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3,78

sur 53 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Katia, 20 ans, et Nastia, 24 ans, sont cousines et habitent à Belaretchensk, en Sibérie orientale.
La vie y est dure et l'argent manque. Nastia rêve de partir pour Moscou, échapper à la misère, s'éloigner de sa mère alcoolique et surtout pour y trouver le luxe et un homme riche, elle convainc Katia de l'accompagner, celle-ci voulant trouver l'argent nécessaire pour soigner son père accidenté et aider son frère prisonnier.
Leur arrivée dans l'eldorado rêvé est très difficile, pas d'endroit où se loger, pas de travail, pas d'argent...

Tout sépare ces cousines, autant Nastia est méchante, jalouse, envieuse, vulgaire, paresseuse, inculte et ne cherche qu'un homme riche pour l'entretenir, autant Katia est tout l'opposé, elle est pure, vierge, à beaucoup lu, travailleuse, aime Mozart et ne pense qu'à sa famille qu'elle veut aider, a des scrupules moraux ...
Contraste saisissant donc, un peu forcé peut-être si Victor Remizov ne nuançait pas quelque peu le portrait peu flatteur de Nastia.

Katia trouvera un travail de serveuse dans un restaurant, rencontrera Alexeï qui sera amoureux d'elle (mais partira étudier à Londres) puis après un événement dramatique Andreï, un milliardaire. Nastia vivra aux crochets de Mourad, un caïd.

le roman nous confronte à deux visages différents de la Russie d'aujourd'hui : la pauvreté extrême et le luxe opulent, les Moscovites et leur mépris pour les personnes arrivant des ex-républiques, il y a tout un monde entre les proches du pouvoir ou les oligarques véreux et les autres qui luttent pour simplement survivre, entre Moscou où la corruption règne et où tout peut s'acheter.

L'auteur détaille bien les deux principales protagonistes mais s'attache aussi aux personnages secondaires.

C'est une image cruelle de la Russie actuelle, de sa jeunesse qui rêve d'avenir.
le roman se lit facilement, il est parsemé de dialogues et ses 400 pages sont avalées rapidement


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Deux cousines sibériennes décident de partir pour Moscou dans le but de gagner plus d'argent et d'avoir enfin une vie digne de ce nom. Elles sont jeunes, belles et motivées. Nastia est de loin la plus décidée. Son objectif : trouver un homme riche qui saura l'entretenir. Pour cela, elle est prête à tous les compromis. Entrainée dans ce périple, Katia y va pour envoyer de l'argent à sa famille, ce qui permettrait à son père d'être opéré suite à un grave accident et à son frère d'être libéré de prison (dans ces situations, seule la corruption fait avancer les choses).
Après quelques temps de galère, chacune va faire son chemin. Nastia va se mettre en couple avec Mourad, gérant dans un marché, mais surtout mafieux, menteur et mac. Loin du prince charmant tant espéré. Quant à Katia, elle multiplie les admirateurs bien malgré elle : son colocataire Alexeï, un photographe publicitaire, le personnel du restaurant qui l'embauche, puis le millionnaire Andreï, prêt (?) à tout lâcher pour elle. Malgré cela, Katia garde une certaine naïveté, voire une pureté face aux événements. Des hommes qui pour la plupart veulent régenter la vie des jeunes filles. Mais la différence des parcours va alimenter la jalousie de Nastia.
Ces deux destins permettent à l'auteur de décrire la Russie contemporaine : restrictions des libertés, corruption, pouvoir de l'argent, mainmise des oligarques et des mafias, inégalités flagrantes entre une minorité très riches et une grande partie de la population qui tente tant bien que mal de survivre. Victor Remizov, par de nombreuses allusions et piques, critique le pouvoir en place (il fait notamment référence à la guerre entamée en Ukraine, ce qui devait alors être possible !).
Un roman, parfois un peu trop manichéens, qui décrit sans détour une société qui a mal digéré son entrée fracassante dans le capitalisme, une démocratie qui a peine à s'imposer et un racisme systémique envers les minorités ethniques, ou simplement envers les provinciaux. Loin d'une carte postale idyllique de ce pays et des remarques qui plus que jamais sont d'actualité.
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Katia et Nastia, deux cousines arrivent à Moscou, elles viennent du fin fond de la Sibérie, près du lac Baïkal. Deux filles aux caractères et aux tempéraments différents, Katia est intelligence, belle et rêveuse, Nastia est vulgaire, fourbe et intrigueuse.
Remizov décrit l'écart entre campagne où la solidarité règne malgré la misère et la capitale où la corruption et l'argent sont maîtres, où les Moscovites méprisent les émigrés venant d'anciennes Républiques de l'URSS : Azéri, Tadjiki, Kirghizi...
Un beau roman russe contemporain.
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Voici un roman qui permet de plonger à la fois dans la vie dure et aride d'un village de Sibérie et dans l'effervécence et la débrouille de la vie moscovite puisque deux cousines, Katia et Nastia décident un jour de tenter leur chance à Moscou. Il leur faut en effet quitter leur patelin pour pouvoir trouver un travail (qui manque dans leur Sibérie natale) et essayer d'aider au mieux leurs familles pauvres et en difficulté. Ces filles ont des conditions de vie compliquées, la mère de l'une étant alcoolique, le père de l'autre alité à cause d'un accident, et son frère en prison…

