AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,71

sur 3191 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Notre bonheur était un château de sable" confie François, adolescent surdoué, qui relate sa relation passionnelle avec Marthe de deux ans son ainée, mais fiancée puis mariée donc coupable d'adultère.
Oh, pas pour le mari, cocu trop crédule parti au front, qui croit dur comme fer en la chasteté de son épouse et en devient pitoyable de tant de crédulité.
Mais pour tous les autres: parents trop faibles fermant les yeux sur leurs frasques puis s'alarmant qu'un bâtard voie le jour, voisins bourgeois choqués d'ébats plus que sonores au dessus de leurs prudes têtes, amis s'éloignant pour éviter toute compromission.
Raymond Radiguet, enfant prodige lui même, dont la fulgurante intelligence n'eut d'égale que la mort précoce, dépeint avec justesse le diable au corps, cette attirance plus forte que tout qui mène à l'insouciance et à l'inconscience, sans innocence aucune; cette sensualité teintée d'érotisme mais à l'opposé du trop osé ou trop cru L'amant de Lady Chatterley.
Le lecteur retrouve ici l'écriture flamboyante et l'analyse psychologique très fine de le bal du comte d'Orgel.
Mais le couple formé dans le diable au corps puise sa force dans une relation de soumission-domination complètement différente.
Lui est manipulateur, narcissique, jaloux,lâche, cynique, pervers, susceptible, orgueilleux, veule, possessif,fanfaron, infidèle,provocateur...
Elle est femme-enfant,maternelle,douce,soumise,inquiète,rouée,capricieuse,comédienne,
bourgeoise...
Et ça marche, le lecteur se prend au jeu car c'est un jeu d'enfants qui font l'école buissonnière, faisant fi du monde d'adultes qui les entoure que Raymond Radiguet nous donne à voir de main de maître.
L'auteur évoque lui même Daphnis et Chloé, ce roman grec d'un certain Longus où deux adolescents trouvent l'amour. On peut penser également à Colette avec le blé en herbe car François sait marquer de ses morsures la blanche peau de Marthe comme un chat joue à la souris.
Mais le fait qu'elle soit mariée, infidèle et menteuse la place sur un autre registre, celui de la passion explosive qui met le feu aux poudres et balaye tout sur son passage jusqu'à la mort.
On ne peut se réjouir comme Jean Cocteau d'avoir connu l' écrivain précoce que fut Raymond Radiguet, même si l'amour prend chez lui une connotation tragique, et se demander s'il eut l'intuition de sa propre mort lorsqu'il écrivit: "un homme désordonné qui va mourir ne s'en doute pas met soudain de l'ordre autour de lui.Sa vie change...Aussi sa mort brutale semble-telle d'autant plus injuste.Il allait vivre heureux".
Son oeuvre fut courte, mais quelle oeuvre!
Commenter  J’apprécie          550
"Je vais encourir bien des reproches. Mais qu'y puis-je ?", commence Radiguet. Il avait trois fois raison. Paru juste après la grande guerre, le Diable au Corps suscite l'émoi : la littérature est alors jugée trop élevée pour qu'on accepte qu'elle soit lancée comme une lessive ainsi que vient de le faire Grasset. Avant d'être le succès d'un écrivain, le Diable au Corps est celui d'un éditeur.

En 1947, Claude Autant-Lara (l'Auberge rouge, la Traversée de Paris), porte l'oeuvre au cinéma. le phénomène Gérard Philippe tient le rôle principal. Nouveau scandale. La France à peine remise de sa cohabitation avec les Nazis supporte mal qu'on déshonore une nouvelle fois ses soldats.

Enfin en 1986, Maruschka Detmers, dans une scène osée et qu'on dit improvisée, s'emporte sur l'anatomie de son jeune partenaire. Cette sulfureuse adaptation cinématographique de Marco Bellocchio, aujourd'hui totalement oubliée, suscite un petit émoi dans les critiques cinématographiques de l'époque.

Décidément le diable au corps porte bien son nom.

