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Citations sur Tabarly : Une vie (10)

"J'ai tout dit, je crois ... J'ai parlé aux médecins ... Je veux dire, après la nuit. Ça fait dix ans ... Plus d'une fois j'ai pensé qu'il était impossible de décrypter les choses, un pareil souvenir. J'étais seul avec la voix d'Eric. Quelle différence entre souvenir et cauchemar ? La vie d'un homme, d'un ami. La voix d'un ami perdu."
[...]
Erwan me regarde et ce n'est évidemment pas moi qu'il voit dans mes yeux.
"Il a dit quelque chose en tombant. Ce n'était pas un cri, c'était des mots ... Un seul mot, ou plusieurs ... Plusieurs mots, oui ..."
Dix ans plus tard, Erwan se rappelle avoir entendu son ami non pas lancer un cri, mais dire quelque chose en disparaissant à la mer.
Un adieu. Quel adieu ?
Il entend clairement la voix dans le vent noir qui balaie la mer invisible autour du bateau.
Il entend la voix d'Eric, pas les mots.
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La peur, l'amour. L'homme et ses variations à l'échelle d'une vie. Pas une fois où Éric n'ait pris la mer sans avoir présente à l'esprit l'idée qu'il pouvait y rester, qu'elle pouvait être linceul ou révélation, ou les deux. Pas une fois où, revenu à terre, il n'ait fait volte-face et regardé l'horizon, les milliers d'horizons qu'il avait traversés, fétu, grain, bateau. Le temps vient quand il vient où l'attache terrestre donne à réfléchir au plus valeureux des conquérants.
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Mais que diable peut regarder Éric, à trois ans, six ans, dix ans, quand il regarde la mer entre Pornic et Noirmoutier ? Quand il regarde quoi ?
La mer ?
Mais qu'est-ce que la mer dans les yeux d'un enfant qui vient au monde ?
A trois ans, six ans, dix ans, j'arrivais à la mer et mon cœur battait violemment. Enfant, on essaie déjà d'arracher à l'océan, merveille entre les merveilles, ce trois fois rien du secret des choses qui, lorsqu'on l'attend toujours avec la même avidité, s'est déjà dissipé. Mer, jeunesse, mirage ...
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Alors ? Ça s'est bien passé. Phrase tabarlienne entre toutes. Passer. Le verbe référent du marin. Combien d'entre eux, tel Francis Joyon après son tour du monde, ont eu ces mots dignes du plus grand Shakespeare : "La mer m'a laissé passer ..." À méditer.
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Le mot s'efface au contact de l'eau. Indicible, la mer, indicible le chassé-croisé de la mer et du rêve humain. Silence. Éric le garde pour lui, le silence de la mer, le motus des traversées qu'il accomplit en lui-même en traversant les houles, et s'il n'est pas Alain Gerbault qui tourne le dos aux mensonges des civilisations, il n'en cherche pas moins l'innocence au large, au plus loin.
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Vous savez quel passage il préférait dans la Bible ? "Et ils partirent pour Ezron-Gaber et plantèrent leurs tentes dans le désert de Sion qui est Kadesh. Et ils partirent de Kadesh et plantèrent leurs tentes a Hor, aux lisières du pays d'Edom ... Et ils quittèrent Zalmonesh et campèrent à Punon. Et ils quittèrent Punon et campèrent à Oboth ... Et ils quittèrent Almondib-lathaim et campèrent dans les montagnes d'Abarim, devant Nebo ..." L'errance, l'exil. Son almanach n'est pas celui des prophètes ou des muses, mais bien du marin breton dans sa bougeotte universelle, bédouin du flot errant, campeur ici, campeur là, sur le départ, toujours : l'ailleurs, retour de fortune, la partance au bout du môle, la ligne d'espoir à tracer.
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Quelque chose pouvait donc arriver à cet homme né pour embellir les vertus héroïques de l'homme, traverser l'horizon qui n'existe pas, récompense ultime du marin faisant vœu de franchir la ligne invisible entre celui qu'il était au départ et celui qu'il sera peut-être au bout du môle, après les orages et la peur de la traversée.
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L'âge de raison, nous y sommes après l'été 38. En classe, Éric est en retard, il s'ennuie, et s'il existe une variété de fleurs, chez les bourgeois, nommée désespoir-du-peintre, il existe le désespoir-du-maître, à l'école, une race d'élèves absolument réfractaires à la pédagogie comme à la bonté des enseignants. Éric en est un, j'en suis un. Symboliquement, nous partageons le même banc sous les patères, au fond de la classe.
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J'ai voulu raconter ici comment deux sensibilités si proches, concordantes, finissent par sembler étrangères au regard des faits. Au début nous marchons côte à côte, Éric et moi. Nous poursuivons le même but. Puis il allonge son pas géant. C'est un géant. Sa tanière autour du monde a pour nom Pen Duick, c'est à vol de mésange qu'il fait le tour du destin.
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On allait voir de près « l’archipel des éléphants blancs » , pâles cauchemars, îles imaginaires qui sont les plus hautes vagues et les plus longues, déferlantes, et les plus cogneuses que la mer ait portées, déployées vers nulle part sous la pression d’un vent qui souffle en tempête jour et nuit, à longueur d’année.
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