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Quand Zakhar Prilepine se place au centre de chacune de ces dix nouvelles autobiographiques c'est doux, c'est tendre, c'est cruel, c'est tourmenté, on sourit, on se laisse gagner par l'émotion tant il laisse parler son coeur et nous offre avec une rare sincérité des moments de vie ordinaires. Une vie d'enfant, d'adolescent, une vie de jeune homme qui se cherche, parfois à la dérive, fragile mais en même temps si fort. Une vie dont on ne guérit jamais car Zakhar Prilepine a eu plusieurs vies.

Les mots de Zakhar Prilepine m'ont bouleversée car il ne triche pas, il dit : je t'aime ma patrie, je t'aime mon amour toi la mère de mes enfants, je t'aime ma famille pour tout ce que tu m'as donné. Il se nourrit, il se délecte de chaque souvenir, il s'en réchauffe le coeur. Il nous raconte aussi son mal-être et ses désillusions dans une Russie post-soviétique profondément marquée par les inégalités dans laquelle on apaise les âmes tourmentées à coup de grandes rasades de Vodka. Mais dans ces récits ce sont les regards complices et les éclats de rire qui prennent le dessus et font oublier la misère ambiante et les coups de sang à la sortie des boîtes de nuit sordides dans lesquelles Zakhar gagne son bifteck.

La nouvelle qui m'a le plus touchée ? Sans nul doute la huitième nouvelle de ce recueil : "Il ne se passera rien". Rien que des regards fatigués mais tellement d'amour pour le jeune papa de Ignatka, 4 mois et Gleb, 5 ans. Quand il évoque ses enfants et sa compagne il le fait avec beaucoup de pudeur et autant d'émerveillement devant ce que la vie lui a offert.

Pudique, respectueux, lucide envers la vie tout simplement, Zakhar Prilepine nous offre en bonus un intermède poétique de toute beauté avec pas moins de vingt-trois poèmes et clôt son recueil avec une ultime nouvelle aux intonations douloureuses qui a pour titre "Le Sergent" puisqu'il s'est engagé dans les deux guerres tchétchènes en 1996 et 1999 et comme volontaire en 2016 dans l'armée de la république populaire de Donetsk.

Un recueil que je ne peux que vous inviter à lire pour découvrir la très belle plume de ce grand Monsieur.

" J'aime l'embrasser quand il se réveille. Fasciné, j'effleure de mes lèvres ses joues gonflées du lait de ma bien-aimée. Mon Dieu, que c'est tendre. On dirait la chair d'un melon. Et son souffle... L'épanouissement des fleurs duveteuses, au printemps, ne sont rien à côté de cela : mon fils ronfle, tout près de mon visage, lumineux comme après la communion..."
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Six poèmes et dix nouvelles de Zakhar Prilepine, dont la plupart légèrement ou fortement trempées dans la VVH (= violence + vodka + humour ) et paradoxalement aux chutes d'une étonnante douceur. Leur protagoniste s'appelle Zakhar, qui n'est autre que l'écrivain lui-même ou ses avatars. D'inspiration autobiographique, un voyage dans le temps et la vie de Zakhar, sans ordre chronologique, à la campagne, à Moscou.....avec Zakhar enfant, ado, adulte, un Zakhar heureux, qui vit et travaille au gré du vent.

“Quel jour serons-nous demain ?”, question à la bien-aimée dans une ballade d'amour aux chiots,
“Le péché “, flirte avec les cousines, le temps d'un été à la campagne chez les grands-parents, sans conséquence grave,
“Le diable et les autres”, bruits et fureurs chez les co-locataires d'un immeuble moscovite où il habite,
“Les roues”, fossoyeur de fortune, carburant à la vodka, essayant d'enjamber de nuit, une voie ferrée,
“Six cigarettes et ainsi de suite”, ses mésaventures de videur dans une boite de nuit,.....le plus drôle de toutes.........
Un recueil qu'il termine avec de la poésie, magnifique et émouvante , et une farce noire du temps de son engagement volontaire aux guerres tchétchènes en 1996 et 1999.

Bref rien n'est rose dans cette Russie post-soviétique, au contraire tout est pauvreté crasse et violence, pourtant Zakhar s'y penche avec tendresse et humour et une prose qui n'a rien à envier aux grands auteurs classiques russes. C'est son troisième livre que je viens de lire et j'en sors toujours aussi émerveillée.

