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L'histoire commence quand s'achève "A l'Ouest, rien de nouveau" : la première guerre mondiale se termine, et les soldats peuvent enfin rentrer chez eux. Sur les 200 hommes de la compagnie d'Ernst Birckholz, le narrateur, il n'en reste plus que 32, et tous ont hâte de quitter les tranchées des Flandres pour retourner au pays. Mais rien ne se passe comme prévu, car personne n'est en mesure d'accueillir, d'écouter et de comprendre ces survivants -et eux-mêmes n'arrivent pas à raconter, sauf lorsqu'ils se retrouvent entre eux pour entretenir leur camaraderie.

Quel récit impressionnant que celui-ci ! S'inspirant de sa propre expérience d'ancien combattant de 19 ans, Erich Maria Remarque relate le difficile (voire impossible) et douloureux retour à la vie d'une génération de soldats partis trop jeunes à la guerre, la tête remplie de romantisme patriotique. Il raconte leur incompréhension, leur amertume, leur colère, leur révolte, leur abattement en retrouvant un pays en proie à une Révolution qui a fait fuir l'Empereur pour lequel ils se sont battus : "Si l'un de nous avait fait ça, on l'aurait collé au mur !". Il décrit la transformation de ce pays, le triomphe du capitalisme cynique sur le conservatisme rance de ces années folles, où les cabarets se multiplient, toujours plus clinquants et bondés, alors que la misère sévit et que le peuple est encore soumis au rationnement.

Dès lors, il s'avère ardu pour ces jeunes gens de retrouver leur place dans cette Allemagne et dans cette vie, et certains en viennent même à regretter le Front : "Là-bas, il suffisait d'être vivant pour que tout aille bien !", alors qu'ici ils doivent affronter la mesquinerie, le chômage, la pauvreté, l'abandon, la maladie, la dépression, les traumatismes, les mutilations, le suicide... Et surtout, toujours, cette incompréhension et ce manque d'empathie pour ce qu'ils ont vécu : "Il y a un abîme infranchissable entre ceux qui ont été soldats et ceux qui ne l'ont pas été." Heureusement, il reste la camaraderie entre anciens combattants, et l'auteur exalte la solidarité qui unit ces hommes et le réconfort de la Nature, seule à pouvoir réparer les âmes malgré ses propres plaies.

Ce roman, écrit en 1931 et brûlé en 1933 (forcément), est d'une justesse et d'une sincérité bouleversantes. C'est un appel à l'intelligence, à l'Humanité, au pacifisme. Autant dire un roman qui paraîtrait naïf à notre époque déglinguée, s'il n'était traversé d'une férocité jouissive à l'égard des donneurs d'ordres et de leurs médiocres suiveurs. Il n'en reste pas moins un terrible constat de gâchis : "C'est à nous-mêmes que nous avons fait la guerre, sans le savoir."
L'Histoire n'en finit pas de se répéter.
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Erich Maria Remarque avait écrit «À l'ouest, rien de nouveau», qui relatait son expérience pendant la Première guerre mondiale. S'il y avait beaucoup à écrire sur le sujet, il y en avait autant à raconter sur ce qui s'est passé après. Les dernières heures dans les tranchées, alors qu'on sait qu'il y aura armistice, la survie, le chemin du front à la caserne, puis au village natal. le retour à la vie civile. Mais est-il possible de revenir en arrière et reprendre une existence ordinaire après avoir vécu les atrocités de la guerre ?

L'auteur a justement intitulé ce roman «Après». Il n'est plus question de la guerre et encore moins d'actions héroïques. Au contraire, ce sont des héros qui sont ramenés à une existence supposément normale et paisible. Mais les traumatismes de la guerre continuent à hanter et les empêchent de mener leur petit train-train quotidien comme si rien ne s'était passé. La société a repris son cours, les anciens combattants, eux, ne savent pas comment y parvenir.

