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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un chemin qui porte bien son nom, mais qui pourtant avance masqué. Son cheminement s'avère plus tortueux. Émilie Querbalec nous emmène quelques années en avant, en 2035, sur Les Sentiers de Recouvrance, avec des images, des idées et une volonté de trouver des notes d'optimisme.

Le récit va donc s'appuyer sur la jeune génération, celle pour qui le futur est encore à écrire. Deux adolescents qui n'ont pas encore trouvé leur place dans le monde, englués dans leurs difficultés et leur mal-être.

Ils partent, tracent la route dans des conditions difficiles, le réchauffement climatique ayant continué à bouleverser l'écosystème, dans une société qui cherche un nouveau souffle. Direction l'île de Recouvrance, la bien nommée ? Un mot de l'ancien temps pour tenter de construire cet avenir.

Dit ainsi, vous pensez imaginer facilement le genre d'histoire que nous raconte l'autrice, loin de ses premiers romans qui se passaient dans l'espace infini. Mais vous êtes dans l'erreur.

Ce roman n'est pas tout à fait ce qu'il semble être, va réserver une grande surprise en chemin, pour présenter les deux personnages différemment et nous inviter à nous questionner d'une autre manière.

Ces deux ados sont différents, l'un joue avec le feu, l'autre cherche l'eau ; métaphores d'un monde qu'on détruit peu à peu. Et pourtant…

Oui, pourtant, l'écrivaine use d'un ton posé, tout sauf moralisateur, souffle à l'oreille du lecteur des idées et des sujets à travers le destin de ces deux personnages qui ne sont que des héros du quotidien.

À voir pointer des notes d'espoir, quand ils vont se prendre en main pour tenter de réparer des morceaux de vies brisées. Cette espérance en un endroit meilleur est symbolique de quêtes intérieures. le paradis se trouve-t-il devant soi ou en soi ?

La narration est sobre, parfois contemplative, tout en retenue, comme un appel à la tempérance pour des ados qui, par définition, bouillonnent de vie et de stress.

L'autrice travaille surtout à nous faire entrer en empathie, sans chercher plus avant à décrire ce futur dans le détail. En usant de la manière douce pour faire passer des messages et des émotions, sur l'écologie autant que sur la place des humains. Une manière originale de secouer le lecteur, et les personnages, dans leurs certitudes.

Le roman est très court, tout comme les chapitres, 220 pages, trop à mon goût. Il y avait de la place pour encore accentuer ces ressentis, un peu frustrant. Cela n'enlève pas l'intérêt général.

Les Sentiers de Recouvrance sont une voie (voix) à suivre, Émilie Querbalec se démarque par son espérance en l'avenir et dans la génération future, à travers ce roman qui pourra parler à un large public.
Lien : https://gruznamur.com/2024/0..
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🐉Chronique🐉

À toi qui voyage en ces mers incertaines
Rejoins vite l'île de Recouvrance
Ce n'est pas parce que le monde est malade
Qu'il faut se laisser choir ou brûler
Ce n'est parce que l'esprit est ankylosé
Qu'il faut le laisser se faire submerger
Chevauche escalade marche avance
Ouvre les yeux Ouvre les yeux ouvre
Invoque l'Ange ou le dragon
Crois profondément en ta guérison

C'est quel genre d'épreuve de vivre?

2035 n'est pas à même de faire rêver
Le réchauffement climatique est une réalité
La planète souffre étouffe crame s'asphyxie
Le feu prend le dessus sur l'eau avec rage
L'air manque à la Terre et paralyse l'élan
Avance transmute transforme recommence
Ouvre les yeux ouvre les yeux ouvre
Quitte à briser le sortilège d'une dépression
Marche marche vers l'île grimpe et regarde
Invoque l'ange ou le dragon
Crois profondément en sa guérison

C'est quel genre d'effet, mourir?

