- Y a rien qui dit que le premier doive toujours être un homme.
- Non mais dis donc, toi ! Tu crois que Paris t'appartient ?!
- Hého ?! Quand on sait pas conduire une charrette, on va à pied, niguedouille !
- De quoi ?! Mais... heu... PAYSAN, VA !
- - Le "paysan", il te tamponne le coquelicot, l'artiflot ! Espèce de sale cabot ! Pioupiou des Alpes ! Bleu-bite ! Jean-Jean-la-fraise !
- Et vous êtes fière de vous, j'imagine ?!
Pensez-vous qu'il s'agisse là d'un comportement digne d'une jeune fille ?...
... De surcroît issue d'une si bonne famille ?
J'ai souvenir que votre mère, Élisabeth, fut ici même une élève bien plus sage !!!
- Qu'est ce que ma famille a à voir avec un match de basket ?! Et s'il y avait eu un arbitre en Algérie ou en Crimée, mon grand père ne serait jamais devenu général ni officier de la légion d'honneur !
- Oui, eh bien, je me demande justement si ce n'est pas du sang d'indigène ou de sauvage qui coule dans vos veines, jeune fille !
- Du sang de... ? Mais, dites, et votre sang à vous ?
- Violette ! Attention à...
- Vous pensez qu'il coule directement du "tirlili" de Jésus-Christ ?...
Pfff... et alors ?! cinquième ou dernière, c'est pareil pour moi !
- Mais... à quoi tu joues ?!
- A rien, justement ! J'en ai plus qu'assez de la comédie ! Marre d'être la fille de, la femme de, une pépée ou une poule. Je suis Violette Morris et je vous emmerde !
- Violette, réfléchis ! Les gens vont penser que tu es une malade ! Une dégénérée !
- Et alors ? Qu'ils pensent ! Ça ne leur fera pas de mal !
Y a rien qui dit que le premier doive toujours être un homme !
Je voudrais être certaine que Violette Morris n’a pas été tuée, elle aussi, pour ce qu’elle était : une femme comme les autres hommes, homosexuelle, d’une liberté absolue et par la même scandaleuse… Sinon, dis-moi pourquoi nous serions-nous battus ? [Lucie Blumenthal, p.55]
Ya rien qui dit que le premier doive toujours être un homme ! [p. 31]