Étude, travail, mariage… tout semble décalé. Ceux qui étudiaient, ils doivent réviser (comment se rappeler la matière après tout ce temps ?) et passer leurs examens à côté de gamins. Ceux qui avaient un emploi, ils l'ont perdu. Ceux qui avaient des femmes… eh bien… elles n'ont pas attendues. Cette société qu'ils ont tenté de féendre, on dirait qu'elle leur tourne le dos. Ils sont devenus des rien-du-tout. Très frustrant !

Tellement que, parfois, il leur semble que tout était plus simple sur le front avec la mitraille et les obus. « Ah Au front, c'était plus simple. Là-bas, il suffisait d'être vivant pour que tout aille bien !» Quand on y pense sérieusement, c'est désolant et décourageant !

Les personnages, Albert, Tjaden, Valentin, Willy et tous les autres, ils étaient des adolescents. En l'espace de deux, trois ou quatre ans, ils sont devenus des hommes. Mais des hommes qui s'ajustent difficilement. Tellement qu'ils me faisaient davantage penser à de grands enfants. Il est impossible de ne pas ressentir de la compassion, de l'empathie pour eux. Plus ils font des efforts pour s'adapter, plus c'est difficile. Certains sont tentés de retourner dans l'armée mais même cette option ne semble plus leur convenir.

Erich Maria Remarque a déjà abordé le thème des anciens combattants dans «Les camarades», où il était question de ce groupe de trois-quatre jeunes qui essaient de se créer une situation quelques années après le retour du front. le roman était très romancé et abordait plusieurs autres thèmes dont la passion amoureuse, la pauvreté à Berlin et la montée du nazisme. «Après» se concentre exclusivement sur le retour à la vie civile. Ça le rend d'autant plus poignant, bouleversant. Je le recommande vivement.
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Nombreux sont les témoignages qui nous relatent de l'expérience des soldats pendant la première guerre mondiale. Chez nous, français, on a les très célèbres le Feu d'Henri Barbusse ou encore Les croix de bois de Dorgelès et bien d'autres … Chez nos voisins allemands, on connaît surtout A l'ouest rien de nouveau d'Erich Maria Remarque. Sauf que ce dernier ne s'est pas arrêté là. Il a décidé de nous raconter la suite, l'après la guerre. Parce qu'il y a eu un après pour ceux qui ont eu la chance ( ?) d'en revenir.

Le récit s'ouvre, nous sommes encore dans les tranchées. Les obus fusent et explosent toujours. Les copains sont malades, blessés ou n'en réchappent pas. Et puis soudain, alors qu'on commençait à ne plus y croire après tant de fausses joies, un cri se propage : « La paix ! ». C'est fini. La grande boucherie ferme ses portes. On a du mal à réaliser mais on se met en route. Il est temps de rentrer chez soi. Sur le chemin, on reste sur ses gardes. le doute persiste. On croise des soldats qui, peu de temps encore auparavant, étaient nos ennemis. On se toise avec méfiance puis on sympathise, on s'échange des souvenirs pour les uns, de la nourriture et des produits de première nécessité pour les autres. Et on arrive enfin chez soi.

Mais l'accueil n'est pas celui qu'on attendait. On espérait retrouver notre vie là où on l'avait arrêtée en partant au front. Faire comme si la guerre n'avait été qu'une parenthèse, que le temps s'était figé et que la vie reprendrait son cours normalement au retour. Mais c'est impossible. Les jeunes adolescents qui étaient partis et qui n'ont que 3-4 ans de plus sont à présent devenus des hommes. Difficile de le faire comprendre à son entourage.

