Son corps était aussi blanc que l'albâtre et possédait en plus une légère transparence qui ajoutait de la fragilité à sa blancheur. Seule la tache sombre de son pubis venait troubler cette étonnante uniformité. Cette chair semblait en effet absorber jusqu'aux plus infimes particules de lumière. Elle semblait s'imprégner, s'imbiber de leur clarté. Puis, à travers le voile de sa peau, elle en restituait l'essentiel auquel elle ajoutait sa grâce et sa douceur. La beauté d'Agriopé évoquait la caresse, le toucher. p45
Il accorda son instrument puis ferma ses yeux. Et ses doigts,après avoir un instant caressé le silence, se mirent à danser. Ils pinçaient une corde puis une autre. Vibrations et harmonies s'entremêlaient. De leurs ondulations naissait un chant joyeux, prodigué par un homme transporté d'être à nouveau parmi les siens, sur la terre de son enfance. Et ce chant s'insinuait, puis s'imposait dans le coeur de ceux qui l'écoutaient. Chacun réchauffait son âme à la flamme de cette poésie nocturne.
Hérope tissait avec ses mots un filet, qui piégeait au gré du hasard : le vent, le ciel et ses étoiles, la terre, ses morts et la force de cet arbre sur lequel il était adossé. p 17
Pour retrouver enfin l'espérance, il faudra sacrifier tes souvenirs les plus chers et exposer ta douleur sans artifice. Va et marche le cœur nu...
Je porte en moi la douleur de t'avoir perdue et la joie de t'avoir aimée
...jouir de la beauté rayonnante [du monde] et ne plus tenter de la capturer.
Hérope était seul. Il portait cette solitude originelle en communion totale avec la nature.... Pour ce faire, il devait cesser de penser pour simplement être et ressentir.
Le poète, grâce à son apprentissage précoce du verbe et de la musique... connaissait la notion de dépassement de soi et ce que cela impliquait de souffrance et d'élévation... Son esprit connaissait la course damnée de la rime parfaite. A trop la poursuivre, il s'était maintes fois perdu dans les méandres marécageux des mots.
La clarté qui flottait autour d'elle était si saisissante que tous voulaient y tremper un peu leur cœur.