À toi qui voyage en ces mers incertaines
Danse avec le vent
Rejoins l'île de la Recouvrance
Tu as beau être un.e enfant
Je sais que tu ressens l'appel du sacré
Et la réalité comporte plusieurs plans
Ne laisse pas la douleur prendre le pas
Ne laisse pas la souffrance t'écraser
Ouvre les yeux Nas ouvre les yeux Ayden
Il n'est plus temps pour le feu ni l'air
Danse avec le vent écris mille poèmes
Travaille à la terre reconstruis tes rêves
La vie est formidable la Recouvrance magique
L'ange te surveille et le dragon vous connecte
Crois en leurs capacités de guérison

C'est quel genre de texture, l'espoir?

Je dirais qu'il est aussi volatile que l'air
Aussi imprévisible que la mer ou le feu
Qu'il pousse même en terre aride
Mais qu'il faut y croire quand tu marches
Sur le post-apocalyptique et l'amer
Tout ceci n'est de toute façon pas réel
Mais le twist est intercédant
Le sacré nous ramène tous sur le même plan
La vérité doit bien exister quelque part
Entre le souvenir et l'anticipation
Ouvre les yeux comme une formule magique
Mais plus que cela ouvre ton esprit à la nature
Ouvre ton coeur au possible, aux plantes
Ouvre ton âme à l'Ange et aux dragons
Emprunte Les sentiers de Recouvrance
Ouvre les yeux bien grands, toi, lecteur.rice
Transforme ton chemin et marche vers l'île
Il se pourrait que le voyage vers un meilleur
Soit aussi résilient que celui de Nas et Ayden.
Lien : https://fairystelphique.word..
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J'ai lu de nombreux romans d'Emilie Querbalec ! L'autrice offre toujours des propositions différentes autour de la Science-Fiction, que ce soit via des inspirations asiatiques ou un voyage spatial. Avec Les sentiers de recouvrance, elle explore le post-apo, mais de façon très distinctive. Merci à Albin Michel Imaginaire pour l'envoi ! le roman sortira le 17 janvier.

Les sentiers de recouvrance suit deux protagonistes qui se lancent dans un périple à travers l'Espagne et la France. En parallèle, Anastasia et Ayden ont tous les deux des problèmes familiaux importants. Ils viennent cependant de milieux et de pays différents. Anastasia mène une vie au milieu de la nature avec un père qui s'occupe de son éducation, une vie rendue difficile par la montée des températures, jusqu'au drame. Ayden est un adolescent dans un couple séparé avec une fascination pour le feu, mal vue dans un monde ravagée par la sécheresse et les incendies. On comprend très vite le mal-être profond des deux adolescents, qui se superpose à un monde qui tombe petit à petit en lambeaux.

Le récit mêle ainsi très habilement science-fiction, thérapie et écologie. Il est compliqué de détailler cette partie sans trop de révélations sur l'histoire, mais le récit est habilement construit pour lier le passé des personnages, leur évolution, leur chemin vers la guérison, et la reconnexion à la nature et à la terre. le roman aborde ainsi de nombreux sujets difficiles sans tomber dans le misérabilisme : la culpabilité, le deuil, la solitude, le handicap, la souffrance, le suicide, le manque de repères… Mais toujours avec une empathie profonde et un sens de l'humanité très marqué. On s'attache à ces deux adolescents qui oscillent entre fragilité et résilience. Surtout que le plus solide des deux n'est pas celui que l'on pense.

Pour moi, Les sentiers de recouvrance rejoint ce que j'appellerais une forme de soft science-fiction. Plutôt que de faire la part belle à comment fonctionnent les technologies, c'est surtout le pourquoi et comment cela a un impact sur les humains. le roman est une fiction écologique qui appelle à une forme de modération, de frugalisme, pour une reconnexion au vivant, flore comme faune. Ici, la technologie est au service d'une thérapie, qui s'accompagne de tout un travail sur les souvenirs, le fait d'affronter son passé et ses traumatismes, ce qui est psychothérapeutique comme vision de la santé mentale. Emilie Querbalec s'attache également à bien décrire les personnalités de ses protagonistes, mais aussi la nature complexe de leur relation.

