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EAN : 9782848052267
232 pages
Sabine Wespieser (24/08/2017)
3.91/5   746 notes
Résumé :
Sur le parking d’un supermarché, dans une petite ville de province, une femme se démaquille méticuleusement, tristement. Enlever sa perruque, sa robe de soie, rouler ses bas sur ses chevilles : ses gestes ressemblent à un arrachement. Bientôt, celle qui, à peine une heure auparavant, volait quelques instants de joie et dansait à corps perdu sera devenue méconnaissable. Laurent, en tenue de sport, a remis de l’ordre dans sa voiture et dissimulé dans le coffre la mall... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (246) Voir plus Ajouter une critique
3,91

sur 746 notes
Je ferme ce livre.

Les mots me manquent. Pourtant, je vais tenter d'approcher un tout petit peu de ce petit bijou d'humanité.

Ce livre parle d'amour.

Ce livre parle du chemin pour arriver à soi.

Ce livre devrait parler à chacun d'entre nous.

Premières pages. Cinématographiques. Une femme se change, se démaquille, à l'intérieur de sa voiture, jusqu'à devenir Laurent. Un homme donc.

Puis Laurent deviendra Lauren. Après avoir lâcher sa bombe à femme, enfants, collègues de travail.

Voilà pour le pitch. Après tout est belle littérature et grandeur d'âme.

Léonor de Récondo nous transperce souvent le cœur dans le portrait de cette femme née dans la peau d'homme. Elle nous raconte cette "transformation" et les points de vue de chacun des protagonistes.

Pas une once de cliché. Pas un mot qui tombe à plat. Le lecteur sera bouleversé par le parcours de cette famille qui s'aime, tout simplement.

Un des grands livres de cette rentrée littéraire. Ne passez pas à côté.
Lien : https://labibliothequedejuju..
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Sur ce parking presque désert, une chanson de Melody Gardot en fond sonore, Mathilda se démaquille, enlève ses faux cils, sa perruque et retire sa robe de soie, sa culotte et ses bas. Totalement nu, Laurent enfile sa tenue de sport puis range ses habits de lumière dans sa mallette qui trouvera refuge dans le coffre. Une fois la voiture débarrassée de ses lingettes usagées, Laurent est prêt. Prêt à quitter Cynthia et ses amies du ZanziBar, prêt à quitter Mathilda et redevenir Laurent. Il rentre alors chez lui, accueilli par sa femme, Solange, et ses deux enfants adolescents. Mathilda n'est plus, jusqu'à la prochaine fois...

Léonor de Récondo se glisse dans la peau de Laurent qui lui-même se glisse dans celle de Mathilda. Sans fard, elle dévoile peu à peu l'histoire de cet homme, mari et père, qui aspire à être ce qu'il a toujours eu l'impression d'avoir été. Mal dans sa peau, obligé de se cacher, aussi bien de sa famille que de ses collègues, il va peu à peu se mettre à nu et s'exposer en tant que tel. Un changement qui, immanquablement, va bouleverser sa vie, celle de sa femme et celle de ses enfants. L'auteure saisit parfaitement le tourment qui habite Laurent, sa volonté et sa ténacité d'être et sa transformation. Ce roman, délicat et fragile, traite avec une grande justesse de l'identité sexuelle et du courage d'être soi, envers et contre tous. de sa plume, à la fois sensible, intime et crue, Léonor de Récondo donne corps et vie à ce personnage touchant.
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« Combien de temps faut-il pour être soi-même ? »
Telle est la question centrale et passionnante du dernier roman de Leonor de Recondo où elle met en scène le cheminement d'un homme, Laurent, vers son changement de sexe. En marge de sa vie ordinaire de mari aimant et père de deux ados, Laurent s'incarne en femme, y prend un plaisir de plus en plus nécessaire à son équilibre personnel, ce qui bien sûr va poser problème au sein de sa famille et de son entourage.