Après leur « rêve moscovite », elles découvrent que la vie dans la capitale n'est pas non plus exempte des duretés de la vie, certes elles gagnent mieux mais la vie y est bien plus chère. On se rend compte alors que les deux cousines ont des personnalités et une façon de voir la vie bien différentes. Aux rapports amicaux des débuts se mêlera la jalousie et la cruauté de l'une d'elle, due en majeure partie à sa bêtise car elle semble ne pas se rendre compte de la grande souffrance infligée par ses bas calculs.

Mais on y découvre aussi des personnages attachants, des rapports mi fraternels, mi amoureux se nouent entre Katia et Alexeï puis Andreï, on ne sait pas trop sur quel pied danser, comme les personnages qui s'interrogent sur leurs sentiments, surtout Katia (mais aussi Andreï). Amitié, amour, quelle est la frontière entre les deux, comment savoir si l'on aime plus une personne ou une autre ? Et Nastia s'attache elle aussi en dépit de son attitude détachée et lucide, vit une relation faite de hauts, de bas, de passion physique avec un jeune homme qui lui ressemble. Ce sont essentiellement ces relations qui vont porter le récit à partir du moment où les personnages principaux ont de quoi subvenir à leurs besoins.

Et c'est pour cela que les dialogues sont si présents. À ce sujet, c'est-à-dire le style de l'auteur, j'ai un sentiment étrange car j'ai été parfois conquise par le genre de dialogues qu'il met en place, parfois vraiment agacée. Cela vient du fait qu'en général, dans les romans, seuls les éléments les plus signifiants sont conservés, sont évitées les répétitions, les redites (ou bien conservées mais à titre exceptionnel, et l'on sent une vraie progression dans les échanges au fur et à mesure). Les hésitations renouvelées sont rapportées dans des discours indirects ou narrativisés, pas principalement en discours direct. Ici, c'est différent, c'est l'inverse, l'auteur n'a pas suivi la règle implicite d' «économie du récit », tout est dit, redit, dans chaque dialogue ou bribe d'échange, les personnages se parlent mais ne rebondissent pas toujours sur ce que l'autre dit, laissent parfois des blancs, expliquent une énième fois ce qu'ils ont déjà expliqué à l'autre. Parfois, cette redondance agace fortement (en tout cas, pour ma part je l'ai été), parfois ça aide à mieux sentir les personnages, avoir l'impression d'être vraiment là, avec eux car ça donne une grande impression de réalisme en même temps.

