AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,49

sur 59 notes
5
3 avis
4
11 avis
3
8 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes dans les années quatre-vingts en Colombie, dans la métropole de Cali située au pied de la cordillère occidentale du pays. Claudia, huit ans, grandit entre un père vampirisé par son travail de directeur de supermarché, et une mère dont, malgré tous ses efforts, elle n'obtient guère qu'une attention froide et distraite. Beaucoup plus jeune que son époux, cette jolie femme, issue d'une famille bourgeoise qui lui a refusé des études universitaires au nom de ce seul destin digne d'une jeune fille respectable qu'est le mariage, ne trouve un dérivatif à son ennui de mère au foyer que dans les pages de la presse du coeur. Jusqu'au jour où elle amorce une liaison, vite découverte, avec son jeune beau-frère. Tremblante, Claudia assiste à la colère de son père, puis à la dépression de sa mère, alors que le couple menace d'exploser. Pour sortir son épouse de son apathie, le père l'installe avec sa fille pour un séjour de repos dans une finca, au calme dans la montagne.


A partir d'une histoire extrêmement banale, mais racontée à hauteur d'enfant, Pilar Quintana réussit à nous happer dans une narration pleine de tensions et de menaces, menée par une fillette solitaire qui n'a que sa poupée préférée à qui confier ses peurs, mais aussi à protéger, comme bientôt sa mère, d'un environnement familial qui ne joue plus son rôle de cocon protecteur. Déstabilisée par les morts mystérieuses, accidents ou suicides, qui frappent par deux fois son entourage, l'enfant, témoin du mal-être maternel qu'elle absorbe comme une éponge, ne voit bientôt plus autour d'elle que dangers et motifs d'angoisse. Et tandis qu'avec inquiétude, elle observe sa mère s'étourdir de chimères, se lancer dans des initiatives toutes vouées à l'échec, pour finalement se replier dans l'inaccessible refuge de l'alcool et de la dépression, ses cauchemars semblent prendre de plus en plus forme dans la réalité, quand la colère transforme son père en un inconnu aux allures de monstre, quand leur maison pleine de plantes que l'on croirait toutes incontrôlablement volubiles devient une jungle étouffante, et quand autour de la finca, entre brouillards d'altitude, faune venimeuse et récits peuplés de fantômes, se creusent de vertigineux à-pics aux parapets absents ou défaillants.


C'est ainsi que, sous l'apparente simplicité de faits ordinaires, se dévoilent peu à peu, pour cette petite fille douloureusement et trop tôt arrachée à l'enfance, les sombres gouffres sur lesquels l'existence avance à pas de funambule, dans un fragile équilibre qu'elle réalise prêt à rompre à tout instant. Un récit aussi sobre que subtil, comme seuls savent en produire les auteurs de talent.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          828
Pilar Quintana, auteure colombienne, m'avait beaucoup séduite avec son premier livre « La chienne ». Cette auteure semble, dans ces deux livres traduits en français, se focaliser sur l'amour maternel, du moins un amour maternel maladroit empêché par les failles passées.

Dans La chienne, en effet, elle y explorait, de façon atypique et féroce, le désir maternel et comment celui-ci pouvait être influencé par l'ensemble des failles de l'enfance. Au fin fond de la jungle colombienne, une femme ne parvenant pas à avoir d'enfant avec son mari et se rapprochant dangereusement de la quarantaine, reporte ce désir sur un chiot qui, une fois devenu chienne, va provoquer chez elle une forme de jalousie révélant ses abîmes intimes. Son manque de patience, son instabilité, sa frustration vont la ramener au drame vécu alors qu'elle était enfant. Réussir à se mettre dans la peau d'une mère grâce à cette chienne, c'est pour cette femme le déclic permettant de faire remonter à la surface son impossibilité maternelle et sa culpabilité liée au traumatisme passé.

