Yasmina Reza a accompagné
Nicolas Sarkozy pendant sa campagne présidentielle en 2006-7. Elle le regarde dormir dans l'avion des déplacements (il n'aime pas le train), feuilleter à toute allure la presse sans la lire (et reconnaître que les critiques peuvent le blesser), demander un autographe à
Marc Lévy (« tu as pas une feuille Yasmina, quitte à être plouc, autant l'être jusqu'au bout! »), prononcer des formules vides quand il pense plus profond et d'autres incroyablement candides sur ses ambitions, s'énerver, préparer ses discours avec
Henri Guaino, prendre en photo sa photographe Elodie, être jaloux quand Yasmina parle avec
Michèle Alliot-Marie…
C'est curieux de lire ce récit de découverte, après que sa présidence et les affaires judiciaires ont changé notre image. D'ailleurs le livre est dédié à un certain « G », qui « nourrit la même ambition », que Reza « connai[t] pudique et secret », et qui ne serait autre que… DSK. Je suis restée songeuse quant à l'intérêt pour les hommes de pouvoir qui anime cet écrivain (car elle refuse le féminin écrivaine): quelle est sa lucidité sur ce qu'ils sont à l'intérieur ? Quelle importance y attache-t-elle…? Et plus loin, que savons-nous des gens qui nous gouvernent, de nos artistes et autres personnes en vue, et même des gens qui nous sont proches…?