Maintenant je vais l’aimer aussi parce qu’il dort, et que son sommeil est encore plus attendrissant que tout le reste !… Tu vois, je venais de toucher le fond de la pornographie, de l’horreur, de l’indicible…
Non, en quelques secondes tu as abandonné ta lutte. Tu as soulevé les reins et fermé les yeux. À ce moment-là j'ai été si fière que j'ai oublié de mettre mon doigt sur mon clitoris...
Quel goût avais-je ce soir là ? Étais-je sous ta bouche assez salée, assez fruitée, assez sauvage, assez épicée ?
J'accomplis le reste avec sérieux, avec ferveur, avec la douleur et le plaisir de travailler longtemps et de choisir des mots, des formules et des phrases pour accoucher seule de notre œuvre commune : un enfant de l'amour, un enfant de papier, fabriqué avec ta semence - les souvenirs que tu m'as laissés, les rêves que tu m'as inspirés - et né de mon labeur fidèle, de ma gésine d'écrivain ; l'enfant de papier d'une femme de papier...
Je crois que je suis née avec ce sillon, avec cette grotte pour un jour te connaître, te les donner, et désormais me sentir vide quand tu n'y viens pas... Comme tu es délectable, ce soir, et comme tu me fais jouir ! Si je te disais que tu m'as appris mon corps, et le plaisir d'en jouer, est-ce que tu me croirais ? Si je te disais que je n'ai jamais été aussi heureuse d'être une femelle chaude, ouverte, odorante, facile, tu me croirais aussi ?
Il y a un quart d'heure, j'ignorais totalement que j'avais un sexe.
Je ne pus m'empêcher de penser, à cette minute-là, à toi et à notre première fois. Tu avais exigé, malgré mes prières, la lumière sur mon corps nu, et j'avais été offusquée de ta goujaterie à me forcer, à me détailler comme un cheval qu'on va acheter ou tout simplement monter