à l'autre d'un théâtre. Des petites échauffourées, on passe progressivement à des actes de malveillance de plus en plus graves, menaces, vandalismes, chantages… Aucun acte, aucune extrémité ne semble à même de rebuter les deux hommes dans leur course forcenée à la gloire. Où s'arrêtera l'escalade ?

Avec « le Prestige », Christopher Priest nous offre une captivante plongée dans le monde de la prestidigitation avec ses secrets, ses traditions et ses multiples codes. Doté d'une ambiance très réussie, le roman est mené comme un tour d'illusionniste ; tout n'y est que faux-semblants, fausses pistes, semi-mensonges, au point qu'il y devient parfois difficile de distinguer la vérité de l'élucubration et l'illusion du fantastique… le récit se démarque par une construction particulièrement ingénieuse : on y découvre d'abord les mémoires d'Alfred Borden, avant d'enchaîner sur le journal intime de Rupert Angier (ses deux récits étant entrecoupés de passages fort intrigants se situant au début du XXIe siècle et mettant en scène leurs descendants respectifs). Les récits des deux magiciens se complètent, se contredisent, s'éclairent et s'obscurcissent l'un l'autre, créant ainsi une suspense grandissante qui trouve sa conclusion dans un final de haute volée. Quand l'histoire prend fin et que le Prestige nous est enfin révélé, bien des zones d'ombre persistent… Mais où serait le plaisir d'un tour de magie, si tout nous était dévoilé ?

(Petit aparté sur l'adaptation au cinéma de Christopher Nolan : le cinéaste ayant pris de très nombreuses libertés par rapport au roman, les deux peuvent donc être visionnées sans crainte de redite. Personnellement, j'avoue avoir préféré le roman que j'ai trouvé plus subtil, mieux construit et moins enclin au manichéisme. le film n'en est pas moins un divertissement fort réussi que je conseille chaleureusement aux amateurs.)
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Une illusion se divise en trois étapes.
Tout d’abord, les préparatifs, qui permettent d’esquisser, de laisser deviner ou d’expliquer la nature de la tentative à venir. Les accessoires sont visibles. Des volontaires appartenant au public participent parfois à ce prélude, au cours duquel le magicien dispense autant de renseignements trompeurs qu’il lui est possible.
L’exécution qui, pour susciter le spectacle de la magie, associe une vie passée à s’entraîner au don inné de comédien du prestidigitateur.
Enfin, la dernière étape, aussi appelée effet ou prestige, qui est le produit de la magie. Si l’illusionniste tire un lapin de son chapeau, l’animal, apparemment dépourvu de toute existence avant l’exécution du tour, peut être qualifié de prestige de ce tour.

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Il avait pris comme nom de scène Ching Ling Foo.
Je n’eus qu’une seule occasion d’assister à son numéro, il y a de cela quelques années, a l’Adelphi Theater de Leicester Square. Le spectacle terminé, je gagnai l’entrée des artistes et envoyai ma carte à Ching, qui sans plus attendre m’invita aimablement dans sa loge. Il s’abstint de parler de ses illusions, mais je ne pouvais détacher le regard de l’objet posé près de lui sur un piédestal — son accessoire le plus célèbre : un grand aquarium sphérique à poissons rouges qui, en semblant surgir du néant, marquait le fantastique apogée de son numéro. Ching me proposa d’examiner le bocal, lequel était des plus normaux. Il renfermait au moins une douzaine de poissons ornementaux, tous vivants, et était empli d’eau. Je cherchai à le soulever, car je savais de quelle manière Ching le faisait apparaitre, et je m’ébahis de son poids.
Mon hôte ne dit mot en me voyant aux prises avec l’aquarium. De toute évidence, il se demandait si je connaissais ou non sa technique et répugnait à donner, même à un collègue, le moindre indice susceptible de la trahir. Quant à moi, j’ignorais comment lui révéler que son secret n’en était en effet plus un pour moi, si bien que je tins également ma langue. Je restai en sa compagnie une quinzaine de minutes, qu’il passa assis, à hocher poliment la tête tandis que je le complimentais. A mon arrivée, il avait déjà troqué son costume de scène contre un pantalon foncé et une chemise bleue à rayures, bien qu’il ne se fût pas encore démaquillé. Quand je me levai pour rendre congé, il quitta sa chaise, devant le miroir, afin de me raccompagner a la porte. Il marchait la tête basse, les bras pendants, en trainant les pieds comme si ses jambes l’avaient énormément fait souffrir.
A présent que des années ont passé et que Ching est mort, je puis dévoiler son secret le plus jalousement gardé, un secret dont, cette nuit-là, j’eus le privilège d’entrevoir l’étendue obsessionnelle.
Le célèbre aquarium se trouvait sur scène durant tout le spectacle, prêt à sa soudaine et mystérieuse apparition, habilement dissimulé au public. Ching le portait sous l’ample robe de mandarin qu’il affectionnait, coincé entre les genoux, jusqu’à sa sensationnelle matérialisation - véritable miracle, eût-on dit - à la fin du numéro. Aucun spectateur ne parvint jamais à deviner comment il réalisait ce tour, bien qu’il eût suffi d’un instant de réflexion logique pour percer le mystère.
Mais la logique se trouvait en conflit magique avec elle-même! Le seul endroit où il était possible à Ching de cacher le lourd aquarium était l’intérieur de sa robe, et il était logiquement impossible qu’il l’y mît. Il semblait évident à tout un chacun que Ching Ling Foo, le frêle Chinois, accomplissait son numéro d’une démarche trainante, douloureuse. Lorsqu’il faisait la révérence, pour conclure, il s’appuyait sur son assistante, laquelle le soutenait ensuite tandis qu’il sortait de scène en clopinant.
La réalité était totalement différente. Ching était un homme vigoureux d’une grande force physique,
et porter l’aquarium de cette manière lui était tout à fait possible. Cela dit, la taille et la forme du bocal le contraignaient à traîner les pieds tel un mandarin, mettant son secret en péril, car l’attention se concentrait alors sur sa manière de se déplacer. Donc, pour préserver le mystère, il traina les pieds sa vie durant. Jamais, à aucun moment, chez lui ou dans la rue, de jour ou de nuit, il n’adopta une démarche normale, de crainte que son secret ne fût dévoilé. Telle est la nature de celui qui joue le rôle du sorcier.
Le public sait bien qu’un magicien pratique ses tours des années durant, qu’il répète avec soin chaque numéro, mais peu de gens ont conscience de l’étendue du désir de tromper qu’entretient l’illusionniste : l’apparente contradiction qu’il apporte aux lois de la nature devient une obsession qui gouverne chaque instant de sa vie.
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Maintenant qu’elle s’agitait moins, il me devenait possible de la considérer avec davantage d’objectivité : c’était une femme non dénuée de charme, à peu près de mon âge. De toute évidence, elle aimait boire et en avait l’habitude. Cela m’a suffit pour me sentir en terrain connu.

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J'envisage de me tuer. Si les pages suivantes sont vierges, quiconque découvrira ce journal saura que j'ai réussi.
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L’artiste n’est pas un sorcier, mais un acteur jouant le rôle d’un sorcier et désireux de faire croire, fût-ce un instant, qu’il est en contact avec des forces obscures. Le public, quant à lui, sait qu’il n’assiste pas réellement à une démonstration de sorcellerie mais oublie cette certitude pour former le même vœu que l’illusionniste. Plus ce dernier est doué pour maintenir l’illusion, plus on le considère expert en sa trompeuse magie.
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