Ce roman qualifié de chef d'oeuvre en ce temps m'a inspiré des sentiments mitigés.
Mélange d'innocence et de perversité, de précocité et d'immaturité, cette histoire d'amour au parfum de scandale a choqué à l'époque. C'est évidemment ce que voulait
Raymond Radiguet, jeune homme provocateur, immergé dans un milieu d'artistes peintres et d'écrivains avant-gardistes.
Un siècle exactement après sa parution, l'aura scandaleuse et géniale qui entourait ce roman s'est affadie. Mais, l'exaltation des sens, les pensées contradictoires qui agitent le héros, cet égoïsme mêlé de cruauté sont parfaitement décrits par le jeune écrivain. Sa capacité à s'auto-analyser, à décrire le bouillonnement de son âme et les incohérences de sa conduite m'ont fait penser à un autre adolescent, celui de
Dostoïevski, sauf que le premier les a décrits avec la fraîcheur et la récence de son vécu tandis que le deuxième les a imaginés, reconstitués à la fin de sa vie.
C'est cette dimension analytique que je trouve impressionnante et que je retiendrai du roman de
Radiguet, plus que l'intrigue, largement autobiographique mais travestie, dont la fin n'est pas sans rappeler celle du Grand Meaulnes.
Challenge Multi-défis 2023