Nous sommes enfin vivantes. Et cette réalité prodigieuse la propulse dans le cou de cette femme à un endroit bien précis, derrière l'oreille, sous le lobe gauche, exactement là où la peau se creuse entre nuque et machoire. Cet endroit porte un espoir infini, comme une fontaine de peau méconnue des autres, qu'elle vient de découvrir et qui lui ouvre un monde lumineux.
Les deux femmes plongent l'une dans l'autre, éberluées d'aimer. Ce lien qui unit maintenant leurs corps brise en un instant l'interdit de leur amour et des conventions sociales. Toutes ces épaisseurs inutiles qui, lorsqu'elles sont nues, restent cousues à leurs habits.
Ils se retiennent toutes les trois, les corps battants, les coeurs à l'arrêt, s'engouffrant sans hésitation dans ce monde glissant, fiévreux, exaltant, de l'amour.
-Ma petite, cette bonne t'a attirée dans le péché. Dieu te pardonnera, mais il faut que tu te reprennes !
-Pourquoi n'aurais-je pas droit au bonheur ?
-C'est le diable qui t'aveugle, Victoire !