BERENICE - Laisse, laisse, Phénice, il verra son ouvrage.
Et que m'importe, hélas ! de ces vains ornements ?
Si ma foi, si mes pleurs, si mes gémissements,
Mais que dis-je, mes pleurs ? si ma perte certaine,
Si ma mort toute prête enfin ne le ramène,
Dis-moi, que produiront tes secours superflus,
Et tout ce faible éclat qui ne le touche plus ?
Titus
Je sens bien que sans vous je ne saurais plus vivre,
Que mon cœur de moi-même est prêt à s'éloigner ;
Mais il ne s'agit plus de vivre, il faut régner.
Prince, vous vous troublez et changez de visage !
Elle passe ses jours, Paulin, sans rien prétendre
Que quelque heure à me voir, et le reste à m'attendre.
Tous mes moments ne sont qu'un éternel passage - De la crainte à l'espoir, de l'espoir à la rage.
Vous êtes empereur, Seigneur, et vous pleurez!
L'hymen chez les Romains n'admet qu'une Romaine.
Tous mes tourments ne sont qu'un éternel passage
De la crainte à l'espoir, de l'espoir à la rage.
Enfin je me dérobe à la joie importune
De tant d'amis nouveaux que me fait la fortune ;
Je fuis de leurs respects l'inutile longueur,
Pour chercher un ami qui me parle du coeur.
I, 4. Bérénice