D'amour maternel il est encore question dans ce second livre. Sauf que cette fois, il y a bien une enfant. Une petite Claudia dont la mère, qui se prénomme Claudia également, lui accorde peu d'attention et de temps et surtout est à l'origine de la destruction de la cellule familiale. Une histoire d'adultère vue à hauteur d'enfant qui peu à peu vire au cauchemar. A 8 ans, la fillette était jusque-là convaincue que « les mamans avaient des enfants parce qu'elles le désiraient ». La vie quotidienne, dans laquelle les adultes l'exposent sans trop faire attention à elle – ce qui nous amène à penser qu'elle-même désormais porte et portera des failles inhérente à son identité et certainement des failles problématiques lorsque, à son tour, elle deviendra mère- , comme si elle n'existait pas vraiment, va se charger de lui montrer que la réalité est plus complexe et plus cruelle. Seule avec sa poupée, la fillette, entre angoisse et résignation dans ce cocon familial qui ne joue pas son rôle de cocon protecteur, va tenter de mener son propre chemin dans cette jungle inextricable qu'est le monde des adultes.

Claudia est la fille unique d'un directeur de supermarché et d'une femme au foyer, femme d'une grande beauté qui trompe l'ennui en s'occupant des innombrables plantes vertes de l'appartement (à qui elle consacre plus de temps qu'à sa propre fille), en lisant des magazines people, et en accomplissant ses plus strictes obligations de mère. Quelques sorties dominicales avec son père rompt la vie morne de la fillette. Lorsque la mère trompe son mari avec Gonzalo, le jeune mari de sa belle-soeur, ce fragile équilibre familial vole en éclat. La petite fille est la témoin omnisciente de cette passion et assiste, impuissante et désarmée, à la découverte de la tromperie par son père et sa tante, à la colère du père, à la dépression de la mère désormais privée de son amant. Il est intéressant de voir comment la dépression d'un parent impacte avec violence une enfant.
La personnalité de la mère s'éclaire certes peu à peu. Nous comprenons que sa propre mère lui avait accordé peu d'amour, qu'un profond amour de jeunesse n'avait pu aboutir suite à l'interdiction paternelle dans cette société où un homme déjà marié auparavant n'est pas un bon parti…Autant de failles qui peuvent expliquer l'attitude distante et froide, voire la cruauté, de cette mère avec sa propre fille.

« Les douleurs avaient commencé au déjeuner. C'était la chose la plus horrible qu'elle avait jamais ressentie. Mon père l'avait emmenée à la clinique et là, elle avait souffert toute l'après-midi, toute la nuit, toute la matinée du jour suivant, encore toute une après-midi, avec l'impression qu'elle allait mourir, et encore une nuit complète jusqu'au petit matin.
— Elle est sortie violette. Horrible. Ils me l'ont mise sur la poitrine et moi, tremblante et en pleurs, j'ai pensé : Tous ces efforts pour ça ?
Ma mère a éclaté de rire si fort qu'on a vu son palais, profond et gondolé, comme le torse d'une personne mal nourrie.
— le bébé le plus laid de la clinique, a dit mon père »

Comme dans La chienne, Pilar Quintana adopte une écriture certes très simple à première vue mais qui sait, avec subtilité, faire basculer une histoire de prime abord banale dans le cauchemar.
Cauchemar provenant des questions terrifiantes qui hantent la petite fille la plongeant dans une intranquillité permanente…Son père, derrière un abord gentil et des manières affables, n'est-il pas capable du pire ? Où est Gonzalo désormais ? Sa mère est-elle capable de se suicider comme Grace Kelly dont les journaux de sa mère ont tant parlé ou encore comme Rébéca ? Claudia ne risque-t-elle pas de perdre l'un ou l'autre de ses parents ?

