🌑 « Il n'y a pas de lieux dans la tragédie. Et il n'y a pas d'heures non plus. C'est
l'aube, le soir ou la nuit. »
(P.94)
🌑 En 2007,
Yasmina Reza devient l'ombre de
Nicolas Sarkozy lors de sa campagne présidentielle, et fait le portrait d'un homme dans sa course effrénée vers le pouvoir et la conquête d'un électorat.
🌑 «
L'aube, le soir ou la nuit » est le titre révélateur d'une tragédie que je n'attendais pas être celle d'un homme politique non fictif (ah, si seulement je lisais les quatrièmes de couverture !). L'expérience est étrange, le texte est formé de bribes, d'extraits de discours et de discussions intimes, mêlés à des pensés personnelles, à des citations d'auteurs pour, je crois, donner de la profondeur à cet exercice qui, selon moi encore, en manque cruellement.
🌑 Oui, l'histoire de cet homme n'est peut-être que la version non édulcorée et accélérée de la vaine recherche d'un « quoi » non identifié, (ça attendra plus tard - que se cache-t-il derrière ce « ça »?), la soif d'une revanche sur la vie, sur les autres, sur soi avant tout. Parfait exemple de ce qu'est devenue la politique, Reza illustre néanmoins merveilleusement la distorsion des intéressés qui prétendent et revendiquent « l'oubli de soi » alors qu'ils ne démontrent précisément que « l'oubli d'autrui ». Manifeste de la faiblesse devenue arme destructrice, j'aurais aimé que l'opportunité de vivre dans l'ombre d'un futur président permette à élargir le sentiment de vacuité, de non-sens voire de folie qui régit les hommes, incapables d'accepter et offusqués du soutien qu'on leur apporte, ironiquement horripilés par les critiques qui les descendent. Désir de vaincre, n'est-ce pas courir après ce qui nous échappe ? Chronique d'une insatisfaction persistante, voilà un titre qui aurait peut-être été plus authentique et moins trompeur que ce triptyque aux accents de tragédie grecque.
🌑 « Combien de fois ces bribes de mots, ces phrases faussement avortées, ces hésitations pudiques ! La plus grande entreprise de charme, au sens premier du mot, une gaucherie ensorcelante pour faire passer l'idée. »
(P.59)