Son écriture brille par une poésie pudique, fluide et ciselée. J'ai beaucoup aimé la délicatesse de la plume, qui met parfaitement en valeur les thèmes abordés. Une plume qui décrit aussi très bien les tourments intérieurs des personnages, qui viennent souvent en écho avec la nature. Comme Ayden exprime sa colère réprimée à travers le feu et trouve un sens dans le fait de s'occuper des plantes. Ou qu'Anastasia trouve une guérison dans la rencontre avec des animaux. Comme si les deux personnages trouvaient une complémentarité dans la nature, mais pas de la même manière, car leur expérience et leurs blessures ne sont pas les mêmes.

Je conseille les sentiers de recouvrances pour les lecteurs à la recherche d'une SF douce et surprenante. Emilie Querbalec aborde des thèmes matures et sombres, sans tomber dans le pathos, et en parvenant à les teindre d'une certaine luminosité. Sans trop en révéler, c'est un livre qui traite avant tout de guérison. En usant dans un contexte post-apo, elle met en scène en parallèle les traumatismes que les personnages surmontent à travers la reconnexion à la nature. le tout grâce à une écriture maitrisée qui alterne entre poésie et moments plus vifs.
Lien : https://lageekosophe.com/202..
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Après le superbe voyage spatial effectué avec les Chants de Nüying, l'autrice propose ici un roman très différent voire même déroutant.
Le texte est court, tout comme les chapitres qui alternent les points de vu entre deux adolescents : Nas et Ayden.
Mieux vaut en savoir le moins possible sur l'histoire afin d'avoir le plaisir de découvrir leur voyage.

La première partie est très plaisante à lire, on tente de cerner ces deux personnages au gré de leurs pérégrinations.
La seconde, renforce ce sentiment de flou et développe certains thèmes très intéressants.

J'imaginais que le côté SF serait plus présent et/ou développé mais au final ce n'est pas le thème du roman.

Les Sentiers de Recouvrance va évoquer avec beaucoup de sensibilité la dépression, le chemin vers la guérison mais aussi le handicap, la seconde chance et l'amitié. Véritable ode à la nature sous la magnifique et poétique plume de l'autrice (même si les nombreuses descriptions dans la seconde partie avaient tendance à délier le rythme).
Le parallèle entre l'adolescence et la Terre aux prises avec les bouleversements climatiques est juste et puissant.

𝐄𝐧 𝐁𝐫𝐞𝐟 :

Texte introspectif et onirique dans lequel la nature tient une place centrale. La plume poétique de l'autrice arrive à nous immerger dans les différents lieux traversés.
Roman thérapeutique pour qui cherche l'espoir dans un futur incertain.
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Les sentiers de Recouvrance est le troisième roman d'Émilie Querbalec publié par Albin Michel Imaginaire après Quitter les monts d'automne et Les chants de Nüying . Il est assez différent de ses précédents ouvrages, la part d'imaginaire étant plus restreinte, et le livre s'apparente plus à de l'anticipation.

Nous sommes en Europe dans quelques années, une dizaine pour être précise. le réchauffement climatique continue de marquer son empreinte sur notre planète. Les incendies sont de plus en plus nombreux, la montée des eaux un phénomène bien réel, des territoires entiers se désertifient. le monde n'est pas un lieu d'espoir, encore moins pour des jeunes gens qui se cherchent. Comme Anastasia qui a grandi dans une région d'Espagne très affaiblie par les conséquences du réchauffement climatique, ou encore Ayden, adolescent en souffrance familiale. Chacun décide de partir, de quitter l'endroit où il vit pour aller vers l'île de la Recouvrance en Bretagne.

Le roman est divisé en deux parties bien distinctes. La première ressemble à un road-movie retraçant les parcours de Anastasia et Ayden pour se rendre en Bretagne. Les descriptions de la nature sont nombreuses, l'autrice montrant les transformations des paysages sous l'effet du réchauffement. Une nature toujours belle, mais aussi cause de beaucoup de stress, de désarroi, où l'eau douce devient une denrée très rare. Émilie Querbalec arrive à immerger son lecteur dans ce monde si proche de nous. On suit le parcours de ces deux être en quête d'avenir avec intérêt et sensibilité.