Une partie du livre se déroule en pleine montagne, vacances pour la petite famille censée être salvatrices. Elle montre comment la cellule familiale tente de se reconstruire, entourée d'abîmes, désormais extérieurs, enveloppants, donnant le sentiment que chaque personne est une figurine en carton, quelques points dans l'immensité, relativisant ces petites histoires de tromperie au sein de la nature majestueuse, nature dans laquelle la petite Claudia retrouve les jeux et l'innocence de l'enfance avant de se faire rattraper une nouvelle fois par le vertige des abîmes de ses parents sur lesquels la petite fille avance en équilibre instable…

« Alors l'abîme, puisqu'il n'arrivait pas à ce que je me jette dedans et qu'il ne pouvait pas me dévorer, entrait par mes yeux, une chose délicieuse et horrible, une petite boule bondissante dans mon ventre et une nausée dégoutante et pestilentielle, jusqu'à ce qu'il soit enterré bien profondément en moi ».


Creusant les abîmes passées qui eux-mêmes engendrent des abimes entre les membres d'une même famille, transmission intergénérationnelle, Pilar Quintana tisse, telle une araignée en pleine jungle, sans pathos, une histoire subtile qui plonge, de façon contemplative et lente, et non au moyen de rebondissements et d'intensité il faut tout de même le souligner, dans les traumas de l'enfance pour mieux les conjurer. Une histoire plaisante au thème délicat qui manque cependant d'un peu de profondeur pour être réellement marquante.

Commenter  J’apprécie          8019
Claudia, qui porte le même prénom que sa mère, adore cette dernière bien qu'elle se montre très distante. Sa fille comprend très vite qu'elle n'a pas été désirée. le mari, plus âgé, est directeur d'un supermarché. Il est aussi très jaloux de sa jeune et jolie épouse, surtout lorsqu'elle s'éprend du mari gigolo de la tante Amalia.
La romance tourne court et la mère de Claudia retourne à sa vie futile et ses magazines féminins, vivant la vie des vedettes de cinéma par procuration et s'enfonçant dans la dépression.
Seule enfant du couple, la petite Claudia pose un regard sans tabous sur les grands et raconte avec la franchise de l'enfance cette vie qui rend les adultes tristes et malheureux. Elle cherche à pénétrer ce monde compliqué des adultes en leur posant des tas de questions. Mais sa mère s'enfonce de plus en plus dans une léthargie qui l'éloigne de sa fille.

« Ma mère a commencé à rester au lit du matin au soir. Toute la journée en pyjama et sans se pomponner. La boite de Kleenex à côté d'elle. le nez et les yeux irrités. Les rideaux fermés. Parfois sans magazine, sans lire ni rien faire, enroulée en boule comme un chat. »

L'angoisse monte lorsque la famille s'installe pour les vacances dans une finca de la montagne pour soigner les allergies maternelles. L'environnement est sauvage, le brouillard fréquent et là, au bord du précipice, la fillette craint pour sa mère dont la dépression et l'alcoolisme s'aggravent. Elle est seule à porter ses angoisses et à ressasser la mort tragique des femmes qui gravitent autour de sa mère.
La nature, étouffante, menaçante, joue un rôle important dans l'histoire en accentuant ce malaise.
« A cet endroit, le canyon était étroit et, en bas, la rivière dans laquelle se jetaient tous les ruisseaux et les cours d'eau de la montagne, était couvert de végétation, une jungle indomptée.
J'ai pensé aux femmes mortes. Se pencher au bord du précipice était comme plonger dans leurs yeux. »

Ce récit raconté avec franchise et maturité par une gamine confrontée au monde des adultes s'avère lourd de menaces. Témoin du mal-être de sa mère, Claudia va devoir trouver son équilibre dans cette mise à distance, n'ayant que sa poupée pour vaincre ses peurs.
Dans un style sobre, l'auteure réussit à tisser un récit oppressant plein de non-dits et qui nous embarque.

Je remercie J'ai lu et Lecteur.com pour cette belle découverte.
Commenter  J’apprécie          730
La couverture colorée, particulièrement attirante m'a fait choisir ce roman comme première lecture de l'année.

