Bertrand Puard revient avec le premier tome d'une nouvelle série, L'Archipel, dans laquelle on retrouve les ingrédients de sa précédente trilogie, Bleu Blanc Sang :
- Une action assez ramassée dans le temps ;
- Des rebondissements en série et une grande vivacité dans la narration ;
- Des personnages troubles dont la fiabilité n'est jamais prouvée ;
- Un cadre très contemporain (l'histoire se passe en 2019).
Le résultat est un roman d'une grande fluidité qu'il est difficile de lâcher. C'est une histoire de manipulation, de mensonges, de trahisons. Une histoire dans laquelle n'importe qui peut se découvrir simple pion alors qu'il se croyait maître de son destin.
On sent rapidement que Yann et Sacha vont se découvrir des liens plus étroits encore que ceux de l'échange d'identité. Leurs passés comportent des zones d'ombre, leurs chemins se croisent de diverses manières et leurs futurs seront encore plus étroitement liés. La narration leur offre la parole à tour de rôle, nous permettant de les découvrir sans filtre et de nous attacher à eux.
La tension est grandissante, notamment du côté de Sacha. Des interrogations, voire des remords, montent en lui ; il fait des recherches internet sur son double, sur sa mère, sur son histoire, recherches dont nous lecteurs savons qu'elles sont enregistrées ; un journaliste semble décider à fouiller la double histoire de Sacha et de Yann…
Un reproche toutefois : l'action est très rapide. Presque trop en fait. Certes, c'est ce qui rend le roman haletant, mais cela le rend parfois presque superficiel. Nous avons finalement assez peu de temps pour découvrir cet Archipel qui donne son titre à la série et Sacha se joue de l'adversité avec une facilité déconcertante (je ne vous dis pas pour quoi faire). J'aurais parfois aimé plus de difficulté car la faiblesse des obstacles annihile tout suspense.
De la même façon, certains personnages sont à peine esquissés avant de disparaître. Je ne doute pas qu'ils auront un rôle à jouer dans la suite (je pense notamment à celle qui a le plus attiré mon attention, Algo, une prisonnière pas comme les autres, aux crimes encore inconnus, et aux détenus 666 et 72), mais leur passage est un peu trop fulgurant. Ainsi, à part Yann et Sacha que l'on suit de près, je n'ai pas réussi à m'attacher ou à ressentir de l'empathie pour un seul autre protagoniste.
Un premier tome sur les chapeaux de roue qui aurait peut-être gagné à prendre un peu plus son temps pour explorer les thèmes passionnants mis en place comme le trafic d'identités et cette prison internationale isolée près des glaces de l'Antarctique et destinée aux pires criminels de la planète. Beaucoup de questions restent en suspens : la société
R.I.P., le passé de
Marc-Antoine, le rôle d'Aliocha et celui d'Algo…
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