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Club N°53 : BD sélectionnée
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Véritable bombe sur un sujet explosif : les inégalités de genre.

Un vrai travail de vulgarisation qui permet de rentrer très facilement dans la thématique à travers des exemples concrets.

Caro B.
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Vraiment utile.

Pour ceux qui ne se sont encore rendus compte de rien.

Morgane R.
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Combattre l'ordre racial et l'ordre du genre contribue aussi à saper les bases du capitalisme.
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Ce tome contient un essai qui se suffit à lui-même et qui ne nécessite pas de lecture préalable. Sa première édition date de 2023. Il a été réalisé par Céline Bessière, Sibylle Gollac et Jeanne Puchol pour le scénario, et par cette dernière pour les dessins et les nuances de gris. Il comprend cent-vingt-trois pages de bande dessinée. Il se termine avec une liste d'une quinzaine d'ouvrages pour aller plus loin, écrits par Pierre Bourdieu, Collectif Onze, Christine Delphy, Sylvia Federici, Nicolas Frémeaux & Marion Leturcq, Camille Herlin-Giret, Ana Perrin Heredia, Thomas Picketty, Florence Weber, Viviana Zelizer. Mmes Bessière et Gollac avaient collaboré au Collectif Onze, auteur d'un ouvrage qui avait été adapté en bande dessinée par Baptiste Virot en 2020 : Au tribunal des couples (Enquête sur des affaires familiales) en BD.

Dans une cabane de fortune construite sur un rond-point, une gilet jaune est en train de dîner frugalement dans sa protestation pour la justice sociale et la justice fiscale, et contre la casse des services publics. Elle écoute la radio : Trois mois après son divorce, MacKenzie Bezos renonce à tous ses intérêts dans le Washington Post et dans Blue Origin, à 75% de ses actions Amazon, ainsi qu'à ses droits dans cette entreprise. Ceci afin de soutenir l'action de son ex-mari, a-t-elle précisé. Jeff Bezos garde donc le contrôle d'Amazon et reste l'homme le plus riche du monde. Les marchés financiers peuvent respirer. Un tel discours met la gilet jaune hors d'elle : à haute voix, elle suggère que McKenzie vienne partager ses fins de mois. Un chat a réussi à tromper sa vigilance et est en train de goûter au plat préparé sur la table. Elle le chasse, car elle n'a sûrement pas trop de quoi à manger. Il détale ventre à terre, il croise un autre chat et ils commencent à papoter. le premier est à la rue parce que son humaine est morte subitement, et ses enfants, se disputant pour l'héritage, se sont débarrassés de lui. le deuxième explique que ses humains sont en train de déménager et il ne sait pas s'ils vont le garder. Ils croisent un troisième chat qui interrompt leur conversation.

Ce dernier chat les emmène dans un coin sympa. Il explique que dans la séparation, c'est surtout l'humaine qui va y laisser des plumes dans le divorce. Non seulement, l'écart entre les revenus des plus riches et ceux des plus pauvres n'a jamais été aussi important, mais l'écart entre leurs patrimoines se creuse encore plus. Patrimoine, ou richesse ou capital, peu importe l'appellation : des terres, de l'immobilier, des actifs financiers, des entreprises. À une interrogation, il répond que les pauvres peuvent parfois y prétendre grâce au crédit ou à l'épargne. Alors que les plus riches en bénéficient souvent dès leur plus jeune âge, parce que ces biens se transmettent au sein de la famille. Bon, ces inégalités-là font beaucoup parler. On sait moins que les inégalités de patrimoine entre les femmes et les hommes augmentent elles aussi. Même si les femmes travaillent et gagnent leur argent, en moins de vingt ans, l'écart entre ce que détiennent les hommes et femmes a presque doublé.