J'ai fait la connaissance de Claudia, fillette intelligent et éveillée qui vit en Colombie avec ses parents dans une maison très moderne, entourée de fleurs et plantes envahissantes, le transformant en véritable jungle.
Claudia vit avec sa mère qui porte le même prénom qu'elle. La fillette n'a de cesse d'attirer son attention, en vain. Uniquement préoccupé de sa précieuse personne, elle passe ses journées à feuilleter des magazines et à s'occuper de ses plantes.
Le père, directeur de supermarché est rarement à la maison et ne semble pas concerné par les problèmes domestiques bien qu'il adore sa fille.
Claudia s'ennuie, alors elle observe, elle écoute, elle se fait son opinion sur des sujets qui ne sont pas de son âge.
A 8 ans, elle a des idées précises sur la mort et les destins tragiques qu'elle découvre sur le papier glacé des magazines people qui accrochent son regard. La mort de la princesse de Monaco et de Nathalie Wood lui cause une peine infinie.
Lorsque maman Claudia s'enfonce dans la dépression après le départ soudain de son amant, la fillette se retrouve encore plus seule.
Paulina, sa poupée, est témoin de ses observations, de ses questionnements, de ses peurs. Elle lui raconte tout comme à la meilleure amie qu'elle aurait aimé avoir.

Bon, j'arrête, je ne voudrais pas vous faire pleurer sur cette histoire qui n'est pas vraiment triste.
Nous observons une fillette adorable, courageuse, curieuse, intelligente.
J'ai aimé la suivre dans ses promenades
L'auteure donne une grande place à mille petites choses qui mises bout à bout font le quotidien de l'enfant et meublent sa solitude.

« J'observais les fourmis qui rampaient sur les troncs et les oiseaux qui se perchaient sur les branches. Je cherchais des nids. Je poursuivais les sauterelles et les papillons. Je chassais les grenouilles qui vivaient sur mes plantes, sous les feuilles, je les gardais un moment prisonnières puis je les relâchais. »

J'ai aimé cette histoire douce-amère, servie par une écriture poétique et précise.
L'auteure donne une foultitude de détails sur les lieux, les maisons, les paysages, les conditions météo.
Ces personnages sont minutieusement décrits
Ce livre ravira les amateurs de lectures contemplatives.

J'ai passé un excellent moment avec Claudia, même si la fin m'a semblé un peu trop abrupte.

Merci à NetGalley et aux Editions Calman-Levy
#Nosabîmes #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          350
Derrière cette très belle couverture colorée évoquant la jungle, se cachent l'exubérance et la naïveté de l'enfance mais aussi l'angoisse des non-dits, les "abîmes" de ces femmes cantonnées dans une vie qui ne leur va plus...
La jungle, la forêt équatoriale, est un lieu de réconfort pour les deux Claudia de cette maison. Pour la mère, c'est la passion des plantes, une occupation dans cette vie un peu désoeuvrée et pour la fille une source d'émerveillement et d'exploration, parfois source d'angoisses.
Résumé :
Claudia, une enfant de 8 ans, vit à Cali, en Colombie, aux côtés de sa très jolie mère, dite Tocaya car elle porte le même prénom qu'elle. Son père, plus âgé, est propriétaire d'un supermarché, il n'est pas souvent présent à la maison. Pour passer le temps, Claudia contemple la "jungle" de sa mère, elle feuillette des magazines people à ses côtés. Elle admire sa mère, une femme au foyer un peu désoeuvrée mais souffre de la distance affective que celle-ci lui impose. Sa vie change quand sa tante leur présente son mari, Gonzalo car très vite elle est témoin d'une idylle entre sa mère et lui...jusqu'au moment où son père découvre qu'elle le trompe. Cris, pleurs puis silence dans la maison deviennent quotidiens et bientôt Claudia est témoin de la dépression de sa mère. Heureusement, sa poupée Paulina la console et atténue sa solitude. Mais après un séjour prolongé dans la montagne, sensé remettre sa mère en forme, la jeune fille devient plus inquiète et pressent les drames vécus par toutes les femmes de sa famille.