Pour Ernst et ses camarades survivants, le retour se place sous le signe de la déconvenue et de l'incompréhension. Comment accepter de nouveau la futilité du quotidien et de la vie quand on a connu l'horreur et côtoyé la mort d'aussi près ?
On se raccroche à ce qu'on peut. Les études, le travail, l'amour ou la famille. Mais ça ne marche pas. Ajoutons à cela les cauchemars et les hallucinations. Chaque membre du groupe tente de se faire une nouvelle place dans cette société qui, pourtant, ne leur correspond plus. D'autres s'engagent à nouveau dans les rangs de l'armée mais en reviennent écoeurés. L'esprit de camaraderie qui régnait pendant la guerre n'est plus. Ils semblent tous être passés à autre chose. Sauf eux.

Dans ce sublime roman d'une cruauté blessante, Erich Maria Remarque brosse le portrait de plusieurs poilus allemands, nous montre leurs difficultés à retrouver une vie normale. On se rend compte que le choc est terrible. Plus rien ne semble avoir de sens. le fossé entre ceux qui ont combattu et les autres est énorme et apparaît comme infranchissable.

« Il me faut serrer la main de quelques personnes et je commence à suer. Les gens d'ici sont bien différents de ce que nous étions, nous autres au front. En comparaison, j'ai l'air aussi lourd qu'un tank. Ils se tiennent comme s'ils figuraient dans une vitrine de tailleur, et ils conversent comme sur un théâtre. Avec précaution, je cherche à dissimuler mes mains, car la boue des tranchées s'y est incrustée, comme un poison. Je les essuie à mon pantalon à la dérobée. Malgré ces précautions, ma main est toujours moite au moment où je dois la tendre à une dame. »

Le monde qu'ils ont laissé n'est plus le leur au point que l'un d'entre eux retournera sur le champ de bataille s'y donner la mort. La destinée de nombre d'entre eux est tragique. Certains culpabilisent même de rentrer indemne là où les copains sont tombés ou d'autres sont revenus estropiés. Parfois même leur sort leur paraît plus enviable. Car personne ne se soucie de ceux qui sont revenus et leurs proches sont incapables de les comprendre et ne les reconnaissent plus.
Erich Maria Remarque évoque aussi les troubles politiques et sociaux de cet après-guerre douloureux pour l'Allemagne : la défaite, la fuite du Kaiser, les révoltes des soldats qui se sentent trahis et abandonnés, les grappillages de vivres car on a faim.

Roman tragique, d'une force redoutable, Après m'a fortement marquée. Certains passages sont criants de désespoir. Il n'y avait que l'un d'entre ses soldats pour nous expliquer à nous autres qui n'avons pas connu ça ce qu'ils ont vécu et comment, l'impact psychologique que la guerre a eu sur eux, ces réflexes acquis et qui sont devenus naturels.

Après est un roman percutant, bouleversant et surtout indispensable. A lire absolument !
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Le sujet de ce livre a été traité à de nombreuses reprises. Après toutes les guerres, de tout temps et en tous lieux, des hommes se sont mis à témoigner de leurs difficultés après des années passées dans l'enfer des combats de revenir à la paix d'une vie civile.
Tous n'avaient pas le talent d'écrivain d'Erich Maria Remarque, tous n'avaient pas connu les tranchées de 14-18 et tous n'étaient pas allemand, ce qui fait de ce témoignage romancé, un document d'importance.
Ce récit pourrait être lu comme la suite du célèbre : «  A l'ouest rien de nouveau » du même auteur.
Il en a les mêmes qualités narratives.
L'auteur nous délivre un message de paix universelle, lorsqu'il déclare par exemple qu'il se sent plus proche d'un « poilu » que de ses propres compatriotes restés en arrière du front. Au delà d'un simple récit d'événement, ce livre est parcouru par de nombreuses pensées profondes sur la place de l'Homme dans nos sociétés... Sur la vie.
Il est à noter que l'oeuvre de l'auteur a été interdite par le régime nazi... Excellente raison pour la lire !
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Auteur populaire et acclamé depuis que son roman A l'ouest rien de nouveau est étudié par les élèves au collège, Erich Maria Remarque continue de s'illustrer en littérature par la publication posthume de ses récits sur la guerre 14-18 côté allemand. Alors qu'A l'ouest rien de nouveau rapportait le quotidien des soldats dans les tranchées, il s'attaque dans Après à un moment peu exploité en littérature et qui pourrait bien donner un nouveau souffle aux récits sur la Première Guerre mondiale, surtout en cette période de commémoration du centenaire de la Grande Guerre.