“En lisant les livres, je rêve toujours,
Et toujours je crois que la vie
Et la mort entre elles s'arrangeront
Et que, seul, je resterais en dehors de tout cela.”
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"Le Péché est une gourmandise littéraire" est écrit en quatrième de couverture. Il ne m'a pas fallu plus pour l'acheter, sans connaître l'auteur, car je ne me souviens pas avoir jamais été déçue par de la littérature russe. Et bingo ! J'ai vraiment adoré.

Ces nouvelles, en grande partie autobiographiques, sont liées entre elles car elles racontent toute un fragment de la vie de Zakharka, qui n'est autre que le double de l'auteur.

C'est l'histoire d'un jeune couple qui vit littéralement d'amour et... de vodka. Malgré qu'ils n'ont pas le sou (hormis pour leur vodka), il recueillent un quatuor de chiots abandonnés.

C'est l'histoire de deux jeunes frères de la campagne, amoureux de la même fille qui, elle, vient de la ville. Mais elle est si jolie, beaucoup papillonneront autour d'elle.

C'est l'histoire d'un adolescent aux études, venu passer ses vacances chez ses grands-parents. Il y retrouvera ses cousines le temps d'un été.

C'est l'histoire d'un jeune qui rêvait d'entrer à la légion, estimant ne pas avoir d'avenir ailleurs. Une rencontre va le détourner de ce destin, rencontre d'amitié noyée dans l'alcool.

C'est l'histoire d'un petit garçon qui veut coûte que coûte participer au jeu des plus grands. Ils jouent à chat. Un des meneurs l'intègrera au groupe avant de se cacher lui-même. Se cacher. Se cacher tellement bien...

Ce sont des histoires de voisins de palier dans un HLM, des histoires de soldat, de fossoyeur, de videur de cabaret.

Enfin, c'est l'histoire d'un jeune père qui raconte ses enfants. Oh, celle-là, un petit bijou ! Véritable ode à l'amour paternel.

Ces nouvelles sont tout simplement magnifiques. Pas seulement parce qu'elles sont bougrement bien écrites, qu'elles parlent d'amour, de solitude, de vague-à-l'âme, avec humour et poésie, mais parce qu'on s'attache à Zakharka. Il est comme une personne hors du temps, d'une nature sensible et optimiste malgré ses déboires. Il est en fait un "bouffeur" de vie en prenant tout ce qui se présente à lui, le bon comme le mauvais.

Ah, j'oubliais. L'auteur écrit aussi de la poésie. Il y a contraste entre ses histoires, souvenirs de son passé et les vers qui pour moi sont emprunts de noirceur et de désillusion.

