Pas fâchée de terminer la lecture fastidieuse de la "Trilogie du Baztan", inaugurée avec
le gardien invisible et poursuivie avec
de chair et d'os.
Ofrenda a la tormenta met enfin un terme aux enquêtes d'Amaia Salazar... Succès surprise en Espagne et dans le monde, 400 000 lecteurs, 32 pays ont acheté les droits, l'adaptation cinématographique du premier opus est en préparation... le cadre du roman est inhabituel.
Dolores Redondo a choisi la Navarre pour mettre en scène une série de meurtres sordides touchants des femmes et des enfants.
Soyons honnête, je n'ai que peu de goût pour les histoires de tueurs en série, de crimes rituels, d'amputations et autres messes noires, mais le lieu et la culture locale ont eu raison de mes réticences. Donc, nous avons tous les éléments du thriller psychologique qui combleront les amateurs du genre, dans une région inusitée, une inspectrice jeune et belle connectée avec les victimes mais peu sympathique, on la comprend vu le passé et la famille qu'elle se trimballe, un mentor cajun du FBI qui donne des conseils au téléphone, les affres de la maternité qui la renvoient à une douloureuse histoire personnelle...
Le gardien invisible aurait sans doute suffi, certains personnages devraient parfois se retirer de la scène en pleine gloire comme Greta Garbo. Je voyais clignoter les signaux Fajlilbacka, Erica, Patrik, et ça me faisait un peu peur. Quand on aime le polar social ou foutraque, la gentrification du genre a parfois du mal à passer.
Donc, avec des sacrifices de bébés,
Ofrenda a la tormenta apporte toutes les révélations que l'on avait vu arriver à la vitesse d'un cheval au galop.
J'aurais sans doute limité ma lecture au premier volume si l'action s'était déroulée ailleurs que dans le valle de Baztan y de Roncal, région isolée et fort belle qui se prête aux mystères.
Dolores Redondo tire de l'oubli les mythologies basques et navarraises, les meurtres s'inspirant d'anciennes légendes (le Basajaun, le Tarttalo et autres Ingumas). Elle dépeint avec talent une nature angoissante, la forêt des contes de Grimm - on s'y promène tant que les monstres n'y sont pas- nimbée d'un halo onirique, une population vivant en vase clos et dont l'isolement exacerbe les sentiments.
L'auteur révèle à la fin du volume le sordide fait divers qui inspira sa trilogie, trilogie qui fait miraculeusement revivre les villages d'Elizondo ou d'Arizkun, depuis le succès international des romans. Un bon prétexte pour s'arrêter quand auparavant on filait droit sur Pamplona.