Le narrateur nous raconte sa relation avec Marthe, dont le mari est un poilu (comprenez le soldat de la grande guerre plutôt que le maçon portugais). le narrateur a 16 ans, Marthe 19, Radiguet à peine 20 quand son roman est édité.

L'histoire n'est pas autobiographique, mais elle s'inspire de celle de son auteur. Nous garderons à l'esprit qu'il s'agit du roman d'un tout jeune Napoléon auquel la vie ne laisse que le temps de percer sous Bonaparte avant de tirer le rideau. C'est important pour juger de son intelligence et de son style, que de penser que ce garçon mort à vingt ans a écrit cette oeuvre il y a près de cent ans. Une oeuvre atypique par son cynisme et sa froideur. le narrateur ment, trompe, manigance. Il n'y a pas de naïveté dans son égoïsme.

Le sens de la formule est déjà aiguisé. La chute très efficace. Quel dommage, cette irruption brutale de la mort dans le talent.

J'ai été étonné que certains soient passés à côté. "Celui qui aime agace toujours celui qui n'aime pas", écrit Radiguet.
Et vice-versa, na !
Commenter  J’apprécie          357
Raymond Radiguet n'a que 20 ans lorsqu'est publié son premier roman : le Diable au corps, un texte auquel on prête des sources autobiographiques. Scandaleux, sulfureux à sa sortie, à peine cinq ans après la fin de la première guerre mondiale, il traite de la liaison d'un jeune garçon et d'une femme dont le fiancé se bat au front.
Le narrateur adulte décrit avec justesse et précision le contexte de sa liaison marquante, les sentiments qui l'animaient, tout est finement analysé. Ce sont des mots sensibles, de la pudeur pour parler de cet amour immoral, passionné, impossible. Il en ressort une sincérité désarmante. L'on est chahuté entre innocence et maturité, entre bonheur et malheur, entre coeur et raison.
La lecture de ce roman tragique au titre éloquent se fait presque d'un souffle, on l'attend, on le sait, la chute sera terrible. Comment pourrait-il en être autrement ?
Un classique d'une force incroyable qui n'a cessé de revenir hanter mes pensées.
Commenter  J’apprécie          290
Un film de Claude Autant-Lara de 1947 interprété par Micheline Presle et le bel Adonis, charmant, craquant et talentueux Gérard Philippe.

Il me tardait de lire ce livre.

Le diable au corps ; l'amour au corps ; la passion au corps ; la folie des sens qui fait fi du qu'en dira t-on.

Comment ne pas aimer.

Lui 16 ans, Elle Marthe 19 ans qui vient de se marier avec Jacques qui la lasse déjà mais ils se fréquentaient depuis quelques temps et le mariage était prévu.

Jacques parti pour la guerre.

Marthe s'ennuie, elle va succomber aux charmes et aux manipulations de ce jeune garçon et l'aimer plus que tout, lui l'aimera mais avec il sera tour à tour, doux, exigeant, jaloux, manipulateur et inconstant.

Marthe l'aime beaucoup plus qu'il ne l'aime et cela l'agace parfois mais il en tire une certaine fierté.

Beaucoup de sentiments contradictoires.

C'est beau et en même temps déchirant !








Commenter  J’apprécie          281
Il est difficile de ne pas associer Jacques, le narrateur de ce roman, à Gérard Philipe qui l'a immortalisé à l'écran dans « le Diable au corps ». Ayant revu récemment ce magnifique mélodrame à la télé j'ai voulu lire le texte de Raymond Radiguet notamment pour mieux apprécier le contexte et comprendre le titre. Car la connotation érotique de l'expression « le Diable au corps » me semblait un parti pris de l'auteur qui a écrit ce livre à 18 ans, alors que j'ai ressenti le jacques du film de Claude Autant-Lara plus turbulent et insouciant que passionné.
Dans le roman, le titre se justifie car on y retrouve le corps, les corps qui s'éveillent, l'initiation et l'amour physique qui ne sera pas exclusif entre Marthe et Jacques.
Jacques, qui a seize ans, raconte de façon rétrospective comment est née sa liaison avec Marthe qui en a dix-neuf, et comment les circonstances, la guerre (nous sommes en 1918), sa famille, la famille de Marthe, ont permis cette relation, dont l'issue sera fatale à la jeune femme.
J'ai aimé la façon dont Radiguet montre l'égoïsme enfantin du jeune homme qui prendra une dimension tragique au moment de l'armistice sonnant la fin d'un amour impossible.