J'ai lu ce roman inattendu quasiment d'une seule traite. C'est dire s'il m'a plu. Pourquoi ?
Il est tout d'abord remarquablement rythmé en séquences ramassées, brèves de vie quotidienne qui entrainent rapidement le lecteur dans le coeur de l'intrigue. C'est, je trouve, la marque de fabrique de Leonor de Recondo, tellement appréciée dans Pietra Viva. La musicienne n'est jamais très loin de l'auteure.
Puis, au-delà de la radicale transformation sexuelle, remarquablement et finement évoquée, c'est bien le récit de la détermination d'un homme à s'assumer, à trouver le courage d'être enfin soi qui m'a paru particulièrement réussi.
« J'ai longtemps cru qu'être père me suffirait pour rester homme. C'est avec ce genre de certitudes que j'ai écrasé la femme dedans. »
« Je suis dans une impasse. Comment réunir ma peau d'homme avec la femme que je suis à l'intérieur, ses formes, son esprit, ses désirs ? »
Capacité à surmonter les obstacles extérieurs comme personnels, à remettre en cause ses certitudes pour parvenir à s'accepter : plus largement, l'affirmation de soi est une quête qui peut tous nous concerner.

La prose et la sensibilité de Leonor de Recondo s'accordent à merveille avec la sensualité des corps, avec la grande diversité des émotions. Son indéniable talent de conteuse rend les personnages attachants et justes. Et surtout, surtout, il se dégage une formidable énergie positive de ce roman malgré les doutes de Laurent/Mathilda, le désarroi de sa femme, le rejet de son fils, et les souffrances rencontrées sur un chemin difficile et encore largement tabou.
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Bien moins enthousiaste sur ce point cardinal que sur les deux autres précédents romans lus de cette brillante auteure.

Laurent et Solange forment un couple tout en harmonie et en complicité avec deux beaux enfants dans la fleur de l'âge. Laurent pourtant surfe depuis très longtemps sur l'ombre de ses instincts féminins. Il aime la dentelle, la soie, les cheveux longs, les talons hauts. Pour satisfaire sa vraie nature, il se transforme en cachette de son épouse et devient, au point cardinal, Mathilda. Laurent continue à souffrir de ce double jeu, il n'a qu'une envie, être une femme et rien qu'une femme.

Dans ce roman qui veut décrire l'importance d'être soi, en accord avec sa nature profonde, j'ai trouvé le personnage de Laurent bien peu convaincant et plutôt égoïste. Son obsession à devenir une femme semble primer sur tout le reste et j'ai ressenti davantage de compassion pour ses enfants qui ressentent honte et rejet pour ce père ambigu. À côté de ce manque d'empathie, je suis restée sur ma faim quant à la verve sensible habituelle de l'auteure. J'avais découvert dans Amours et Manifesto une plume sensible et riche. Ici, j'ai trouvé le texte trop plat et peu enclin à la profondeur.

Nulle déception car je sais que Leonor de Recondo possède un talent indéniable. Si je suis passée à côté de ce roman, je prendrai le train pour un autre roman à elle, je n'en doute pas.
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Point cardinal

Rien que le titre est original, pour ce roman tellement puissant. Transexualisme. Je connaissais le thème avant d'ouvrir les premières pages, et j'avais déjà lu deux livres en lien, mais jamais les mots n'avaient défilé sous mes yeux avec une telle force.

Dans métamorphose, on entend « ose », et pour oser être enfin soi-même, une sacrée dose (d'ose !) de courage est nécessaire pour le quidam, alors pour celui qui se sent autre, qui a le sentiment de ne pas être né avec le bon corps, qui vit en décalage depuis son plus jeune âge ? Il vit son chemin de croix, puis il y croit et ensuite il croît ?

Chaque sentiment est décortiqué avec la finesse de la lingerie de soie, de celle qui fait tant rêver Laurent. La violence de cette réalité à priori indicible, et finalement révélée, puis criée, est portée par la plume de l'auteure avec une justesse inouïe.

Je passe tour à tour dans la peau de sa femme, son fils, sa fille, ses collègues de bureau, Lui, Elle, Elle, Lui…Moi lectrice soudain transgenre, je ressens la souffrance de chacun. Et chacun est légitime dans sa souffrance et son questionnement existentiel.

Comment accorder les êtres, les réaccorder, créer une nouvelle harmonie ?
Ceux qui s'aimaient ne s'aimeraient-ils plus du fait de l'identité sexuelle ?