"Mon père dans le bureau. Ma mère dans le noir au lit. La jungle palpitante à l'étage du dessous. L'escalier comme un abîme qui semblait soudainement plus profond que les dix-huit étages de l'appartement de Gloria-Inès. Moi, toujours avec Paulina pour ne pas me sentir si seule, à table, dans le bureau, dans la chambre de ma mère et dans la mienne"

La vie de cette famille nous est présentée à travers le prisme de cette fillette de 8 ans, elle nous offre un regard naïf sur la vie des adultes et l'on y devine leurs "abîmes" ...jusqu'au moment où elle-même semble touchée par la détresse des femmes qui l'entourent. L'enfant qu'elle était a déjà disparu...
"J'ai pensé aux femmes mortes. Se pencher au bord d'un précipice était comme plonger dans leurs yeux."

J'aurais dû lire ce texte d'une traite pour en goûter toute la saveur. J'ai aimé le style et la distance imposée par le regard de l'enfant mais j'ai trouvé ce livre un peu lent.
Merci à Netgalley et aux éditions Calmann Levy.
#Nosabîmes #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          100
Claudia a huit ans et vit avec ses parents à Cali, en Colombie. C'est une petite fille intelligente et sensible qui recherche l'amour de sa mère. Celle-ci, Claudia aussi, se rêvait un destin glamour et chic digne des stars de cinéma et se retrouve avec un mari plus âgé qu'elle, pas très beau, propriétaire d'un supermarché. Elle vit à travers les magazines les vies de celles qui la font fantasmer, délaissant la petite Claudia. Un beau jour, sa belle-soeur annonce qu'elle s'est mariée. Débute alors une liaison entre Claudia et le jeune et séduisant Gonzalo. Mais ils sont vite découverts et la petite Claudia assiste au conflit qui va opposer ses parents et aux menaces de séparations qui font vaciller son monde d'enfant.

L'histoire est ici contée à hauteur d'enfant. Si la petite Claudia est vive et très éveillée, bien des secrets des adultes lui échappent. Dotée d'une grande imagination, elle peuple sa solitude d'histoires inventées, de conversations avec sa poupée Paulina et des rares moments que sa mère lui consacre. Elle est surtout pleine de questionnements devant la mort. Celles des stars de cinéma qui surviennent parfois dans des conditions étranges (nous sommes dans les années 80 alors que disparaissent Nathalie Wood et Grace Kelly) mais aussi celles qui surviennent dans sa propre famille. Ses grands-parents, une cousine de sa mère qui s'est suicidée, une amie de ses parents portée disparue. Toute cela alimente chez la petite fille un sentiment d'angoisse et d'insécurité ainsi que la peur de perdre ses parents, d'autant que sa mère sombre dans une véritable dépression à la suite de son aventure avec Gonzalo.

On pourrait imaginer que ce livre est très sombre compte-tenu de son sujet. Mais pas complètement. Il souffle chez cette petite fille un véritable esprit combatif et elle possède encore, au milieu de sa gravité, la fraîcheur de ses huit ans qui lui permet de s'émerveiller de plein de petites choses. Ses remarques à la fois pleines de naïveté et de justesse sur la vie des adultes amènent souvent le sourire sur les lèvres du lecteur.

Comme pour son précédent roman, La Chienne, Pilar Quintana réserve une place centrale aux paysages, à l'atmosphère du pays, à la végétation. On étouffe de chaleur avec les personnages, on se perd dans le brouillard, on redécouvre le plaisir des espaces et ce sentiment de liberté. Les paysages semblent ainsi épouser les angoisses, les attentes ou les espoirs des personnages.