Il s'agit d'un exposé condensé d'une enquête analysant les inégalités de patrimoines et économiques entre femmes et hommes, au sein de familles de classe sociale différente. le défi impressionne : restituer une étude sociologique sous forme de bande dessinée. La forme narrative adoptée par les trois autrices fonctionne très bien. Quelques reconstitutions et mises en situation : des entretiens avec les deux sociologues, des discussions entre membres d'une même famille, des entretiens devant la ou le juge avec les avocats, des entretiens chez une avocate ou un avocat, chez une ou un notaire. Quelques moments d'une activité professionnelle ou d'une autre. La dessinatrice représente les trois autrices (dont elle-même) en train d'échanger en présentiel ou en distantiel pour approfondir une notion, ou demander un développement sur un constat contre-intuitif. Ces passages peuvent être représentés avec les trois autrices en situation, ou des gros plans sur leur visage simplifié et représenté comme des avatars infographiques. le lecteur ne s'attend pas à la troisième forme d'exposition : des chats en train d'échanger entre eux sur leur situation personnelle, et par voie de conséquence la situation de leur maîtresse.

En feuilletant rapidement le tome, le lecteur pourrait entretenir quelques réserves sur ce qui donne l'impression d'une narration visuelle peut-être un peu pauvre (beaucoup de têtes en train de parler, des décors représentés sporadiquement), mais à la lecture il ressent toute la pertinence des choix effectués, car ainsi l'exposé devient vivant et coule de source, avec une forme de tension dramatique qui sert le propos, sans le sensationnaliser ou le dramatiser. Au fur et à mesure, il fait l'expérience que les pages présentent une grande variété d'éléments visuels : l'intérieur du cabanon sur le rond-point, les murs et les toits parcourus par les chats, les cabinets et bureaux, et des éléments avec une fonction symbolique comme une balance à plateau, un extrait de tableur, un plan de réaménagement d'un appartement, un caddie de supermarché, des arbres généalogiques, un plateau de Monopoly, des billets de banque qui poussent sur une plante en pot, etc. le lecteur fait l'expérience de l'apport de la dessinatrice dans la conception des planches, dans la conception même de l'exposé pour qu'il ne soit pas juste un texte livré ficelé avec des images redondantes ou superfétatoires, mais bien un exercice pédagogique mettant à profit les possibilités du moyen d'expression, ainsi que ses spécificités. La facilité de la lecture rend le propos aisément accessible, et pourtant lorsqu'il prend un peu de recul en faisant une pause pour réfléchir à ce qu'il vient de lire, le lecteur prend conscience de la densité des informations, qu'il s'agisse des description des situations, de la démarche de recherche, des constats, des analyses, des conclusions. Il se rend également compte de la profondeur de la réflexion, nourrie par un travail conséquent de recherche et d'analyse. En prime, il est visible que Jeanne Puchol aime bien dessiner les chats et qu'elle en a longuement observés.

Les autrices affichent d'entrée jeu leur point de vue : analyser les inégalités de patrimoine et de richesse entre femmes et hommes, en défaveur de ces premières, avec le parti pris de l'écriture inclusive pour ne pas les invisibiliser. Ce positionnement n'affecte en rien la rigueur de leur enquête. L'annoncer permet au lecteur de savoir dans quelles directions ladite recherche va s'effectuer : il s'agit de repérer et d'analyser les mécanismes et les paramètres systémiques sociaux qui sont à l'oeuvre dans l'apparition ou la reconduction de ces inégalités. L'exposé comprend plusieurs parties. Un premier exemple de succession dans la famille Pilon, avec utilisation du dispositif de donation-partage devant notaire, la veuve donnant la boulangerie ainsi que la maison attenante à son fils, ses trois filles recevant quelques biens immobiliers et terrains avoisinants. Des explications complémentaires issues des entretiens menés avec les différents membres de la famille. Vient ensuite la partie analytique et réglementaire exposée par les deux sociologues, relancées par les questions de la bédéiste. Suivent encore deux exemples de successions. Puis de des exemples choisis pour des situations particulières : femme âgée et démunie, méconnaissance du droit chez les modestes, rôles respectif des avocats et des notaires, autres situations de divorce, de succession, dans des milieux aisés, dans des milieux populaires, au sein d'une famille ou l'épouse a élevé les enfants et travaillé dans l'entreprise de son époux, ou bien s'est entièrement consacrée à la famille.