En effet, Après montre le retour des soldats allemands à leur vie "d'avant", dans un pays meurtri par des années de guerre et ayant abouti à la défaite.

Le roman s'ouvre sur le spectacle de combats dans les tranchées, écho à son oeuvre précédente. On y découvre des jeunes hommes, en proie à la violence des combats, transformés par ceux-ci mais surtout soudés dans la lutte. A la débâcle allemande, le trajet retour se fait lentement, comme au ralenti, dans une atmosphère d'anticipation pesante qui montre le poids de cette guerre perdue et le décalage entre la vie qu'on menait les soldats pendant leur service et la vie qu'ils vont retrouver. Et quand viennent enfin les retrouvailles, le spectre des tranchées pèsent au-dessus de chaque famille, comme si l'on ne pouvait jamais vraiment en revenir.

Cela se confirme par la suite. Jamais aucun soldat ne peut échapper à ce qu'il a vécu là-bas. Les souvenirs sont omniprésents, de même que les rancoeurs et les vengeances. L'écart se creuse entre les soldats et leur famille dans leur langage, leurs habitudes.

Ils gardent le réflexe de marcher au pas, de porter leur uniforme. Ils sont une famille, la guerre les a unis et la séparation ne semble pas être une option. Ils sont comme déconnectés de la vie réelle, celle qu'ils avaient connu jusqu'à leur mobilisation. Et quand ils doivent reprendre le chemin de l'Ecole Normale, l'absence des camarades tombés (plus de la moitié) les ramène à leur condition. Ils ne sont plus des gamins, des élèves, des frères. Ils sont des soldats. Dans ces conditions, comment penser sérieusement qu'ils peuvent reprendre le cours de leur vie tel qu'ils l'ont laissée? La guerre n'a pas été pour eux un intermède, elle les a changé. Comment se tenir debout face à une classe et enseigner quand, quelques mois auparavant, on se tenait debout, mais un fusil à la main et prêt à tirer?

Alors qu'au début l'auteur n'hésite pas à détailler les effets d'un obus sur le corps et l'esprit des soldats, l'introspection prend peu à peu le pas. Il est "amusant" de voir comment certains silences en disent bien plus long sur les sentiments des personnages que certaines descriptions assez crues de la guerre. On en dit moins mais le malaise qui les habite n'en est que plus explicite.

Mais ce roman, c'est aussi l'histoire d'une désillusion, celle des soldats face à la guerre. Alors qu'on leur avait inculqué les raisons de ces combats à l'école, quand tout cesse enfin et qu'ils réalisent qu'ils ont été bernés, ils ne croient même plus en la vie. Les fondements de ce pour quoi ils se battaient s'effondrent, et eux suivent aussi, petit à petit.

