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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce livre est le récit de la mélancolie d'un exilé, allemand opposé au régime nazi, détenteur du passeport d'un ami juif décédé (de mort naturelle), dans l'Amérique de 1944. Tout lui fait penser aux souffrances du passé - les moments agréables aussi - et il n'arrive pas à revivre, tout simplement.
A la fin du livre, une courte biographie nous rappelle qui était cet écrivain auteur du célèbre "A l'ouest, rien de nouveau" (objet d'émeutes en Allemagne lors de sa parution en 1930).
L'errance de ce banni, qui ne trouve nulle part sa place et voit au-delà des apparences d'une Amérique heureuse, est bien rendue. C'est un récit philosophique qui fait réfléchir.
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A cette époque, les réfugiés venaient d'Europe.

1944. le narrateur qui a fui l'Europe attend un permis de séjour à Ellis Island pour entrer aux Etats-Unis sous l'identité d'un homme mort, Ludwig Sommer. Comme pour tant d'autres exilés, l'attente est longue et les chances de succès assez maigres. Un bienfaiteur lui envoie fort opportunément des avocats qui négocient son entrée provisoire sur le territoire. Sommer peut enfin marcher dans une ville en paix. Balbutiant l'anglais, ahuri par les usages locaux, il trouve cette ville bien étrange : l'existence ici est frivole ou occupée par le besoin de travailler. Il comprend assez vite que les réfugiés - le pire étant les Allemands comme lui (les alien ennemies) - vivent en marge de la population, rongés par les souvenirs de la guerre ou le désir de vengeance.

Ce texte inachevé est une surprise. Une bonne surprise.

Pourtant ce n'était pas gagné : voici un roman d'un auteur dont A l'Ouest rien de nouveau a éclipsé le reste de son oeuvre pour le grand public ; un texte tronqué car l'auteur est décédé en cours d'écriture. Or, ce livre posthume est porteur de promesses, comme son titre ; et le lecteur y trouve véritablement son compte.

Bourré de personnages très humains et de situations cocasses, on y trouve un auteur totalement différent de son oeuvre majeure : un humour doux-amer, des dialogues entre amis autour d'une bonne bouteille de vodka, une écriture très moderne et cinématographique, des femmes qui font rêver, une humanité désabusée mais prête à chercher le salut dans l'amour et la camaraderie.

Le récit a des résonances tout à fait actuelles quand il décrit les cohortes entassées devant New York : "Lamentables bateaux fantômes modernes, fuyant les sous-marins et la dureté des coeurs, cargaisons de morts vivants et d'âmes damnées dont le seul crime était d'être des hommes et des femmes et de vouloir vivre."

Le paradoxe est que New York, ville sans ruines où les réfugiés ne trouvent nulle frontière ni soldats, ne peut leur donner véritablement cette paix ou le soulagement qu'ils espéraient tant : les noms de leurs compagnons décédés en chemin et leurs familles laissées en Europe sont des motifs de remords. Leurs fantômes hantent les nuits des survivants. Remarque pose la question : le courage n'est-il pas plutôt du côté de ceux qui ont accepté leur mort en silence ?

Fidèle à sa vision humaniste et acerbe à l'égard des Nazis et de leurs complices, Remarque donne aussi sa vision d'une Europe détraquée : " La haine de l'étranger est le signe le plus sûr de la barbarie."

Décrivant par le menu les péripéties de la communauté et les activités rocambolesques de Sommer auprès de marchands d'art, ce roman n'est pas achevé et laisse au lecteur le choix de la fin. C'est peut-être cela la meilleure conclusion que Remarque pouvait donner à ce texte fleuve et salutaire.
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Les Etats-Unis, cette terre tant promise et pourtant depuis longtemps difficile à « habiter ».
Ce roman je l'ai choisi après la lecture de la critique faite par Jean-Pierre, pseudo Kielosa, d' «  A l'Ouest, rien de nouveau ». L'auteur m'était inconnu alors que dans son pays il était considéré comme un des meilleurs auteurs allemands.

« Cette terre promise » est le dernier roman, inachevé, d'Erich Maria Remarque. Inachevé car il était entrain de l'écrire au moment de sa mort en 1970, à 72 ans. Ce douzième roman serait paru une première fois en 1970 mais aura été retravaillé et traduit en 1998. A priori l'auteur n'aurait pas voulu le faire paraitre en l'état, mais son épouse en a décidé autrement, d'où très certainement la première édition revue fin XXe siècle. Depuis deux siècles sa famille a essentiellement vécu dans les régions rhénanes en Allemagne mais, avant cela, elle aurait eu des origines françaises. Il s'écrit d'ailleurs qu'il aurait même cherché à germaniser son nom en le modifiant en Remark.
On est à l'été 1944, en pleine guerre donc. Ludwig Sommer, un jeune allemand pourchassé par les nazis, décide de fuir sa terre natale pour rejoindre les Etats-Unis. Il réussi à débarquer à New York.
Après l'obtention de son permis de séjour il espère redémarrer une nouvelle vie mais est toujours et encore freiné par ses souvenirs en Allemagne. On le suit dans tous ses périples d'installation et d'immersion dans le pays. Travail clandestin puis légal, la découverte de technologies inconnues, l'amour de l'art aussi bien que les marchands d'art. Il y côtoie d'anciens allemands qui avouent, concèdent que pour les assassins, « leur cher pays natal est la partie de la bonne conscience ».
Le ressenti d'immigré y comme souvent difficile, mais aussi très intéressant car vu sous un angle moins dramatique qu'au XXIe siècle.
Quelle belle écriture à l'image de cette citation certes une des phrases les plus pessimistes de l'oeuvre, mais tellement bien rédigée :
« La mort fait son nid. Elle ne grandit pas en nous, elle est beaucoup plus habile. Si elle grandissait en nous, ce serait plus simple … Mais elle vient sans bruit de l'extérieur ».
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On est comme dans une suite à distance de Les exilés. le narrateur, allemand déchu de nationalité, qui a connu des années de fuite, de cachettes, de camps d'internement, arrive en Amérique avec le passeport d'un ami juif (quelle ironie !) décédé.

Il intègre une petite communauté d'immigrés divers, qui se soutiennent, s'assistent, se trahissent parfois. Chacun traîne ses propres blessures et errances. Chacun survit. Ils boivent tant et plus, et déambulent; ils parlent, parlent, parlent…

Car si objectivement la vie est maintenant protégée, l'oubli reste impossible, les fantômes des souvenirs sont là, les cauchemars harcèlent, et le quotidien, ce pis-aller, cet absurde enracinement petit-bourgeois, n'a guère de sens.

Seule l'amitié, l'amour et l'art offrent dans cette d'errance, quelques fugaces éclairs salvateurs.

le roman reste inachevé au lendemain de la victoire en France, et l'on n'en est même pas frustré: cet inachèvement-même est une parfaite image d'un avenir qui veut s'ouvrir, mais reste totalement fermé : rester ? rentrer? se venger ? se ranger???…

Il y a quelque chose de poignant dans cet ample récit de l'exil, cette mélancolie élégante qui masque - mal - le désespoir, ces dialogues élaborés, cette noblesse souffrante, ces espoirs définitivement muselés. S'ils habitent enfin quelque part , ces héros du siècle n'en finissent pas de chercher une douceur perdue. C'est très beau, cela ressemble à un vieux film en noir et blanc, avec des lumières travaillées, des intérieurs feutrés ou misérables, des acteurs aux gueules pas possibles. J'aime beaucoup Remarque, dont la gravité désespérée, dans une réelle intelligence du coeur, se mêle souvent d'ironie et d'humour.
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