En annonçant leur positionnement en toute transparence, les autrices indiquent qu'elles se focalisent sur les mécanismes qui font perdurer les inégalités entre femmes et hommes dans ces situations, voire les aggravent, avec le constat de départ que les statistiques sur l'écart de richesse entre femme et homme est allé en grandissant ces dernières décennies. Leur exposé est donc orienté puisqu'elles partent d'un constat factuel et chiffré, dans le même temps l'analyse desdits mécanismes est menée avec rigueur et méthode. Les exemples sont choisis pour un jugement qui va dans le sens de la préservation ou de l'augmentation de la richesse de l'homme, et la diminution de celle de la femme. Les autrices exposent alors la situation de départ, les éléments qui motivent le jugement, le lecteur restant libre de se faire une idée par lui-même, de nourrir son opinion, et de relativiser comme il l'entend les conclusions des sociologues s'il estime que le constat de départ est trop prégnant. Il retrouve bien évidemment des idées féministes tel que l'invisibilisation des tâches domestiques, ainsi que la priorité donnée à la conservation du patrimoine familial lors de sa transmission d'une génération à l'autre. À nouveau, il peut exercer son libre-arbitre en fonction de ses convictions et de ses valeurs, que ce soit pour les questions de capital, de travail ou de famille. À chaque étape, les deux sociologues exposent la méthodologie qu'elles ont mise en oeuvre, les moyens dont elles ont disposé, les entretiens qu'elles ont pu mener, les professionnels auxquels elles ont eu accès, les entretiens qu'elles ont pu observer, leur nombre et leur variété. le lecteur peut donc également se faire une idée de leurs sources et de leur démarche.

