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3,15

sur 666 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le XXIème siècle et ses dérives connues.
Yasmina Reza les parcourt en nous racontant l'histoire des uns et des autres d'une famille somme toute ni plus ni moins pire que d'autres.

Chaque caractère développé, chaque dialogue vif et révélateur, chaque situation peuvent trouver écho chez chacun.
Tout est parcouru sans s'étendre trop longtemps, ce qui donne un côté faussement léger aux personnages.

Personnages, le mot est lancé car les dialogues ont la brillance de scènes théâtrales où Yasmina Reza excelle.

Le voyage à Auschwitz et Birkenau, loin de toucher aux symboles, montre à quel point le Temps passe.
Les nouveaux Temps sont ceux de notre vie, les selfies, les files, la visite en dix minutes…

De l'humour, du mal être, des querelles familiales, un Serge hors d'une réalité ou au contraire d'une lucidité noire, l'amour qui relie les êtres et les font se retrouver en dépit de tout, le livre fourmille d'instants pépites.

Une observation (un exemple avec la « scène » de l'enterrement de Maurice!) piquante, clairvoyante et décapante nous emmène au tréfonds de l'âme humaine.

Un livre avec des hauts et des bas, un livre qui se lit aisément, parfois interpelle, ne laisse pas indifférent mais s'oubliera sans doute…
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Dès les premières pages, le ton est donné : le narrateur, Jean, le "garçon du milieu" dans la fraterie, n'a pas le maillot adapté pour la piscine et s'en fait prêter un trop étroit, quasiment castrateur. Ce sera, pour moi, le premier rire d'une longue série. Je trouve qu'elle est vraiment drôle, Yasmina Reza : un humour grinçant, précieux et nécessaire en ces temps oppressants. 

"Serge" est l'histoire d'un clan, avec ses discordes et ses jalousies, mais aussi ses liens indéfectibles. Il y est donc question de liens familiaux qui enchainent, de rancunes et de souffrances, mais aussi de mémoire et de devoir de mémoire, et du temps qui passe, du vieillissement, surtout.

Yasmina Reza m'a impressionnée par l'intelligence et la parfaite justesse de son observation de la nature humaine. Son écriture, nerveuse, corrosive, douce-amère, m'a beaucoup plu. Selon moi, ce roman repose avant tout sur la pertinence et l'humour que renferment ses dialogues. Savoureux, ils arrivent à nous faire rire, chose assez étonnante quand on connaît les thèmes abordés.

Lors de la visite du camp de concentration, moment central du récit, elle décrit parfaitement le décalage total entre les réactions des personnages et l'objectif de souvenir que ces lieux veulent susciter. Les prises de tête déplacées entre les protagonistes rappellent à quel point l'homme est capable de ne se préoccuper que de ce qui le touche intimement, même face à une tragédie telle que l'holocauste.

Ce livre est un jolie découverte, qui se lit vite et avec délectation. L'auteure décrit un quotidien qui peut sembler banal, et le rend attachant et émouvant, grâce aux mots prononcés par les personnages, des répliques parfois cinglantes, qui rythment le récit et rendent sa lecture incroyablement plaisante.
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De nos jours, une fratrie juive parisienne, les Popper, tous trois dans la soixantaine, entame un pèlerinage à Auschwitz à la disparition de leur mère, tel est le pitch de ce roman de Yasmina Reza sobrement intitulé ‘Serge'.

Serge, c'est le frère de Jean (le narrateur) et le père de Joséphine, maquilleuse pour la télé qui a initié ce voyage de mémoire pour y honorer les ancêtres.

A partir de ce canevas, dans un style enlevé et sans pathos, on va découvrir toute une panoplie de personnages, la famille élargie, un peu comme dans un film choral qui met chacun à son tour dans la lumière intrusive du projecteur.

Il y a donc Jean, lui-même, qui poursuit son aventure avec Marion même si celle-ci batifole ouvertement avec un bellâtre de Bouainos-Airesss comme elle dit. Il continue parce qu'elle a Luc, un fils, dont Jean aime s'occuper.