Puis, au bout d'une centaine de pages, le récit bascule et prend une autre tournure de manière assez inattendue. Les deux personnages principaux sont toujours au centre de l'histoire, mais le récit gagne une petite touche plus science-fictive. le twist donne une manière différente de voir les événements du début du roman ainsi que les personnages. L'histoire aborde de nombreuses thématiques, comme l'écologie, la psychothérapie, les choix de vie dans un monde en plein bouleversement.

Les sentiers de Recouvrance est ainsi un roman à contre-courant, qui fait le choix de dépeindre un avenir proche sombre et réaliste tout en insufflant un message positif et optimiste. A ce titre, c'est un roman rare, à lire par le plus grand nombre pour essayer de garder un peu d'espoir.
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Un nouveau Emilie Querbalec, la question ne se posait pas, il me fallait absolument le découvrir. Après deux autres textes que j'avais trouvé merveilleux et où sa plume et son imaginaire m'avaient emportée, je ne pouvais pas résister à ce nouveau roman de la collection Imaginaire d'Albin Michel. Et puis regardez-moi cette couverture signée Aurélien Police

Émilie Querbalec, c'est une sensibilité qui me parle depuis son premier roman chez AMI : Quitter les monts d'automne, et une sensibilité que j'aime retrouver dans chacun de ses romans pourtant très différents. D'ailleurs après deux voyages dans l'espace, elle repose les pieds sur Terre avec Les sentiers de recouvrance et offre un récit de SF radicalement différent où le décor futuriste bien que présent a une importance assez mince au final face aux enjeux plus intimes et psychologiques qu'elle développe. J'ai encore été charmée.

Dès les premières pages, j'ai aimé retrouver sa plume douce et poétique, tellement belle et riche, malgré des phrases et chapitres forts courts. Elle est l'exemple parfait que la beauté n'est pas que dans les phrases à rallonge et qu'il existe une grande puissance dans les styles courts et incisifs qui ont leur propre musique. Je venais de sortir de la lecture un peu passe partout de Qui après nous vivrez d'Hervé le Corre où on retrouve tout comme chez elle une Terre qui va mal et des personnages dont on suit les cheminements sur les routes, mais la différence de style m'a frappée. Là où Hervé le Corre joue sur un contenu très attendu de post-apo violent et oppressant, Emilie Querbalec propose un titre bien plus fin, plus surprenant, plus profond et intime qui happe et marque.

Comme à chaque fois avec elle, c'est un récit plein de surprises qu'elle nous conte, des surprises que je ne compte pas vous dévoiler tant ils font partie de l'expérience. Je resterai donc le plus vague possible pour ne pas trop en dévoiler… Avertissement pris, allons-y.

Les sentiers de recouvrance porte merveilleusement bien son nom. Ce roman nous entraîne dans le sillage de deux adolescents qui ne vont pas bien et qui fuient un peu leurs problèmes en partant sur les routes. Dans une ambiance assez étrange pleine d'éco-anxiété, nous suivons en parallèle les cheminements de Nas (Anastasia) qui part de l'Espace et fuit sa mère qui sombre après la mort accidentelle de son père ; et Ayden qui lui ne résiste plus à la pression et a des tendances de pyromanes à soigner. Chacun fait une drôle de rencontre en chemin, qui va l'émerveiller et le pousser à avancer mais aussi l'intriguer et le lecteur ne se demande qu'une chose : quand est-ce que leur chemin va se croiser et sous quelle forme ?