Commenter  J’apprécie          231
Personne n'en saura plus sur le génie de Radiguet puisqu'il meurt à 20 ans, nous léguant cette oeuvre: le diable au corps.

Un roman qui se déroule dans le contexte de la guerre de 14, où deux personnages, un adolescent et une jeune femme, tombent éperdument amoureux. Celle-ci est déjà liée à un homme absent, mobilisé au front. Elle s'autorise à vivre cette histoire d'amour passionnelle, tombe enceinte, accouche et meurt. Que deviendront donc nos héros : l'amoureux transi et celui de la 1ere guerre ? La réponse dans le chef d'oeuvre de Radiguet.

Une histoire à coeur fendre, écrite par un auteur devenu une légende.
Commenter  J’apprécie          200
Ne jamais rester sur ses préjugés : ce très court roman est une ouverture sur le monde des années folles et de ses libertés de moeurs. La liberté sexuelle des jeunes femmes (conséquence directe de la mobilisation des hommes) l'insouciance des adolescents et l'amour dans toute sa simplicité !
L'écriture transmet la joie et la sensualité d'une relation interdite mais complètement assumée, tirée de l'expérience de l'auteur. le style est vif, les mots sonnent juste, ont peu vieilli, et même si la fin semble bizarre, ce fut un très bon moment de lecture !
Commenter  J’apprécie          180
Une histoire écrite dans une langue magnifique!
On se plonge dans l'intimité du narrateur et de Marthe, dans le contexte de cette première guerre mondiale.
Ce qui m'a marqué dans le roman est ce que ressens le narrateur pour Marthe, qu'il aime, et à quel point il devient égoïste par amour (il choisit des meubles pour sa chambre et celle de son fiancé Jacques presque à la place de Marthe par exemple) .
Et surtout, le style de Radiguet est superbe, et c'est grâce à cela que je n'ai pas décroché de l'histoire jusqu'à la fin.
Commenter  J’apprécie          180
Magnifique roman d'amour et d'apprentissage, qui n'a pas pris une ride, cent ans après sa parution. Nul doute que son écriture par un jeune homme de vingt ans, disparu peu après la sortie de l'ouvrage, est pour beaucoup dans cette intemporalité. La naissance du sentiment amoureux, mais aussi l'égoïsme et la cruauté du séducteur, y sont parfaitement décrits, dans des termes qui m'ont rappelé Adolphe de Constant que j'ai lu récemment. Une nouvelle recommandation pour les âmes sensibles.
Commenter  J’apprécie          170
Voila un grand classique que je n'avais jamais lu ( un grand merci à France Culture qui a consacré une semaine le matin de 9 à 10H à son auteur!) . L'histoire est effectivement sulfureuse dans le contexte de la fin de la premiere guerre mondiale et quand on sait que ce livre est tres largement auto biographique,...Cela laisse songeur! Mais l'écriture est fluide , belle ,rendant les 2 personnages complexes et tres réels...le soldat/mari n'est jamais présent mais toute l'histoire dépend de lui finalement. Je me questionne sur le titre du livre....je ne suis pas sûr qu'écrit de nos jours ,ce titre aurait été choisi....un excellent moment de lecture.
Commenter  J’apprécie          140




Lecteurs (15139) Voir plus



Quiz Voir plus

le diable au corps

1. Quel âge a le narrateur au début de la guerre ?

12 ans
15 ans
8 ans
20 ans

9 questions
528 lecteurs ont répondu
Thème : Le Diable au corps de Raymond RadiguetCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..