AHASVÉRUS
J’avais cru, d’abord, trouver quelque consolation
en m’adonnant à la poésie.
MOB
Bravo ! c’est l’art que j’aurais voulu cultiver si on m’eut laissé libre.
Darder en plein soleil des paroles huppées ;
habiller de phrases une ombre, un squelette,
moins que cela, un rien ;
le coiffer de rimes, le chausser d’adverbes,
le panacher d’adjectifs, le farder de virgules :
quelle faculté dans l’homme monsieur;
et songer que tout lui obéit, premièrement, ce qui n’est pas !
Se plonger dans l’océan transparent des choses pour y pêcher le ciel,
et rapporter au rivage une douzaine de mots polis, luisants, ruisselants.
Ah ! voilà de ces vies d’émotion dont je serai éternellement jalouse.