Dans ses livres et ses entretiens, Pierre Rabhi raconte souvent la même légende, d’origine amérindienne, celle du petit colibri (appelé aussi oiseau-mouche parce qu’il n’est guère plus grand qu’un insecte) qui cherchait à éteindre l’incendie de la forêt en apportant dans son bec quelques gouttes d’eau. Cela peut paraître dérisoire : quelques gouttes pour éteindre un incendie ! Mais si chaque oiseau, et chaque habitant fait de même, les gouttes d’eau deviendront un cours puissant capable d’éteindre le feu.
Pierre Rabhi est un homme du désert, et ce qu’il a appris dans son enfance a été la grande leçon de sa vie : qu’il faut ménager la nature, et s’entendre avec elle, même si elle est parcimonieuse, plutôt que de chercher à la dominer par les artifices de la vie moderne.
Là, accueilli par la terre, caressé par le vent, émerveillé par la profusion de vie qu'offre la nature,il se sentait en grande communion avec tout ce qui vit.
Un sentiment d'amour et d'éternité imprégnait Pierre au plus profond de son être...
Chapitre:9
P.85
Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché, alors les hommes sauront que l’argent ne se mange pas.
Cette réaction confirma à Pierre que notre obsession du pratique et du rentable était en train d’ôter toute poésie au monde.
Le troupeau atteignit trente chèvres et jamais ils ne voulurent en avoir plus. Ils étaient bien conscients que des chèvres trop nombreuses sont dangeureuses pour la nature. Il suffisait de voir comment deux ou trois d'entre elles pouvaient s'attaquer à des petits arbres et les anéantir en peu de temps ! Et puis trente chèvres, c'était déjà beaucoup de travail, et suffisant pour gagner l'argent dont ils avaient besoin pour vivre.
Les Rpumis exigeaient des hommes qu'ils viennent travailler tous les jours, même quand ils n'en avaient ni besoin ni envie. Les montres remplaçait la cadence auparavant rythmée par le ciel, le soleil, la lune, les prières et les fêtes. On disait que c'était "le progrès" qui allait donner plein de bonheur à tout le monde.