Ce nouveau roman de Pilar Quintana est encore une fois chargé de poésie et d'émotions. Décidément une belle plume à suivre.
Commenter  J’apprécie          40
"Avant la dispute de mes parents, la dispute de ma mère et de ma tante, avant que Gonzalo n'arrive dans la famille, j'avais des certitudes. Les mamans avaient des enfants parce qu'elles le désiraient."

Je n'avais encore jamais lu de roman de cette auteure et je dois dire que c'est une plume qui m'a beaucoup touchée.

A travers les yeux de Claudia, 8 ans, on découvre l'histoire de sa mère qui rêvait d'une autre vie. Elle grandit auprès d'une maman absente, qui vit entourée de ses plantes et de ses magazines qu'elle feuillette à longueur de journées.

Une mère qui parait dépressive mais qui a des périodes de haut et de bas ce qui permet de rendre cette lecture attractive. Ses périodes sombres nous la montrent au bord de l'abîme et le sentiment de peur que ressent Claudia est très touchant. On vit avec elle ses tourments.

C'est une enfant qui est trop mûre pour son âge, désarmée par le comportement de sa maman et qui a compris très vite que sa vie et surtout celle de sa mère pourrait chavirer d'un instant à l'autre.

L'auteure ne nous ménage pas à travers les mots prononcés par la maman et c'est terriblement choquant d'imaginer les répercussions pour une enfant de cet âge qui découvre la tristesse de sa mère. Est-ce crédible ? Je ne sais pas mais moi j'y ai cru.

Et c'est un roman que je vous recommande vraiment. Une plume légère et poétique pour un sujet déchirant.
Commenter  J’apprécie          40
1983, Colombie. Claudia, âgée de huit ans, admire sa maman. Cette dernière est une femme un peu perdue, qui rêve d'une autre vie. Elle n'a pas voulu reproduire les erreurs de sa propre mère, qui a exprimé ouvertement son regret d'avoir eu sa fille, aussi, elle est toujours à la maison, quand la sienne rentre de l'école. Malgré tout, elle ne sait pas montrer son amour maternel. Beaucoup plus jeune que son époux, elle rêve du destin qu'elle aurait pu avoir. Ses magazines glamour sont ses béquilles. Claudia grandit sans encouragement et observe le monde : le vrai et celui des revues. Elle a un regard acéré et des préoccupations d'adulte. Elle se construit dans l'ombre de sa Tocaya. Ce mot signifie « homonyme » et désigne deux personnes qui portent le même prénom, comme sa mère et elle. En quête de reconnaissance, l'enfant cherche à ressembler à l'adulte, tout en essayant de se démarquer. Aucune de ses tentatives ne retient l'attention de sa maman.


Un jour, sa tante présente son nouveau compagnon. Il est jeune et il est beau. Il est un détonateur qui brise l'équilibre fragile de la famille, quand il entretient une relation passionnée avec sa nouvelle belle-soeur. Claudia est la première à remarquer que sa maman sort, qu'elle se pomponne et que des évènements sont étranges. Lorsque son père découvre l'adultère, il interdit à sa femme de revoir son amant. Celle-ci sombre, alors, dans une maladie qui alerte la petite fille. Les symptômes sont les yeux qui pleurent, le nez rouge et la voix rauque. Les médicaments pour se soigner sont des pilules qui font dormir et qui coupent toutes les envies. Avec ses mots, Claudia décrit ses sentiments, ses peurs, ses inquiétudes, ses déductions, etc. Elle raconte aussi les confidences de sa mère, qui lui parle de sujets, qui ne sont pas adaptés à son âge. Elle se débat entre le monde de l'enfance et celui trop grand pour elle, dans lequel elle est plongée.