Tout commence par un titre bien singulier et un a priori sur le fait que l'exposé sera orienté pour pointer du doigt des mécanismes favorisant les hommes aux dépens des femmes. Les autrices affichent que leur ouvrage va dans ce sens, libre au lecteur de le garder à l'esprit au cours de sa lecture. Réaliser un exposé en sciences humaines et sociales en bande dessinée constitue un défi délicat, car il faut savoir trouver le bon mode narratif pour réaliser une vraie bande dessinée (et pas un texte illustré) sans dénaturer les propos tenus. S'il peut entretenir quelques a priori sur les choix de la dessinatrice, le lecteur ressent rapidement qu'ils étaient infondés, et que le mode narratif a été conçu par la bédéiste avec les deux chercheuses, pour un résultat parfaitement adapté à l'exercice de la restitution d'une enquête et de l'analyse afférente. La lecture s'avère très agréable, avec ses différents niveaux narratifs (mises en situation, échanges entre les autrices, commentaires, analyses et conclusions), et la prise de recul sous la forme de la discussion entre des observateurs inattendus que sont les chats. Une lecture passionnante, éclairante, enrichissante, édifiante.
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Lu après ...
a) En avoir entendu parlé
b) En avoir lu un résumé détaillé de la part d'un babéliote, présence pour ne pas le citer, qui tient un blog consacré à la BD très riche...
Bon, je vais l'avouer, je n'éprouve ni sympathie ni rien d'autre d'ailleurs pour Mme MK Bezos qui sert d'introduction au livre.
Ouvrir la réflexion sur cette affaire d'intraprofiteurs m'avait éloigné de cette bande dessinée dédiée essentiellement aux inégalités homme-femme du point de vue du patrimoine et de sa transmission...
En patrimoine, il est vrai, les Bezos... Voilà des gens qui valent des millions de fois mieux que nous...
Soyons honnêtes, c'est surtout un essai, et marginalement une BD. Tous les discours, les exemples, sont majoritairement servis par les mêmes visages des enquêtrices qui parlent de leur étude, de leurs rencontres au fil de l'accumulation des témoignages qui constitueront leur ouvrage. le côté "BD" est mieux rendu avec la petite bande de chats qui ont aussi leur miaulement à dire sur le sort que leur réservent les humains lors des séparations et des décès.
Immobilier, foncier, actifs financiers, sociétés : les plus méritants d'entre nous en profitent dès leur plus jeune âge essentiellement grâce à leurs parents. Ces inégalités sont justifiées par la différence d'essence entre les pauvres et les êtres supérieurs. Mais même au sein de ces élus existent des inégalités entre les femmes et les hommes, et bizarrement elles augmentent aussi. En vingt ans, suivant le mouvement global de tnemellessiur l'écart entre ce que détiennent les hommes et femmes a presque doublé.
Il est donc amusant de constater que plus nous parlons d'égalité homme-femme, et Dieu sait si on nous rabâche les oreilles avec ça, cela ne s'améliore pas vraiment. Les quelques exemples décrits dans cette bande dessinée, toutes classes sociales confondues, sont assez démonstratifs. Il est vrai qu'on nous parle beaucoup d'autres choses constamment comme la démocratie...
Heureusement, la fin du livre m'a un peu réconcilié avec cette approche Homme-Femme qui n'est pas trop ma tasse de thé à la base : "On ne pourra pas mettre fin aux inégalités entre femmes et hommes sans s'attaquer aux inégalités de classes. On ne pourra pas abolir la société de classes sans renverser l'ordre du genre".
Pour que la lutte entre les inégalité homme femme ne soit pas le cache-sexe de la lutte contre les inégalités tout simplement.
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Peu importe la place d'une femme dans l'échelle sociale, les mécanismes de transmission favorise toujours les hommes malgré les promesses de parité.
Une BD enquête sur les processus en place dans notre société qui lèsent systématiquement les femmes dans les transmissions comme dans les séparations. Les autrices ont assisté à des procédures, interviewé des avocats, notaires, juges, ... démontrant à quel point le système en place est injuste.
Avec des exemples d'affaires qu'elles ont rencontrées leurs explications sont simples et didactiques, appuyés par l'intervention des chats qui racontent leurs maitresses et maitres pour appuyer les propos.
Côté dessins, le trait d'une grande sobriété est associé à une palette entièrement noire et blanche. le propos de l'album est joliment illustré sans pour autant noyer le sujet dans trop de détails.
Cet album réussit à vulgariser l'étude autour des inégalités de genre dans les transmissions sans jamais être ennuyeux.
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Voici un livre qui ne laisse pas de marbre, bien sûr, étant une femme, cela me revolte un peu de voir qu'en 2023 on est encore loin -très loin- de l'égalité dans la société mais aussi au sein de sa famille en étant de sexe féminin.

Le livre, s'il est coloré sur la couverture est tout en noir et blanc à l'intérieur. Les chats narrateurs donne un coté moins dramatique à l'histoire même si cela n'apporte pas grand chose de plus que si ça avait été un vrai personnage.

Les témoignages sont biens trouvés pour argumenter de façon concraite les différents exemples de manière plus claire.

Tout ceci n'est qu'un bref aperçu de toutes ces inégalités. Toutes les femmes avec enfant savent que dans notre société, il faut travailler comme si on avait pas d'enfant et il faut être maman comme si on avait pas de travail.....

Je remercie Babelio pour la séléction lors de la masse critique d'Avril et Delcourt.
(c'est le genre de livre qui a le don de me mettre hors de moi donc je suis restée sage dans ma critique ;-) )
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Les inégalités et la pauvreté, de revenus ou de patrimoine, c'était le sujet de ma thèse. Etude de données cross-sectionnelles uniquement. Approche d'économiste. Ici, des sociologues vont aller au plus près des divorces, dans les tribunaux, dans les études notariales, pour analyser et comprendre la transmission du capital, du patrimoine. On démarre avec les successions et on termine avec les pensions alimentaires, en passant par le partage des biens acquis pendant le mariage et les prestations compensatoires.