Je dois avouer que je me suis totalement laissée prendre au jeu du récit. J'ai été touchée par les deux héros, leurs parcours, leurs peurs et anxiétés. J'ai beaucoup aimé le fin travail psychologique de l'autrice sur les enjeux qui les habitent et j'y ai trouvé une grande sincérité. J'ai surtout aimé qu'elle ne tombe pas dans le cliché de ces héros qui se sauvent l'un l'autre mais qu'elle ait une autre démarche plus profonde, plus intime, pour évoquer leurs angoisses et souvent les nôtres. le décor de science-fiction ne fut donc pas pour moi l'élément majeur de cette lecture mais plutôt un accompagnement pour planter le décor et développer ensuite ces nouvelles angoisses liées quand même un peu beaucoup au contexte de l'évolution de notre planète. C'était assez nouveau pour moi de ressentir à ce point les inquiétudes des jeunes vis-à-vis de l'évolution de la planète, de voir une autrice mettre des mots et des images sur la peur qui les gagnent de voir les paysages drastiquement changer et l'angoisse que cela peut susciter qui devient une créature mythique effrayante à leurs yeux. Chapeau !

Cette matérialité des peurs et angoisses, je l'ai retrouvée également dans son pendant : le soin, car Emilie Querbalec ne fait pas les choses à moitié. Sa plume est aussi évocatrice pour parler des peurs de ses personnages que pour évoquer leurs longs chemins vers la recouvrance. Avec beaucoup d'humanité, de doigté et de finesse, elle évoque la peur du handicap, la peur du regard des autres, la peur d'un nouvel échec, la peur d'une société non adaptée, etc. Elle n'hésite pas à mettre des mots et des images à nouveaux sur ces situations très intimes à l'aide de situations simples mais fort évocatrices qui parleront à tous et surtout à ceux qui ont côtoyé même de loin le handicap sous quelque forme que ce soit. Ce fut donc bouleversant de lire les parcours de vie de Nas et Ayden, et si j'ai eu une petite préférence pour ce dernier dans un premier temps, Nas l'a totalement rattrapé ensuite grâce à un superbe focus sur elle. le choix de l'autrice d'évoquer à travers leurs soins leur choix de futur et leur recherche d'un futur, simplement, fut éclairant. Je suis totalement tombée sous le charme de leur parcours à chacun, de cette façon de décrire les rencontres d'une vie, les croisements, les embranchements et les carrefours. C'était lumineux comme la lumière au bout du chemin de nos héros en couverture.

Quand j'ai plongé dans l'aventure de ce nouveau roman signé Emilie Querbalec, je savais que la plume allait me plaire. Je ne m'attendais cependant pas à vivre un tel voyage dans l'intime et à ressentir de telles émotions autour des questions du soin et de la recouvrance. L'autrice m'a à nouveau surprise, charmée et bouleversée en prime, grâce à une plume belle, riche, poétique, mais surtout humaine et juste. C'est fou tout ce que l'imaginaire permet et que je n'aurais pas osé découvrir sans lui.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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Le roman est très différent des précédents de l'autrice. La première partie est une sorte de roadmovie à l'écrit. On suit deux jeunes personnages qui quittent leur vie actuelle et prennent la route. Ils espèrent rejoindre une destination plus ou moins fantasmée, pas très nette dans leur esprit. L'important est de partir. L'une est en Espagne, l'autre en France. Mais où qu'ils soient, le soleil cogne et la chaleur est écrasante. Notre futur immédiat est dans ces pages.

Malgré la sécheresse qui râpe, la prose est d'une fluidité incroyable. Elle rend le texte et ce monde légèrement anticipé très aériens. Comme pour évoquer quelque chose qui n'existe déjà plus. Un monde d'hier, fini. L'alternance des chapitres (eux aussi très courts) et des deux personnages apporte la dynamique propre à la marche. Un pied devant l'autre. J'aime énormément les descriptions, en quelques mots, des lieux. Ce sont surtout des sensations. Des brindilles qui craquent, un silence de plomb, des impressions… qui confrontent le passé et le présent de ces bourgades traversées. Cela rend le texte assez vivant, contrairement aux personnages. Ceux-ci sont hantés par la perte et ces endroits parcourus, vides. Comme déjà abandonnés.