Il y a la mère qui décède d'un cancer le jour où lui est livré un abominable lit médicalisé dont elle ne voulait pas et qui se fera incinérer, un comble pour une juive comme le dit une de ses amies le jour de la cérémonie au père Lachaise.

Il y a Serge, le frère donc, personnage titre décrit comme gros et heureux de l'être (ha, la cure en Suisse) qui soutient financièrement sa fille Joséphine par devoir paternel, bien qu'en pleine rupture déprimante d'avec son épouse italienne Valentina, qu'il trompait allègrement et elle l'a su.

Il y a Nana (Anne), la soeur,mariée à un ouvrier gauchiste catholique espagnol, mariage qui, en son temps, avait scandalisé leur père persuadé que sa fille chérie était promise à un meilleur avenir nuptial. Serait-ce cette union contre nature qui a déclenché le cancer paternel mortel, tout laisse à le penser. C'est elle qui va gérer le voyage pèlerinage.

Il y a également le cousin Maurice, cousin de leur père en fait, fantasque centenaire alité à cause d'un cancer (lui aussi) et de multiples fractures mais dont l'histoire nous est raconté en toute légèreté malgré le contexte.

Décrivant chacun de ces personnages,  le narrateur revient sur l'histoire familiale, moment de rétrospection nostalgique mais sans mélancolie, il déroule le tapis poussiéreux de leur vie collective, fait un bilan au moment de se confronter avec l'horreur de la grande histoire.

D'autres portraits viendront orner ces 203 pages de récits, ceux de la famille agrandie avec l'arrivée des conjoints de la fratrie et leurs enfants, neveux ou nièces, les amis ou connaissances.

Une déambulation dans un lieu de mémoire qui en déclenche une autre, nonchalante, dans des vies liées par le lien du sang qui, seul, ne suffit pas toujours à faire…une famille.

Belle écriture, longues digressions qui nous emmènent, nous emportent, témoins que nous devenons de ce temps qui passe et alourdit les âmes comme les silhouettes.

Beau moment de lecture mais l'aurais-je intitulé Serge ce roman qui ne se contente pas de ne dessiner qu'une destinée ?
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J'aime l'écriture caustique de cette auteure, qui, sans avoir l'air d'y toucher et avec un sens aigu de l'observation nous plonge dans la réalité du monde et brosse , par petite touche, des portraits inoubliables.
J'aime que mon intérêt soit capté par le presque rien, il n'y a pas de grandes intrigues dans « Serge » un point de départ qui accroche et puis nous voilà embarqués : après la mort de leur mère, deux frères et une soeur ( jean le narrateur, Serge l'aîné, et Nana la fille) sur incitation de Joséphine la fille de Serge font un voyage mémoriel à Auschwitz. Les trois ont un rapport assez distendu à leurs origines juives ( leur mère refusait violemment d'être une victime) et c'est à la génération de leurs enfants que se posent des questions d'identité et d'appartenance . Ce voyage qui réunit la fratrie est prétexte à mise en scènes de relations fraternelles assez volcaniques et le fameux Serge compliquent les situations en se montrant désagréable et très peu concerné.
Le narrateur est donc Jean, l'enfant du milieu, qui fait le tampon entre le frère aîné et la soeur. C'est à travers son regard qu'on appréhende cette famille où la force des liens est plutôt dans le conflit que dans la douceur.
Toute cette tragi-comédie est drôle, vive, triste et très humaine.

