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3,15

sur 664 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cela démarre pied au plancher avec deux scènes hilarantes qui s'enchaînent . le narrateur, Jean, se retrouve à la piscine municipale, il a un maillot de bain en tissu, non réglementaire, et se voit contraint de s'en faire prêter un : il se débat avec un vert trop petit dans lequel il ne sait comment placer sa verge. Et quelques pages plus loin, il raconte la mort de sa mère dans un lit médicalisé abhorré, ses derniers mots ayant été LCI, sous le regard d'un Vladimir Poutine caressant un guépard dans un cadre du mur.

Et il faut dire que le roman est très très drôle car Yasmina Reza a l'art de saisir le ridicule qui sommeille en nous, de télescoper les univers jusqu'à un décalage souvent inattendu. le rire est féroce et joyeux. Notamment dans le formidable passage ( qui fera grincer des dents ) du voyage mémoriel à Auschwitz-Birkenau de la famille de Jean. Il fallait oser s'en prendre au totem de l'injonction au devoir de mémoire et choisir ce lieu comme celui où la fratrie va se confronter. Et pourtant, c'est d'une telle justesse de voir ces deux frères et cette soeur, sur les traces de leurs ancêtres hongrois assassinés, incapables de se montrer émotionnellement à la hauteur de la tragédie. Malgré l'empreinte de l'horreur absolue, ils sont à côté, ils ratent leur visite à Auschwitz, entre froideur et émotions feintes, entre Lara Fabian qui gueule à la radio du meilleur resto ( italien ) d' Oświęcim et touristes en tongs et perches à selfies qui se croient à Marbella. le narrateur n'y retient que sa soeur, pourtant en pleine recherche philosophique, a vieilli.

Ce n'est pas un livre sur des juifs même si la famille juive Popper en est le coeur. C'est un livre sur la famille, le lieu de toutes les folies, de tous les conflits, de toutes les impatiences, c'est là qu'on se permet tout, bien plus qu'à l'extérieur où les rapports sociétaux sont plus policées. Et là, on est servi avec les Popper ! Les dialogues sont brillants, ils crépitent, cinglants, d'une énergie folle.

Car cela peut-être une damnation d'être lié pour toujours à sa famille. Malgré le temps qui passe, on y garde son rang : Serge, l'aîné, restera toujours l'aîné sous le regard de son petit frère Jean empli de dévotion alors qu'il est profondément exaspérant. Nana, la soeur, sera toujours la princesse qui a épousé un espagnol gauchiste sans le sou. L'acuité de Yasmina Reza est d'une rare intelligence pour décrypter comment une même famille produit de grandes et petites choses qui ne vont pas être perçues de la même façon par ses membres.

C'est aussi un roman sur la mort. Après le voyage à Auschwitz, rien ne sera comme avant. Les disputes et éclats de voix continuent mais le roman se teinte de mélancolie voire de douceur. J'ai particulièrement apprécié le personnage de Lucas ( enfant introverti et étrange, ex-beau-fils de Jean ) qui apporte un autre regard sur l'autre et offre à l'effacé Jean de la profondeur et de l'âme.

Malgré quelques situations qui semblent un peu redondantes, malgré son côté de prime à bord bordélique, ce roman a une vitalité incroyable et semble rebondir dans tous les sens tout en suivant sa ligne. du grand tricotage assurément et un excellent moment de lecture.


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Les trois frères et soeur Popper ont beau avoir atteint l'âge mûr, leurs rapports n'ont guère changé depuis l'enfance. Serge, l'aîné, la soixantaine fanfaronne, fait comme s'il continuait à croire en son étoile malgré ses affaires foireuses et ses deux mariages ratés. Jean, le narrateur, effacé et jugé « sans personnalité », joue l'éternel tampon au sein de la famille. Nana, la rebelle qui a épousé un Espagnol gauchiste sans le sou, reste à cinquante ans la petite princesse chahutée par ses frères. Peu après la mort de leur mère, eux qui s'aiment autant qu'ils s'insupportent, se retrouvent réunis pour un pèlerinage à Auschwitz, sur les traces de leurs aïeux ashkénazes hongrois.