Et évidemment, l'autrice nous offre, au milieu du roman, une rupture comme elle en a l'habitude. Je m'y attendais, mais je suis restée surprise malgré tout. Parce que je ne m'attendais pas à cela. Non seulement c'est une rupture de rythme et de vision, mais en plus l'autrice brouille les pistes. Qu'est-on en train de lire ? Un rêve ? Une autre réalité ? Est-on côté SF ou plutôt fantastique ? La suite vous le dira. Cette 2e partie s'engage davantage dans quelque chose de philosophique, tout en faisant la part belle à la nature, la botanique, des savoirs ancestraux. J'aurais aimé davantage de développements sur les techniques mentionnées. Mais ce n'est pas l'angle choisi ici, et c'est cohérent avec le récit et la trajectoire des personnages. On est davantage dans un texte contemplatif, réflexif, lent et tourné vers soi, le rapport que l'on a avec les autres et notre environnement le plus direct.

Récit de vie, de deux cheminements dans un monde qui change brutalement. Y sont évoquées la solastalgie (un terme qui m'était inconnu encore récemment, que j'ai découvert grâce à l'un de vous) et la manière dont bâtir quelque chose de stable, qui a du sens, dans ce monde en voie de destruction. J'ai surtout apprécié le ton, optimiste sans être bisounours ni idéaliste. Pour les personnes qui redoutent les textes d'anticipation et sont sujets à l'éco-anxiété, je pense que c'est un texte qui pourrait convenir, justement par l'angle choisi et le discours du roman.
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J'ai passé mes dernières heures de l'année 2023 et les premières de 2024, sur Les sentiers de Recouvrance

Europe, 2034.

Anastasia quitte avec son carnet de poème, une Espagne affaiblie par les conséquences du réchauffement climatique

Ayden part du Sud de la France, avec une flamme, il est attiré par les schémas de destruction, par le feu, les cendres.

Tous les deux sont issus de familles qui ont explosé en plein vol.

Ce sont deux adolescents en souffrance, qui doivent apprendre à aligner le coeur et la tête, ils ont connu des traumatismes importants.

Ils décident chacun de partir, d'avancer pour se construire ou se déconstruire, achever quelque chose pour peut-être faire naître en eux quelque chose de nouveau ?

Dans leur quête, leur marche, ils font des rencontres et communient avec la nature. Ils avancent chacun de leur côté vers l'île de la Recouvrance en Bretagne.

Puis le récit bascule, devient tout autre, se métamorphose et le lecteur découvre les personnages et les lieux sous le prisme de la SF, du fantastique, mêlé à la croyance, à la psychologie, l'herbe de dragon et ses effets thérapeutiques.

L'imagination d'Émilie Querbalec est encore une fois débordante, elles emmènent ses personnages dans une réalité alternative, qui leur fait revivre de manières différentes à chaque fois leurs expériences traumatiques qui font partie du processus de guérison. C'est une histoire singulière, de part sa narration, le basculement entre la réalité, la fiction, cette si mince frontière si délicate entre les deux qu'à formée Emilie. 

Son écriture ne m'a pas laissée de marbre une fois de plus, elle est poétique et l'apport de quelques précisions techniques ne l'alourdit pas. On ressort différent après avoir lu ce texte.

Le message est positif, nous avons le choix, le choix de la liberté, le choix de changer le cours des choses, certes il y a des obstacles.

L'histoire s'arrête en 2046 sur une note pleine d'optimisme. 

Je vous laisse avec cet extrait qui m'a donné des frissons, le passage où Ayden contemple la pluie :

“Isolé dans son coin au fond de la classe, Ayden consacrait désormais des heures à contempler la pluie. Quand il s'ennuyait trop, il s'occupait en comptant une à une les gouttes d'eau, ou en extrapolant leur nombre global à partir d'une surface réduite de la vitre. Il pouvait s'enfoncer sans fin dans leur observation : chaque goutte contenait un univers en soi, tel un prisme miniature qui aurait condensé la totalité du monde dans son coeur limpide. Mais ce n'était qu'une illusion. Les gouttes se ressemblaient toutes, et elles n'avaient rien, absolument rien à raconter. Toutes finissaient par grossir jusqu'à leur point de rupture, variable selon leur taille et la force ou l'angle avec lesquels elles frappaient la surface de la vitre.”


