Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. Mais cette foi ne se souffle pas comme une flamme de chandelle, elle s'allume, brûle, irradie et agonise. Les dieux vivent d'elle, lui empruntent leur force et leur pouvoir, sinon leur forme. Or, les divinités de l'Attique n'ont pas encore disparu du cœur et de l'esprit des humains ; la légende, les livres, les arts ont continué d'alimenter le brasier que les siècles ont surchargé de cendre.
L'image recule comme les castels de Morganne ; le pinceau devient de plomb dans la main du peintre ; tant de choses, que je voudrais fixer par description ou définition, se dérobent, deviennent vagues et s'envolent en brumes...
Les ans ont jauni les pages du mémoire et le temps a dû ternir les pierres de la cité.
Mais les dieux n’ont-ils pas survécu ?
Sur ce, par un temps de neige et de glace, arriva la Noël.
Elle est là, avec ses énormes loges en balcon, ses perrons flanqués de massives rampes de pierre, ses tourelles crucifères, ses fenêtres géminées à croisillons, ses sculptures grimaçantes de guivres et de tarasques, ses portes cloutées.
Elle sue la morgue de ceux qui l'habitent et la terreur de ceux qui la frôlent.
Sa façade est un masque grave, où l'on cherche en vain quelque sérénité, c'est un visage tordu de fièvre, d'angoisse et de colère, qui ne parvient pas à cacher ce qu'il y a d'abominable derrière lui.
— Ce n’est pas que j’en aie pour longtemps, petit mais, après tout, mourir est une chose sérieuse, et il ne faut surtout pas se presser.
L’homme qui entre dans le mystère de la mort en laissant aux vivants le mystère de sa vie, a volé à la fois et la mort et la vie.
Stéphane Zannovitch
Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les dieux doivent leur existence à la croyance des hommes? Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent.
Je n’osais m’avouer encore que, dès mon retour à la vie, le piment des ténèbres, de l’angoisse, de l’épouvante même, me manquaient.
Morin prit un air soucieux pour me confier que l'oiseau du mystère crépusculaire, l'engoulevent, avait devancé de plus de trois semaines son silencieux retour.
-C'est un mauvais présage affirma-t-il