>Après est un roman réaliste qui offre une vision déprimante de l'autre versant de la guerre. Sans en avoir l'air, Erich Maria Remarque délivre une excellente leçon d'histoire! Il donne envie de poursuivre et j'aimerai maintenant beaucoup lire Les camarades, sorte de suite à Après sur fond de montée du nazisme!
Lien : http://mariae-bibliothecula...
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J'ai lu, comme beaucoup, le remarquable "A l'Ouest rien de nouveau" mais j'avoue que je ne connaissais pas cet autre livre d'Erich Maria Remarque.
J'ai eu la chance de le découvrir grâce à Babélio Masse Critique et à Folio. le sujet m'avait attiré: le retour à la vie civile des soldats de 14, thème qui n'a pas, je crois, été beaucoup traité. Et là, le tableau est parfait et la situation bien transcrite: ils sont tous là, du mutilé au commotionné, du mari bafoué à l'opportuniste en passant par les gamins privés de leur jeunesse. Et pour tous, le retour est difficile, d'abord parce qu'il est difficile, voire impossible de communiquer l'horreur. Alors, les meilleurs moments sont ceux passés avec ceux qui savent, ceux qui ont vécu l'enfer, même si le front les hante ( l'auteur nous offre là des évocations très réalistes). Ensuite, se pose à eux le problème de leur insertion dans une société en changement qui ne les reconnaît plus et qui aimerait bien les gommer. le texte me paraît universel: chacun de ces hommes pourrait avoir n'importe quelle nationalité parmi celles des belligérants et ces états d'âme ont dû être les mêmes pour tous. L'auteur y appose la caution de son vécu et tente l'espoir des leçons tirées et du pacifisme (malheureusement contredit par l'histoire!). Malgré quelques lourdeurs de style, le texte est puissant et touchant.
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quel beau livre!nous suivons les errances et les interrogations sans fin de soldats allemands qui ont survécu à cette boucherie que fut la première guerre mondiale.ils se demandent comment se réadapter à la vie civile et que faire de leurs vies personnelles et professionnelles.
un auteur à découvrir à l'écriture remarquable,dépouillée et ciseléé.
une de mes gra.ndes découvertes de ces derniers mois avec Zweig
je vous encourage à le lire sans doute apres :A l'ouest rien de nouveau.
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"Après" vient après "A l'ouest rien de nouveau" tellement célèbre et avant "Les camarades". Il m'apparait que les trois romans de E.M.R sont à lire comme une trilogie ou un triptyque, car les personnages se croisent, tissent des liens, vivent et meurent avec ces liens.
Surtout, ce qui m'a frappée, c'est cette nécessité absolue de "raconter" ce "Après", de rappeler page après page les vies, les sacrifices, les souffrances, mais aussi les joies si petites soient-elles, la camaraderie, l'oubli de l'horreur pour mieux sauvegarder les gestes humains élémentaires, et toujours absolument rappeler au monde entier ce qu'est l'homme, ou ce qu'il devrait être, et sa dignité incontournable, indestructible.
E.M.R. dans ce roman, commence, là où il avait arrêté "A l'ouest". Quelques jours à la fin d'octobre 1918. Quelques jours avant la paix, l'arrêt des combats.
Dans "Après", E.M.R. rappelle bon nombre de ses personnages de "A l'ouest". Morts pour beaucoup, survivants pour quelques-uns, mais dans quel état ?
L'épisode de la classe est terrible.
Il parcourt toutes ces vies, ces destins cruellement abrégés et surtout l'impossibilité du "retour à la vie", hors des combats, de la guerre, de la mort.
Ce roman est étonnant et intéressant de ce point de vue : on a beaucoup raconté la guerre, les tranchées, mais peu sur le retour et la réinsertion surtout dans le camp des vaincus.
A travers ses personnages dont il a un talent fou pour les rendre si proches, si vivants, qu'on a l'impression de les toucher, de les sentir, de les entendre frémir; E.M.R. trace ces vies deux fois sacrifiées. Par les 2,3 ou 4 ans d'horreurs mais surtout par ce retour impossible.
Que de cruauté, que de douleur, que de souffrance, encore et encore. La paix n'existe que pour ceux qui n'ont pas combattu ou qui n'en sont pas revenus.
Constat effroyablement cruel et sans appel.
Message ô combien pacifiste.
A quoi sert d'être aller se battre ?
A quoi sert ces sacrifices ? Ces vies dévastées ? piétinées ?
Question éminemment actuelle.
Mais la société d'après-guerre de E.M.R. ne veut pas entendre parler. Surtout pas car ils ont été vaincus. Se sont-ils assez battus ? Ont-ils été valeureux ? S'ils sont revenus c'est qu'ils n'ont pas faits les sacrifices nécessaires à la victoire ?
Alors chacun des revenants va vivre ou pas, à sa manière. E.M.R. sait montrer ce désastre du retour, toutes ces trajectoires, ces tragédies, de ces soldats pas plus ni moins valeureux que d'autres, qui reviennent dans une Allemagne déjà appauvrie, déjà chétive, déjà malade et qui ne saura que faire de ses anciens combattants.
Ce qui est à la fois formidable et terrifiant est ce que "Après" est d'une modernité époustouflante. Servi par une plume elle aussi d'une modernité à couper le souffle.
Plus bouleversant qu' à L'ouest, plus douloureux, historiquement passionnant.
A lire et à relire un siècle après, car ces combattants de retour du front, vaincus, ont sombré dans un oubli pire que la mort qu'ils avaient évité.