Les abîmes intérieurs sont illustrés par des balcons d'appartements, par les paysages de montagnes colombiennes, formés de précipices, etc. Ils sont essentiellement féminins. Claudia comprend, très jeune, que la décision de basculer ou non, n'est pas un choix. Toutes ces certitudes, sur ce qui peut retenir, s'effondrent […]


La suite sur mon blog…


Lien : https://valmyvoyoulit.com/20..
Commenter  J’apprécie          30
Claudia est une jeune fille qui vit avec ses parents dans leur maison "forêt" de Cali. Et elle nous livre sa perception du monde qui l'entoure et surtout de sa famille et de sa mère, habitée par des suicides de femmes célèbres.
Est-ce que l'on peut parler de plaisir de lecture quand on lit avec la boule au ventre à cause de l'oppression que l'autrice arrive à instaurer tout au long du livre ? L'obsession par la mort et les suicides donnent un côté macabre à cette histoire et qui va façonner aussi la personnalité de la fille. Une véritable réussite et coup de poing.
Commenter  J’apprécie          20
Le roman "Nos Abîmes" de l'autrice Pilar Quintana est une lecture qui m'a laissée avec des sentiments mitigés.

L'histoire se déroule en 1983 à Cali, en Colombie. Nous faisons la connaissance de Claudia, une jeune fille de huit ans, qui voue un amour inconditionnel à sa mère, qui porte le même prénom. Cependant, cette mère ne semble pas partager cet amour et n'éprouve rien non plus pour son mari, un homme plus âgé qu'elle a épousé sans amour véritable. Déçue par sa vie que Claudia rêvait glamour et passionnée, elle se retrouve mariée à un chauve propriétaire de supermarché.

Un jour, la belle-soeur de Claudia lui présente un jeune homme qui devient rapidement son nouvel amant. Une liaison passionnelle débute, attirant Claudia dans un tourbillon d'émotions intenses. Cependant, leur relation clandestine est découverte par son mari, qui lui interdit de revoir son amant. Celui-ci disparaît brusquement, plongeant Claudia dans une profonde dépression. Elle ne sort plus de son lit et passe ses journées à pleurer. Pris de pitié, le mari décide de l'emmener, avec sa fille, dans une maison isolée dans les montagnes au-dessus de Cali pour qu'elle puisse se reposer.

Le résumé du roman "Nos Abîmes" promettait une histoire touchante, empreinte de passion et de désillusion. Cependant, j'ai été plutôt frustrée par cette lecture. Tout d'abord, le roman souffre d'un manque de profondeur dans le développement des personnages. J'ai eu du mal à m'attacher à eux et à comprendre réellement leurs motivations. Claudia aurait pu être un personnage fascinant, mais elle se révèle agaçante et peu cohérente.

De plus, l'histoire elle-même manque de rythme et d'intensité malgré l'écriture fluide et poétique de l'autrice. Les événements s'enchaînent de manière prévisible, sans réelle surprise. J'attendais des rebondissements inattendus et une exploration approfondie des émotions des personnages, mais cela n'a malheureusement pas été le cas.

Néanmoins, le roman offre une belle description de l'environnement dans lequel se déroule l'histoire. Les montagnes au-dessus de Cali sont décrites de manière captivante, offrant une toile de fond intéressante pour les événements qui s'y déroulent. de plus, l'autrice aborde des thèmes tels que l'amour, la déception et la recherche de soi.

"Nos Abîmes" de Pilar Quintana est un roman qui m'a laissé perplexe. Malgré des qualités indéniables, comme la beauté de l'écriture et la description captivante de l'environnement, l'histoire souffre d'un manque de profondeur et de rythme. Malheureusement, ce roman ne me laissera pas un souvenir impérissable.
Commenter  J’apprécie          20



Autres livres de Pilar Quintana (1) Voir plus

Lecteurs (123) Voir plus



Quiz Voir plus

Les classiques de la littérature sud-américaine

Quel est l'écrivain colombien associé au "réalisme magique"

Gabriel Garcia Marquez
Luis Sepulveda
Alvaro Mutis
Santiago Gamboa

10 questions
371 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature sud-américaine , latino-américain , amérique du sudCréer un quiz sur ce livre

{* *}