Le verdict? Les inégalités s'accroissent, tant dans les revenus que dans les richesses, dans le capital. Liberté, égalité, choucroute titrait Jean Yanne dans un de ses films, et il avait bien compris le truc. Car la fraternité n'existe pas, de même que l'égalité.

L'individualisation des partimoines, la prétendue liberté acquise par les femmes, autant de prétextes pour mieux les enchaîner aux structures d'une société patriarcale. On parle bien de patrimoine, pas de matrimoine.

La BD alterne 3 séquences. D'abord des débats et des échanges entre les autrices. Ensuite, des mises en situations et des présentations de vrais cas. Enfin, des chats qui discutent de la situation de leurs maîtresses respectives. Ce va-et-vient est sympa et apporte pas mal d'humour et de fluidité à un sujet qui ne s'y prête pas trop.

L'ouvrage dévie largement sur les questions de féminismes, c'est inévitable. Jugements des tribunaux cléments pour les pères, conseils des notaires en faveur des héritiers mâles, c'est un système qui est en place et qui fonctionne avec l'assentiment de tous ou presque. Les pensions alimentaires sont calculées en fonction des moyens de l'homme, pas sur base des besoins des mères. Et par ailleurs, on sent rapidement une forme de condescendance et de jugement de la part de certaines juges à l'égard de femmes appartenant à des couches défavorisées de la population. le fond est atteint quand on se rend compte que plusieurs décisions qui avaient été perçues à l'époque comme des avancées en faveur des femmes se sont finalement retournées contre elles, et souvent "grâce" à une forte capacité du système patriarcal à se protéger, à se recomposer.

La pauvreté de revenu des familles monparentales se voit très bien dans les données d'enquête, qu'elles soient instantanées ou temporelles. Cette étude mise en BD montre les inégalités au sein d'une même famille. Elles apparaissent plus nettement en cas de séparation ou de divorce, mais elles sont bien là. C'est un travail remarquable d'information et de vulgarisation sociologique et économique. J'ai une réserve sur l'usage des chats qui discutent des affaires humaines. Je peux admettre que les chats viennent un peu alléger le propos qui est assez désespérant, et que cela permet au lecteur de respirer, de se détendre un peu entre deux coups de massue sociale. Mais j'ai trouvé cela un peu too much quand même.
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Version bande-dessinée de l'essai de Sybille Gollac et Céline Bessière paru en septembre 2022.

Cette version illustrée permet d'appuyer le propos et rend plus lisibles certaines situations. Il en ressort une version digeste et accessible de cette enquête passionnante.

Je suis un peu plus mitigée sur l'idée d'utiliser des chats comme narrateurs, je n'ai pas trouvé que cela apporte grand-chose. Faire parler directement les personnes concernées (avocats, mère de famille, etc.) m'aurait semblé plus pertinent.
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Lu dans le cadre de Masse Critique : merci !

L'enquête sociologique "Le genre du capital" est dans ma pile à lire depuis très longtemps, mais le format ainsi que sa densité de contenu m'ont toujours fait un peu peur. J'ai été agréablement surprise quand j'ai vu qu'une adaptation BD était sortie : je n'avais plus d'excuse pour ne pas me pencher sur ce travail !

Le trio d'autrices et illustratrice a fait un choix original mais payant : une bonne partie du texte nous est délivré... par des chats ! Dans un quartier comme un autre, chats de gouttière, chats libres et chats de standing échangent sur les inégalités de genre dans le domaine de la justice. C'est un peu artificiel, certes, mais ça permet d'alléger le contenu et de faire passer certains concepts de manière très sympathique !