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Une histoire de famille autour d'une fratrie solidaire malgré quelques dissensions tenant aux personnalités de chacun. Serge, l'aîné leader, Jean, le narrateur et Nana, la cadette déambulent dans une narration d'événements sans véritable intrigue, mais avec une grande qualité des dialogues qui rend la lecture vivante et agréable. La visite d' Auschwitz organisée à l'initiative de Joséphine, fille de Serge constitue le point fort de l'histoire en rassemblant la fratrie pour tenter de retrouver la trace d'un passé familial et faire également, avec beaucoup de recul et d'humour, le point sur leur histoire personnelle.
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Serge est présent depuis le début dans tous les romans, et même les pièces, de Yasmina Reza. L'auteure donne une réalité fictionnelle à son ami de littérature qui a contribué à son succès.
Jean raconte sa famille, la famille Popper, au moment où les enfants se retrouvent orphelins de leurs deux parents juste après le décès de leur père.
Jean décrit leur vie d'après et notamment celle de son frère ainé Serge, héros flambeur de son enfance mais qui se révèle malade d'anxiété et de peurs. Dans sa narration, il associe aussi sa soeur cadette, Anne dite Nana, au destin si dissemblable de ses frères qui a accompagné sa mère jusqu'à la fin.
Cherchant à renforcer les liens avec leurs ancêtres, les frères et la soeur accompagnés de la fille de Serge vont entreprendre un voyage de mémoire au camp d'Auschwitz.
Par ce roman, Yasmina Reza plonge dans le microcosme d'une famille, en décrivant les liens qui existent autant avec les parents qu'avec les frères et soeurs, époux et épouses et enfants.
En relatant le quotidien, les bassesses et les moments d'amour partagé, l'auteure interroge sur ce qu'est une famille et sur les attaches que le temps a forgé. Yasmina Reza n'occulte pas les tiraillements qui se cristallisent dès l'enfance pour empiéter dans le présent et le déstabiliser. Cette mémoire vécue et partagée est celle pour laquelle Yasmina Reza trouve une nécessité à observer, à dire, à raconter.
Car Yasmina Reza dénonce aussi ce devoir de mémoire qui inonde nos vies. Selon l'auteure, le souvenir, la commémoration, la visite de lieux mémoriaux n'évitent absolument pas la reconduction des atrocités qu'ils sont censés dénoncer. Ainsi, elle décrit parfaitement le décalage entre les réactions des personnages et l'objectif de souvenirs que ces lieux veulent susciter. L'ironie, l'humour viennent combler souvent les interstices du quotidien qui ne s'ajuste pas à l'attente de chacun.
Drôle par le récit des travers de chacun. Réussite de la description de cette cruauté filiale, universelle dans toutes les familles. Récits succulents de ces petits arrangements avec la réalité créer pour garantir le souvenir doux et tendre. Tendresse racontée, malgré tout, qui permettent aux liens de se ressouder à nouveau.
Ce roman est une ballade dans une famille au moment où des enfants, même âgés, prennent le temps de se retourner sur leur passé et d'essayer de construire un avenir, privé des parents qui les réunissaient. Mélancolie, sarcasme et souvent cocasserie, cette fiction se déguste comme un bonbon acidulé multi-gout.
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/01/19/yasmina-reza-serge/
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Il s'agit moins de l'histoire de Serge que celle des trois enfants Popper: Serge, Jean et Nana. Ils ont l'âge où l'on perd ses parents, l'âge où ses enfants font leur propre choix, l'âge où les illusions n'existent plus.
C'est l'histoire d'une fratrie, comment elle survit à l'enfance, au temps qui passe, aux maux à venir.
Beau roman, traquant dans la vie quotidienne les liens familiaux, avec justesse et émotion.
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Le portrait par le cadet, du personnage principal, Serge, l'aîné d'une fratrie de 3 enfants, 2 garçons et une fille, Anne. Dans l'enfance, Jean avait fait de serge son idole absolue, maintenant ils ont tous les trois la soixantaine, le début des ennuis de santé, des bilans de parcours de vie, particulièrement au moment où ils viennent d'enterrer leur mère.
