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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une couverture en clair-obscur, comme les personnages qui oscillent entre ombre et lumière. Après son titre « le jardin », un roman remarquable et atypique, j'attendais de l'auteur qu'elle se renouvelle et me fasse découvrir une autre facette de son talent. C'est réussi.

Ici, les hommes et les femmes présentés sont des gens ordinaires, qui se sont trouvés, par un concours de circonstances mal maîtrisé, dans une situation délicate. Ils sont seuls pour faire face et se doivent de réagir ou de se laisser couler. le lecteur suit surtout le quotidien de deux protagonistes fait de moments de révolte, ou de lâcheté, voire de désintérêt quand tout semble se liguer contre eux.

Sae-oh vivait avec son père. Agoraphobe (on découvrira pourquoi au fil des chapitres), elle ne sortait pratiquement pas sauf en cas de nécessité. Ce jour-là, au retour des courses, elle découvre la maison brûlée. En réfléchissant, elle pense qu'un collecteur de dettes a suffisamment déstabilisé son père pour que ce dernier choisisse de se suicider. Une fois le choc encaissé, la colère grandit en elle et elle décide de se venger de cet homme qui a détruit sa vie.

D'un autre côté, Ki-jeong, une enseignante, est en mauvaise posture. Dans l'établissement où elle enseigne, un élève a abusé de sa candeur pour la déstabiliser, la discréditer. Se voyant prise au piège, la colère gronde en elle. En outre, elle apprend le décès de sa demi-soeur et veut mener une enquête pour comprendre ce qu'il s'est passé.

Ces deux femmes ont leur rage et leur désir d'éclaircir le passé comme points communs. Elles sont tributaires des autres, de leurs réponses, de leurs relations. Leur vie n'existe plus qu'à travers leurs recherches, leur besoin de savoir. Hye-Young Pyun nous démontre que la frontière entre le bien et le mal est bien mince, que l'on ne maîtrise pas tout et qu'un grain de sable peut enrayer le plus beau des mécanismes. Chacun doit alors puiser en soi pour rebondir, avoir de la ressource et essayer d'avancer coûte que coûte.

« A partir de quel moment l'intention malveillante devient-elle le mal ? Est-ce au moment où elle naît ou bien au moment où on la met à exécution ? Et au cas où l'on n'y parvient pas, le mal est-il absent ? »

Sae-oh et Ki-jeong ont été blessées par la vie, défaites. Pas aidées, ni soutenues, elles n'ont presque plus rien mais mues par une surprenante volonté, elles restent vivantes, droites. Quelle forme de vie quand tout semble se liguer contre vous ? Où aller chercher la force de croire encore en quelque chose ?

Dans ce recueil, les deux femmes évoquées nourrissent leur colère en se penchant sur ce qui a mal fonctionné dans leur passé, les pièges qui se sont refermés sur elles et qu'elles n'ont pas vu venir. Nourrir leur colère est ce qui les rend plus fortes. Malgré tout, elles restent terriblement solitaires, ne se fiant à personne, ne voulant pas montrer leurs failles. Elles observent, se taisent, réfléchissent, pèsent chaque décision.

L'écriture est détachée, pointilleuse, analysant chaque détail. le rythme peut donner des apparences de lenteur mais il n'en est rien, tout est décortiqué pour que chaque fait soit replacé dans son contexte en lien avec les autres. L'évolution des différents individus est traitée avec finesse, c'est intéressant de voir comment des gens effacés peuvent devenir des lions sans avoir l'air.

Vraiment un écrivain à suivre de près !



Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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À l'image de Jeong You-jeong, Pyun Hye-young est une romancière coréenne reconnue, une auteure à découvrir d'urgence.

Si je n'avais pas été pleinement convaincue par la lecture de son dernier roman (Le Jardin) notamment en raison du dénouement un peu trop brutal (mais je vous en conseille tout de même la lecture, il a reçu le prix Shirley Jackson), La loi des lignes est à mes yeux le chef d'oeuvre de Hye-young Pyun.

Comment expliquer ce ressenti si personnel et particulier que j'ai pu éprouver tout au long de cette lecture au point d'avoir parfois les larmes aux yeux ?

La loi des lignes n'est pas un polar classique, ne vous attendez pas à une incroyable tension, à un tueur en série, à des morts qui parsèment le livre, à des rebondissements inattendus. Ce titre est plutôt un roman noir qui se mêle à un roman social. Il y est question de personnes, d'être humains qui font face à des situations compliquées et sombres.

D'un côté il y a Sae-oh, une jeune femme qui vit enfermée chez elle avec pour seule compagnie son père, de l'autre il y a Ki-jeong, une professeure. Leur vie va être bouleversée par un drame : Sae-oh va perdre son père qui s'est a priori suicidé en raison de ses dettes, Ki-jeong va apprendre que sa soeur se serait aussi suicidée en se noyant. Chacune va remonter la piste pour comprendre ce qui a amené ses êtres chers à commettre l'irréparable, leurs routes vont se croiser et s'entremêler par des liens imprévisibles.

Si j'ai apprécié l'intrigue autour de Ki-jeong, j'ai été particulièrement marquée par celle de Sae-oh. L'auteure transmet parfaitement le désespoir de cette jeune femme qui a perdu sa dernière bouée de sauvetage, son phare, sa raison d'être. Elle va alors survivre en basant son existence uniquement sur son désir de vengeance : trouver le responsable et le punir. le lecteur va ainsi progressivement comprendre les secrets des différents personnages, aucun n'est totalement innocent.

La force de ce livre repose sur la capacité de la romancière à mettre en lumière la détresse de ses personnages à l'image de toute une partie de la population. de montrer l'angoisse financière, de souligner les inégalités, l'incapacité à faire face aux dettes, de vivre une vie décente dans un monde où l'argent est omnipotent. Ce roman est une métaphore universelle de l'injustice sociale. Les humains et leurs rêves se brisent inévitablement face au mur du capitalisme, à l'argent, au consumérisme et aux grosses entreprises/banques qui broient tout sur leur passage.

En définitive, La loi des lignes est pour moi le meilleur roman de Hye-young Pyun, c'est un texte poignant et intime. C'est un coup de coeur émotionnel très personnel, mon premier coup de coeur de l'année.
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
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L'Asie nous livre une nouvelle vague de la littérature noire bien partie pour détrôner les Scandinaves. C'est dans cette veine sociétale que s'inscrit La Loi des lignes, avec une autrice -dont le premier roman, le Jardin, paru également chez Rivages, ressort ces jours-ci en pochequi se montre impitoyable envers les siens. "La malchance qu'entraîne la pauvreté est quasiment inéluctable", écrit Hye-young Pyun. " Une fois qu'on est tombé entre ses griffes diaboliques, tout tourne mal. Payer l'opération d'un parent aux portes de la mort; se blesser et ne plus pouvoir travailler alors qu'on est le seul à subvenir aux besoins du foyer. Quelles que soient les histoires, elles finissent toujours de la même manière." Comme les histoires d'amour. Mal. En général. de fait, les Sud-Coréens sont, avec les Chinois, les champions du surendettement. Fort de ce sinistre constat qui met des
centaines de milliers de familles sur la paille, Hye-young Pyun tisse son intrigue avec une rare et intelligente habilité pour signer un (grand) roman bien d'aujourd'hui
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