Mais à d'autres moment, on a aussi le sentiment que le narrateur (et l'auteur derrière) cherche à donner l'apparence de discussions poussées et profondes alors qu'en fait non, ce n'en sont pas (par exemple quand Alexei ou Andrei s'émerveillent de l'érudition de Katia mais où ne sont cités que les noms des grands auteurs qu'elle lit, sans vrai début de conversation sur leurs livres eux-mêmes).
Katia elle-même m'a parfois irritée, avec sa naïveté, ses remarques fréquentes sur son gentil papa, sa maman, sa grand-mère, son regret de son petit village où ses seuls amis étaient les membres de sa famille (quel jeune de 25 ans voudrait vraiment vivre uniquement avec papa, maman et les grand-parents toute sa vie ?) et son trop grand angélisme dans certains extraits (je ne compte plus le nombre de fois où j'ai lu dans la même page « regard coupable », « honte », « rougit », « regard gêné » ou « le rouge aux joues » à son propos. Je crois que c'est un tic de langage de l'auteur !) Et l'auteur semble aussi associer la pureté morale, le sens du devoir, la bonté et le fait d'être intellectuel au désintérêt pour la sexualité ou à la virginité tardive (comme si une personne ne pouvait pas aimer les plaisirs charnels tout en étant profondément gentille ou intellectuelle !)

Je mets 3,5 pour les défauts cités (mais je sais que c'est très subjectif), même si j'ai hésité à mettre 4 comme j'ai été happée par le passage après le drame survenu et par la fin du roman.
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Troisième lecture pour "Le mois de l'Europe de l'Est".

Devouchki (« jeunes filles » en russe) retrace l'histoire de deux cousines de 24 et 20 ans qui décident de fuir la misère de leur Sibérie natale pour le faste et les lumières de Moscou. Nastia est aussi blonde, vulgaire, amorale, calculatrice et jalouse que Katia est brune, pure, naïve, droite et généreuse. Si Nastia a pour unique ambition de se trouver un homme riche pour l'entretenir, Katia est déterminée à réussir par elle-même et à travailler d'arrache-pied pour pouvoir notamment payer une opération très onéreuse à son père devenu infirme suite à un accident dramatique.

A travers le parcours de vie de Nastia et Katia, Victor Remizov dresse le portrait d'une jeunesse qui cherche à se construire dans une société à deux vitesses. Sans trop de regrets, les deux cousines laissent ainsi derrière elles une petite ville sibérienne isolée et misérable dans laquelle les perspectives d'avenir sont quasi nulles pour tenter leur chance dans la mégapole moscovite, incarnation flamboyante d'un avenir meilleur pour des milliers de jeunes et d'immigrés en provenance notamment d'Asie centrale.

Tout d'abord étourdies par cette ville dans laquelle tout semble possible, grisées par ses lumières, son effervescence, son luxe et ses nombreuses promesses, Nastia et Katia déchantent à mesure qu'elles doivent se confronter aux dures réalités de la capitale. Moscou se révèle en effet cruelle, dévoilant peu à peu sa violence, sa corruption, ses mensonges et sa xénophobie.

La première partie du roman m'a véritablement emportée par sa dimension sociologique et la capacité qu'a Victor Remizov d'explorer les paradoxes de la société russe contemporaine. La seconde m'a en revanche moins plu dans la mesure où l'auteur change radicalement de registre. Il passe ainsi d'un roman d'apprentissage reposant sur une analyse sociétale très intéressante à une histoire d'amour ennuyante et caricaturale. Il faut toutefois préciser ici que je ne suis pas une bonne cible pour les histoires d'amour… Par ailleurs, je regrette le manichéisme dont il fait preuve dans le traitement de ses deux personnages principaux.

Ceci dit, je ne regrette absolument pas ma lecture car la première moitié du livre a amplement suffit à me donner envie de retrouver l'auteur et de lire son premier roman!

Lien : https://livrescapades.com
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