C'est un roman familial doux amer, vu à travers les yeux du cadet Jean, qui, sans jamais renier l'admiration inconsidérée qu'il a eu pour son frère, constate ses échecs, ses faiblesses, son incapacité à prendre en compte les attentes et les besoins de ceux qui l'aiment et qu'il aime. Il y a beaucoup de tendresse et de sensibilité dans ce roman et pour peu que le-la lecteur (trice) ait grandi dans une fratrie, il ou elle reconnaîtra, le douillet, les rires, les souvenirs éclatants de bonheur, mais aussi les rancoeurs, les blessures d'enfance qui perdurent toute la vie et qui souvent, façonnent la manière d'être de l'adulte devenu(e).
Décidément Yasmina Reza est une merveilleuse romancière qui parvient, par la narration d'un moment particulier de la vie de quelques personnages réalistes, à l'universel…
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Il y a des livres qui sont difficiles à noter... 'Serge' est un de ceux-là. Non pas que le livre soit mauvais, au contraire, c'est plutôt un très bon livre - et j'aime beaucoup Yasmina Reza. Mais tout, des personnages à l'histoire, est définitivement irritant. C'est exactement le type de livre qui se lit d'un bout à l'autre avec un sentiment d'irritation croissante. le personnage principal est de ceux que vous ne souhaitez pas rencontrer dans la vie, de ceux qui vous font détester les réunions de famille : râleur, de mauvaise foi, se mêlant de tout, faisant empirer les situations au lieu d'aider, déconnecté de la réalité , mauvais mari, mauvais père, mauvais frère, mauvais oncle, égocentrique, bref, toxique. Mettez-le dans le contexte d'une famille juive qui décide de faire un pèlerinage à Auschwitz, secouez légèrement (peu de chose suffit), et c'est le pugilat familial assuré. Irritant donc, et si c'était là le but voulu par l'autrice, alors bravo, 5 étoiles... Mais si on considère le plaisir pris à la lecture, on tombe vite vers un petit 3 étoiles... Au final, un avis vraiment mitigé.
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A l'instar du scientifique observant les microbes et les virus avec son microscope, Yasmina Réza ne cesse d'explorer et de sonder en profondeur les"coeurs et les âmes".
Elle décrit avec précision et un humour grinçant, les fêlures, les faiblesses, les failles, les mesquineries, les comportements ridicules.
Cette fois, son champ d'exploration est une famille juive qui a oublié son appartenance à sa communauté.
Elle scrute, observe, sonde, une fratrie de trois personnages :
Jean, le narrateur, le plus équilibré, en admiration devant son frère ainé, Serge, le flambeur, beau parleur, égoïste et insupportable, Anna, la soeur, leur petite princesse " Nana", mariée à Ramos, gauchiste espagnol issu d'un milieu ouvrier catholique, bouc émissaire des deux frères.
Cette famille, comme toutes les familles, se fâche, se déchire, se dénigre, s'éloigne et, comme toujours, se réconcilie.
C'est L'histoire du temps qui passe, des tranches de vies ordinaires qui, mises bout à bout, par petites touches, nous font entrer dans la psychologie et la singularité de chaque personnage :
Jean à la piscine avec son vieux maillot de bain en tissu, accompagnant Lucas , le fils de son ex-petite amie,
leur mère sur son lit médical dont les derniers mots avant de mourir ont été" LCI"
les souvenirs d'enfance où tous les possibles s'ouvraient,
la relation avec le père qui les battait, les «torgnoles fondaient sans sommation»,
les visites de Jean à Maurice, son vieux cousin malade,
les phobies de Serge, ses maitresses et ses pannes sexuelles,
et aussi Joséphine, la fille de Serge, jeune pousse en mal d'identité cherchant à retrouver ses racines et les traces de leur famille, les entrainant dans la visite du camp d'Auschwitz, devenu un véritable parc d'attraction pour touristes, malgré la mort qui rode,
les comportements de chacun : Nana veut tout voir et cherche à comprendre , Jean observe, Serge est en retrait. Pèlerinage complètement raté,
nostalgie et sentiment d'une vie gâchée, inutile.
Yasmina Reza trouve les mots justes pour décrire nos démons, nos sombres penchants, finalement la solitude des personnages, «l'empire des nerfs» qui nous gouverne.
Elle perçoit avec finesse et malice le ridicule, le risible, l'ironie et l'ambiguïté des situations de nos vies ordinaires, dans une certaine «recherche du temps perdu».
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