Un auteur à découvrir. Réellement.
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Eclats de mémoire
Ce "roman en nouvelles" (2007) est composé de fragments de la vie de Zakhar, double de l'auteur. Chaque nouvelle tord les tripes et noue le coeur. Zakhar est un romantique. Tourmenté, orgueilleux, révolté, passionné depuis l'enfance. Il aime la castagne et les jolies filles, il a surtout ce besoin irrépressible de se frotter à la mort pour se sentir vivre ; sinon, comme les autres, il noie son ennui dans la vodka. Mais il n'est pas égoïste ni cynique pour un kopeck. Il donne la parole aux laissés-pour-compte de la Russie des années 2000; Il nous fait entendre la voix virile des videurs de boîte de nuit, des fossoyeurs, des manutentionnaires à la petite semaine, des gros bras sans perspective d'avenir, des oubliés de l'ultra libéralisme post-soviétique. Son regard est tendre, souvent plein de dérision mais l'injustice et la bêtise le mettent en rage et il est alors brutal.
Je remercie grandement Bookycooky pour m'avoir fait découvrir cet auteur.
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Un livre, constitué de onze nouvelles.
Inégales, tant en nombre de pages, qu'en intensité, qu'en intérêt, voire en qualité d'écriture, mais le tout est interdépendant.
Il me semble que le fil directeur ou le point commun entre toutes ces nouvelles, petites histoires, comme des chapitres, qui s'enchainent les uns aux autres, il me semble que le fil rouge c'est l'auteur lui-même, Zakhar, et cela non seulement parce que très souvent le héros, le narrateur se prénomme Zakhar, mais aussi, car ayant lu, un peu des notices biographiques sur l'écrivain, des articles sur le personnage, et ayant aussi lu quelques oeuvres du créateur, je m'autorise à penser que la plupart de ces nouvelles sont largement autobiographiques.
La lecture, heureusement ce sont des nouvelles, est tensiogène. de la violence, de la cruauté, de la morbidité, auxquelles succéderont de la douceur, de la tendresse, une naïveté enfantine et de l'amour de l'autre.
Cette violence, cette dureté, autant dans le fond que dans la forme (et là, le style est sérieux, acéré, bétonné), m'ont fait lâcher le livre des mains, et ce à plusieurs reprises. Parfois, j'ai accéléré la lecture pour connaître le fin du fin. Parfois j'ai accéléré la lecture pour me débarrasser de cette histoire trop glauque, trop morbide, trop écoeurante, car Prilépine a peu de tabou.
Parfois, aussi, j'ai relu et relu des pages doucement poétiques, tendrement violentes, mais si humainement réalistes.
Lire Prilépine c'est accepter le dérangement, c'est accepter l'horreur de l'être humain. Pas une horreur exceptionnelle. Non. Prilépine en fait un quotidien. Il rend humaine l'horreur qui existe dans chaque être. Il l'a rend acceptable et en même temps haïssable. Parfois ça fait du bien, mais parfois, le livre me tombe des mains et je pense "ce n'est pas possible".
Les descriptions qu'il fait de ses personnages sont absolument délicieuses ou terriblement abominables. Par moment, on peut se dire c'est la cour des miracles. Non, c'est la Russie de Prilépine. Celle d'aujourd'hui. Après avoir lu L'Archipel des Solovki, la première oeuvre magistrale de Zakhar, je me suis régalée avec Des chaussures pleines de vodka chaude,, puis Pathologies m'a ébranlée, dérangée déjà.
Déjà, la violence, le cynisme, la dureté, l'abomination de ce que peut être ou devenir un être humain, mais une plume acerbe, sans concession, détestable parfois, tendre quelquefois, une plume qui interroge.


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Ce titre m'a été judicieusement conseillé pour découvrir la plume et l'univers littéraire de Zakhar Prilepine. Ce roman ressemble à un recueil de nouvelles. D'inspiration autobiographique, il relate, sans chronologie, des épisodes-souvenirs, une vie russe contemporaine.

De l'enfance à l'armée en Tchétchénie, de l'adolescence aux expériences professionnelles, une vie d'homme, amoureux, père.

Je m'attendais à une lecture dure, difficile. Si les pages sont parfois rudes, féroces, j'y ai pourtant lu une tendresse virile, un humour, certes ironique mais plus étonné que cynique, émerveillé parfois, porté par un profond élan vital, par un tout aussi profond attachement à cette Russie, à sa culture. J'y ai lu la nuit, Moscou, la campagne russe, la famille, une société en pleine transformation, l'alcool, le rapport à l'argent, au pouvoir, une fraternité et une fidélité.

J'y ai lu également une lumineuse nostalgie, une poésie, si loin de l'image du provocateur que j'avais rencontré au Salon du livre de Paris l'année passée. J'y ai lu une plume limpide qui sait rester sobre sous la force des émotions, des mots qui donnent présences et paroles à tous les personnages. La » nouvelle éponyme » est juste splendide. Dans le chapitre explicitement intitulé » En d'autres termes… « , j'ai lu un poète. Ce chapitre est un recueil de poèmes.

Il y a une ardeur dans ces récits de la violence des jours et des sentiments, toutes les couleurs et les saveurs de la vie, du plus clair au plus sombre, du plus doux au plus amer. le goût de la vie.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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Les onze nouvelles qui constituent cet ouvrage se lisent avec un plaisir évident même si je concède une préférence pour "quel jour serons-nous demain ?" "Il ne se passera rien rien" et "le sergent". Faits insignifiants mais racontés de manière touchante et tendre émaillent ces récits.
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Receuil de nouvelles, bonne introduction à cet auteur russe mais sûrement pas son livre le plus marquant
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