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C'est un peu triste que pour un livre aussi fantastique que celui-ci, il n'y ait que 45 lecteurs sur Babelio! Il ne me reste qu'à l'offrir à tour de bras, car voici la vérité: Après est une oeuvre fantastique, qu'on devrait plus souvent voir à la devanture des librairies et qui est tout à fait digne de, A l'ouest rien de nouveau, le plus connu des ouvrages de son auteur.
Le roman s'ouvre dans les tranchées mais comme son nom l'indique, c'est de l'après guerre qu'il traite. L'Après, où les jeunes soldats retrouvent une Allemagne qui ne comprend plus rien à ses enfants, qui n'a aucune conscience de ce qu'ils ont vécu et voudrait les voir reprendre les bancs de l'école sans faire d'histoire, à eux qui ne savent plus du tout comment se comporter en temps de paix. Chacun des protagonistes porte le poids de la guerre et tente de s'en affranchir à sa manière, plus ou moins tragique, mais aucun ne réussit à trouver de la compréhension à part dans ses camarades , et encore pas dans tous! Finalement plus proches des soldats du camp d'en face que de ceux de l'arrière, ils voient en plus une partie de leur pays ne rêver que de revanche...

Un très grand livre, à mettre entre toutes les mains!
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Dans "A l'Ouest Rien de Nouveau", Erich Maria Remarque racontait l'histoire de jeunes Allemands poussés à s'engager dans la première guerre mondiale par des aînés va-t'en-guerre. Ils découvraient les réalités des combats et la désillusion.
Deux ans plus tard, dans "Après", Remarque raconte leur retour à la vie civile. Il ne reprend pas précisément les mêmes personnages, mais plutôt les mêmes types de personnages.
La paix est annoncée. Encore quelques combats, quelques morts et les jeunes combattants retournent vers l'Allemagne. Ils sont rattrapés par des Américains, plutôt sympathiques, plus frais, mieux équipés, qui leur rachètent des souvenirs du front. Ils passent enfin la frontière, mais le retour n'est pas celui qu'ils imaginaient dans cette Allemagne misérable et dévastée. Loin d'être accueillis en héros, on leur arrache leurs galons et on leur demande de reprendre la vie d'avant sans se faire remarquer. Plus proches de leurs camarades morts que de leurs compatriotes vivants, ils en viennent parfois à regretter la guerre
Très bien écrit, épique, (nombreux passages remarquables), beaucoup moins connu que son prédécesseur, ce roman pacifiste de Remarque est une excellente suite pour "A l'Ouest Rien de Nouveau". Il rejoint les plus grands romans humanistes sur la guerre de 14 : "Ceux de 14", "Les Croix de Bois", voire même la première partie du Voyage au Bout de la Nuit". A lire, donc, absolument.
Les prises de positions d'Erich Maria Remarque l'incitèrent à quitter l'Allemagne Nazie. L'une de ses soeurs sera exécutée par ce régime en 1943. "A l'Ouest Rien de Nouveau partira dans la fumée des autodafés.
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