Marseille, on en parle beaucoup dans les médias… et pas vraiment en bien. Et les quartiers nord de Marseille, c'est encore pire. Ceux qui ne sont pas du coin imaginent des gangs violents à chaque coin de rue, des enfants gangsters, des rixes sanglantes au couteau, des morts par balles, des trafics en tous genres… Pas vraiment faux, mais.
Mais il y a aussi des collégiens ou des lycéens qui tentent tant bien que mal d'apprendre quelque chose pour assurer leur avenir au sein de la société. Ou de ne rien apprendre, c'est selon. Et il y a surtout des profs, mais pas des profs comme ceux qu'ont nos enfants, non, une race bien plus rare, et bien plus coriace également. La race de ceux qui ont choisi d'enseigner dans des établissements « chauds ».
Dominique Resch est de ceux-là. Un fou, me direz-vous ? Un utopiste ? Ou juste un prof qui croit encore en la force de la passion et de la patience pour enseigner : transférer son savoir dans les têtes de jeunes qui ne demandent pas grand-chose, sinon qu'on leur fiche la paix, et en général se fichent de connaître les poètes français ou l'histoire de leur pays… Et pourtant… Et pourtant ça marche !
Avec un humour mordant et une bonne dose d'autodérision, l'auteur nous parle de sa vie professionnelle, de ses élèves, des cours de français ou d'histoire qu'il tente tant bien que mal de donner et selon toute apparence plutôt bien que mal. Nous le suivons le premier jour de cours, à la première leçon avec le test de la poubelle, qu'il est indispensable de réussir haut la main si on veut assoir son autorité pour l'année (sinon, galère…) jusqu'à la fin de l'année, sans chronologie apparente. Nous nous amusons avec le vocabulaire de ces jeunes, leur façon de parler et d'agir, leurs codes qui sont comme une langue étrangère au néophyte, leurs émotions aussi, et parfois leurs peurs.
C'est passionnant et drôle, et le lecteur s'attache à ces jeunes, dont on sent qu'il leur faudrait parfois juste une étincelle pour les sortir de leur spirale de banlieue et de violence, de pauvreté et de désillusions. Et bien sûr on ressort admiratif pour ce prof courageux et passionné par son métier, son devoir de transfert, mais tout à fait conscient des limites de son enseignement. Une lecture enrichissante autant qu'une lecture plaisir, qui permettra au lecteur de jeter un oeil différent sur ces quartiers difficiles dont on parle tant, et également de commencer son apprentissage du parler marseillais et de l'argot local, avec ses verbes à la conjugaison tout à fait aléatoire dont il est impossible de connaître le sens et la bonne utilisation sans initiation préalable...
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