Du côté du contenu, pas de surprise, c'est énervant à souhait : qu'il s'agisse de magouilles dans les héritages (même "petits") ou de biais misogynes dans le jugement des divorces, tous les exemples donnés sont pertinents et ont demandé un énorme travail d'observation et d'écriture.

J'ai beaucoup appris grâce à cette bande de félins qui cohabite avec des avocat.e.s, notaires ou magistrat.e.s, mais aussi Monsieur et Madame Tout-le-monde. La scène finale est d'ailleurs très drôle, tel un affrontement entre chats des riches et chats des pauvres. Avec un petit clin d'oeil à Louise Michel !

Merci aux éditions Delcourt et aux autrices / illustratrice d'avoir oeuvré pour rendre ce travail encore plus accessible à celles et ceux qui, comme moi, sont parfois intimidé.e.s par la sociologie.
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Merci à Masse critique pour l'envoi de ce livre !

"Le genre du capital" est une enquête sur les inégalités de répartition de capital, bien entendu au désavantage des femmes.

Le sujet est, me semble-t-il, inexploré, pertinent et il s'inscrit dans la nouvelle mouvance des essais féministes qui s'intéressent aux rapport entre genres et argent.

La particularité de cet enquête-essai est qu'elle a été mené par des sociologues et vulgarisée sous la forme d'une bande-dessinée.

L'idée est bonne, la vulgarisation en BD permet de toucher plusieurs types de publics, la narration par les chats est originale, les faits sont étayés d'exemples parlants.

Cependant, le dessin un peu figé et les notes d'humour un peu forcées empêchent de se focaliser sur la lecture.

Une lecture donc en demi-teinte pour moi.
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Jeanne Puchol a adapté en roman graphique une enquête sociologique. Plusieurs sociologues pendant près de 20 ans ont suivi des couples et adelphies au tribunal, dans des cabinets d'avocats et de notaires. Ils assistent à des divorces, des séparations conjugales, des successions, des demandes de prestations compensatoires, des pensions alimentaires... Ainsi en croisant les données, Céline Bessière, Sibylle Gollac ont pu en faire une analyse donnant naissance à l'ouvrage "Le Genre du Capital - Comment La Famille Reproduit Les Inégalités". Un essai qui a su faire parler de lui même auprès du grand public. Malgré l'évolution du droit et des droits de la femme, elle reste pourtant discriminé aussi bien dans le monde du travail que le patrimoine. Etymologiquement, patrimoine signifie "qui vient du père". Cette idée que les biens de valeur doivent revenir aux hommes restent encore très encré. Alors que « depuis 1804, le code civil pose le principe d'un partage successoral équitable, sans distinction de sexe ni de rang de naissance ».

Pour expliquer et prouver cela, la bédéaste utilise deux mode d'expression différentes. Nous avons d'un côté un échanges entre félins, il y a ceux qui ont été abandonné par leur maître et ceux qui en ont toujours. Ils ont entendu bien des choses de leurs propriétaires et ce n'est pas glorieux. de l'autre côté, nous retrouvons les expertes expliquant leurs démarches, leurs méthodologies, les limites, les freins, les biais... Une structure assez bien construire pour dynamiser la lecture. Tout cela est assez intéressant comme constat. On pourrait regretter de ne pas avoir de conseils concrets à la fin pour être acteur du changement. Mais ce n'est pas l'objectif de la bd. C'est une transmission de données, de connaissances pour vulgariser un savoir sur la dimension systémique de la domination des femmes, du racisme, des classes sociales... « On ne pourra pas mettre fin aux inégalités entre femmes et hommes sans s'attaquer aux inégalités de classes. On ne pourra pas abolir la société de classes sans renverser l'ordre du genre ». Et surtout montrer qu'il a une utilité qui pourrait être mise à disposition de l'Etat s'il voulait se réformer. Attention, vous risquez d'avoir envie de vous replonger dans vos lectures de jeunesse avec Bourdieu.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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