Cette histoire est celle de beaucoup d'êtres qui sont nés un peu à côté d'eux-mêmes, et la tolérance est le premier pas pour les
aider à « naître », et non plus « n'être » !

Magnifique plaidoyer qui va faire ployer les idées reçues
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critiques presse (4)
LeMonde
19 novembre 2018
Par une technique d’écriture permettant que le personnage n’ait aucun point de vue sur lui-même (ni l’auteure sur celui-ci), Léonor de Récondo parvient à traiter avec tact un sujet en quelque sorte voué à rester en dehors de lui-même : le « point cardinal » de ­Laurent demeurera pour le lecteur, une fois le livre refermé, une question aussi insistante que diffuse.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Actualitte
11 décembre 2017
Assez proche du film de François Ozon, Une nouvelle amie (2014), par son thème comme par son écriture visuelle et limpide, le roman de Léonor de Recondo, essentiellement focalisé sur un personnage central livre une histoire surprenante, inhabituelle et bouleversante.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaCroix
11 septembre 2017
Léonor de Récondo accompagne la transformation d’un homme en quête de sa réelle identité.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Telerama
16 août 2017
La mue inéluctable d'un père de famille qui a choisi d'être femme. La mue, aussi, de son entourage... Une histoire forte servie par une écriture limpide.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (163) Voir plus Ajouter une citation
Après la naissance de Claire, alors qu'elle était épuisée et venait tout juste de reprendre le travail, Solange avait appelé sa mère au secours. A qui d'autre pouvait-elle passer ce coup de fil ? Solange lui avait dit : Je ne suis pas sûre d'y arriver, les deux enfants, Claire qui ne dort pas, ma classe de petite section, Laurent, la maison, et puis je me sens si seule. Comment as-tu fait, maman ? Sa mère l'avait écoutée, lui avait dit de ne pas s'inquiéter. Tu verras, les journées te semblent longues, elles vont bientôt raccourcir et tu vas te ressaisir, retrouver ton énergie, tu vas te reposer et tu oublieras. Elle n'avait pas eu tort, tout s'était passé comme elle l'avait prédit. Mais, quand sa mère l'avait rappelée quelques jours plus tard en lui demandant des nouvelles de Claire, et uniquement de Claire, Solange s'était sentie désemparée. Maman, c'est moi qui souffre, pas Claire ! Elle avait compris, d'un coup, que sa chair en avait créé une plus fraîche et plus vulnérable, qui méritait toutes les prévenances de sa mère. L'attention avait sauté une génération, et personne n'avait averti Solange.
(p. 39-40)
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Combien de temps faut-il pour être soi-même ? Et je voudrais demander cela à tous ceux qui n'ont pas à changer de sexe. Combien d'années, de décennies, pour être en adéquation ? Adéquation de corps, adéquation de rêves, adéquation de pensées, avec ce que nous sommes profondément, cette matière brute dont il reste quelques traces avant qu'elle ne soit façonnée, lissée, rapiécée par la société, les autres et leurs regards, nos illusions et nos blessures.
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Son regard dégoulinait sur moi(son psy). Je n'aurais pas réagi aussi violemment s'il n'y avait pas eu cette séance avant. Ça dégoulinait et c'était du poison. Ça imprégnait toute la pièce, ma peau, ma respiration. J'avais l'impression d'être dans une cellule. Névrose obsessionnelle ! Tu te tends compte, Cynthia ? Ça m'a sauté à la gorge. Comment peut on réduire quelqu'un à deux mots ? C'est là que j'ai réalisé que tout le monde croyait que j'étais malade. Pas juste une tournure de phrase, mais vraiment malade. On va te soigner dès qu'on aura mis un nom sur ta maladie. C'est tellement simple : une maladie, un médicament ! (Page 125)
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Laurent a inscrit son fils quand il avait six ans, sans trop se poser de questions, comme l'avait fait son propre père. Être un homme signifiait, entre autres, aimer le foot. Mais l'expérience qui devait être fantastique, s'était avérée pour lui désastreuse. Ce sport s'imposait dans la famille comme l'apothéose de la masculinité.
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Elle a compris les vertus du silence, de ce que l'on a à soi. Elle a longtemps cru que le partage était la seule manière d'exister. Je suis ce que je te dis. Ce que je ne te dis pas n'existe pas.
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