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J'ai lu Les sentiers de Recouvrance, le dernier roman de Emilie Querbalec, sorti le 17 janvier dernier chez Albin Michel Imaginaire que je remercie pour l'envoi. de cette autrice, je n'ai lu pour le moment que Les chants de Nüying que j'avais beaucoup aimé et qui m'avait permis d'apprécier sa superbe plume !

En 2035, nous rencontrons Anastasia et Ayden. Ils ne se connaissent pas, mais leurs chemins seront amenés à se croiser. Anastasia a grandi dans une Espagne qui subit de plein fouet les conséquences du réchauffement climatique. Après la mort accidentelle de son père, elle assiste, impuissante, au naufrage de sa mère. Ayden, lui, a appris à ses dépens qu'à trop jouer avec le feu on se brûle. Laissant derrière eux leurs existences brisées, chacun prend en solitaire la route de la Bretagne pour l'île de la Recouvrance où les attend l'espoir d'une vie meilleure.

La première partie de ce roman est assez déstabilisante. Nous suivons le point de vue alterné de ses deux adolescents, avec leurs questionnements, leurs angoisses et vivent parfois des choses étranges et inexplicables… jusqu'à ce qu'on ne parviennent plus du tout à savoir où l'autrice veut nous emmener.

Et puis la deuxième partie arrive, tout s'éclaire et l'intrigue prend un tout autre tournant, avec des thématiques fortes (dépression, deuil, handicap, reconstruction). Ces sujets poignants sont abordés avec justesse et sensibilité, servis par la plume toujours aussi douce et belle de Emilie Querbalec.

J'ai ressenti quelques petites longueurs dans certaines descriptions mais je sais désormais beaucoup de choses sur comment planter un arbre.

Je dois avouer toutefois qu'il m'a manqué un peu de SF dans ce roman. Les conséquences du dérèglement climatique et certaines solutions mises en place sont certes présentes mais il m'a manqué une vision globale, plus planétaire… mais ça n'était finalement pas l'objet de ce récit.

J'ai néanmoins beaucoup aimé cette lecture touchante, humaine et traitant avec justesse des thématiques d'actualité très intéressantes.
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« Ce livre est bancal », ai-je pensé en le reposant, incertaine de mes sentiments à son égard. Ce dont je suis sûre, c'est qu'il est magnifiquement bien écrit, dans un style très sensoriel, que j'affectionne tout particulièrement.

C'est sa construction qui me laisse perplexe. Il y a d'abord cette très belle première partie, triste et fiévreuse comme un été, un peu comme si Françoise Sagan rencontrait Colette et Léa Silhol.
Et puis, un retournement de situation, brutal. Je me suis senti flouée. Et tout compte fait, cette impression demeure. Ce n'est pas du tout incohérent, au contraire, des tas d'indices laissés ici ou là légitiment cette nouvelle histoire. Mais ce n'est pas ce que je m'attendais à lire, ni ce dont j'avais envie.

Cette seconde partie, plus brève, parle aussi de guérison, mais pas comme je l'espérais. Fini, le road-trip, les émotions balayées par le vent, le corps confronté à la terre. L'environnement est plus resserré, intimiste. Je n'avais pas envie de lire l'histoire de Nas, pour des raisons très personnelles.

Et voilà que le récit fait une ellipse : paf, dix ans après ! Oui, c'est bancal, le rythme est heurté, ça frictionne dans les engrenages.

Reste que les mots, dans le rapport qu'ils tissent entre soi et le monde, m'ont touchée. J'ai l'impression d'être, à l'intérieur, toujours emplie de la lumière sèche de l'Espagne, de me souvenir du fracas de l'océan, des pluies diluviennes qui masquent le ciel et des roses rabougries.

Ce n'était pas l'histoire que j'attendais. En revanche, c'étaient des mots qui déverrouillent, qui se faufilent à l'intérieur et viennent y remuer quelque chose d'intime et universel à la fois. Des mots qui relient et donnent du sens. Et c'est ça qui fait un livre qu'on portera en soi.
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