As part of Phaidon's school partnership program, Phaidon presents author and art-market economist Magnus Resch in conversation with art critic and writer Kimberly Bradley on Resch's new book How To Become a Successful Artist. This event is presented in partnership with Maryland Institute College of Art (MICA), New York School of Interior Design (NYSID) and Temple University.
- Bon, il faut que je vous parle, m'sieur.
- Je t'écoute, Karim.
- Je suis embêté pour vous.
- Pourquoi ?
- Ben parce que vous avez pas de chance.
- Pourquoi tu dis ça ?
- Parce que ça tombe mal pour vous. Voilà.
- Mais enfin... De quoi tu parles ?
- Ça me gêne de vous le dire... Mais j'ai toujours pas commencé le devoir qu'on doit vous rendre aujourd'hui.
- Qu'est-ce que tu fais là, Eduardo ?
- Je me suis fait renvoyer.
- Encore ?? Et pourquoi ?
- Ben, parce que je travaille pas.
- Tu ne peux pas arrêter de te prendre pour un mauvais élève ?
- Je me prends pas pour un mauvais élève... Je SUIS un mauvais élève.
- Ce que je veux te dire, c'est que si tu arrêtais de te considérer comme un mauvais élève, tu pourrais devenir un bon élève. Ça dépend de toi. Tu comprends ?
- Mais non... Vous comprenez pas.
- Si tu travaillais un peu, déjà, ça changerait.
- Ben non, ça peut pas changer. Si j'étais un bon élève, je travaillerais... Mais j'suis pas un bon élève, c'est pour ça que je travaille pas. Je vois bien que vous comprenez pas ça, m'sieur.
Prof n’est pas un vrai métier. C'est une discipline sportive. Une épreuve d’endurance. Un marathon où le plus teigneux gagne à la fin. Le plus accroché à la vie, aussi absurde soit-elle. Je suis et serai jusque dans l’autre monde celui qui vous empoisonna l’existence sans mesure. Si vis pacem para bellum. Alea jacta est. Advienne que pourra. Tous les coups sont permis.
- Tendre ... à l'imparfait, à la troisième personne du pluriel, ça fait ?
- Ils étaient tendres ?
marie 8ans
Ma grand-mère, elle est morte, on l'a enterrée, mais j'ai pas bien compris si elle allait repousser
Ainsi, pour la première fois en classe, afin de pouvoir lire un texte à mes élèves, j'enfile une paire de lunettes pour voir de près, en essayant de donner à mon geste un maximum de spontanéité, histoire de ne pas attirer l'attention sur cette nouveauté.
Cela n'échappe pas à Fahad :
- Oh, m'sieur, vous êtes passé à la haute définition ?
Par-dessus mes verres, je regarde Fahad. Il sourit. Il est jeune. Il n'a pas une ride. Il a encore tous ses cheveux. C'est bien vrai : le prof décline mais pas les élèves. (...) Seul le prof, à jamais médiocre, redouble à l'infini, et vieillit sur place.
Je connais tout.
La superficie du Groenland au centimètre carré près, le poids de l'armure de Bayard au gramme près et le temps de digestion de la loutre des Pyrénées à la seconde près.
Tout.
Je sais absolument tout.
Si un conflit vient à éclater entre l'Irlande de Nord et la Corée du Sud, non seulement je sais exactement c'est la faute à qui mais en plus je sais qui va avoir gain de cause et de quel côté est Dieu.
Tout.
Normal je suis prof.
Si le prof doute, sortez les sarbacanes et envoyez les boulettes. Du coup, pas de problème : je connais tout. Je maîtrise tout. Je parle comme un livre ouvert. Et je ne doute jamais de rien.
Jamais.
Un prof qui doute, c'est une cible. On raconte n'importe quoi aux apprentis profs quand ils apprennent le métier : quelqu'un qui enseigne aurait le droit de douter, voire de se tromper comme tout le monde... Bien sûr que non. Tout le monde a le droit de commettre des erreurs – même les médecins -, mais pas les profs. S'aider d'un dictionnaire ou de n'importe quel bouquin afin de pouvoir répondre à la question un peu pointue d'un élève, c'est la meilleure façon de devenir, oui, une cible. Le prof doit parler comme un livre ouvert parce qu'il a la science infuse. C'est simple. En classe, en cas de doute, je préfère mille fois inventer n'importe quoi que vérifier ma réponse par une aide extérieure. Le prof qui pompe, c'est zéro. Déjà qu'il lui arrive d'être noté par un inspecteur (ça, c'est pas clair), s'il se met à tricher, ce n'est plus possible.
J'adore ce métier. C'est le plus beau du monde. Même quand Dylan m'en veut de faire les choses à moitié : être seulement en retard et pas complètement absent.
(intro de l'auteur, p. 5)
Depuis la salle de classe, par la fenêtre, on pouvait voir alors des traces de pas grimper au mur. ça faisait comme un chemin vers nulle part. Des gosses qui auraient couru vers le ciel et qui se seraient envolés, en bout de course
Quand on court après une fille, on ne va pas lui parler de sexualité. Ce serait exactement comme discuter de technique de pêche avec une sirène.