« Serge » est d'abord l'histoire d'une famille, avec ses dissensions, ses jalousies et ses conflits, mais aussi ses liens indéfectibles. le temps a passé depuis les jeux insouciants de l'enfance, les trois Popper se sont frottés à la vie, et, tandis que la génération de leurs parents s'éteint sans bruit, leur tendant le miroir de leur prochain déclin, ils commencent à décompter leurs échecs et leurs renoncements, s'observant les uns les autres avec un esprit d'autant plus critique qu'il les renvoie à leur propre image et à leurs angoisses personnelles. Yasmina Reza impressionne par l'intelligence et la parfaite justesse de son observation railleuse. Elle nous livre une satire féroce, où l'ironie corrosive laisse parfois percer quelques bouffées de tendresse, au contact de Lucas, cet enfant dont Jean semble être le seul à détecter la différence et la fragilité, ou encore de Maurice, le vieux cousin malade et impotent auquel Jean rend visite avec une affection triste.


L'incapacité des personnages à relativiser leurs petits maux et leurs querelles apparaît dans toute sa dérision, lorsqu'en visite au camp d'Auschwitz, désabusés par l'ahurissant décalage entre la réalité historique des lieux et la décontraction des hordes de touristes en tongs dont rien ne semble décourager la manie des selfies, ils se retrouvent plus émus de leurs dissensions immédiates qu'atteints par la mémoire de l'horreur la plus absolue. le constat de l'écrivain est implacable : l'homme n'est au fond capable de ne se préoccuper vraiment que de ce qui le touche intimement, peu importe les cataclysmes passés, présents ou futurs, s'ils ne le menacent pas directement. Alors, faudra-t-il attendre la réalisation du pire pour l'un des Popper, pour qu'enfin, la fratrie se ressoude ?


Yasmina Reza signe ici un livre terriblement désenchanté sous son ironie ravageuse. D'une plume acide, elle y décape les innombrables faux-semblants dont nous habillons le vide et le ridicule de nos égocentrismes. Un roman intelligent, dérangeant, et profondément tragique sous la raillerie.

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Serge.
―J'essaie de voir ce qu'ils voyaient. Mais rien ne se laisse voir. Ni l'infinie étendue herbeuse. Ni les décombres. Ni les baraques propres et spectrales. On entend quelque part une tondeuse à gazon….
On voit bien ici par la retranscription de cette simple phrase que nous sommes dans l'intemporalité. le langage des quatre, issus de la même famille est courant, voire un brin vulgaire, en tout cas contemporain. Ils se fichent du devoir de mémoire. Ils sont ici pour entrevoir, ou tenter d'atteindre le lien filial qui les relie entre eux. Pour s'y retrouver comme on dit à travers leur descendance. Ils sont bien plus nostalgiques du temps qui passe et du souvenir de leur enfance que du rappel des disparus, cependant que, rien n'est nié à aucun moment dans le récit, du drame qui s'est joué, ici, à Auschwitz. J'aime Yasmina Reza. Je l'aime parce qu'elle est Yasmina Reza. Ce livre me rappelle l'enfance, justement. J'habitais un H.L.M. face au cimetière et nous allions toute une bande d'enfants, « jouer » entre les tombes dans l'allée des petits. Il y avait là, Geneviève, la plus grande. Nous redressions les pots de fleurs, faisions du ratissage et même veillions à ce que les morts soient fleuris de façons uniformes, sans qu'il y ait d'oublis, ou omissions et il n'était pas rare qu'une fleur soit détrônée de son lieu initial pour rejoindre quelque solitaire. Finalement, la mine composée de Geneviève et son petit manège dans l'allée des enfants m'ont vite rebutée. Un lieu de mémoire oui mais un devoir de mémoire non, c'est ce concept que je trouve inadapté et d'entretenir les lieux du mal pour le faire perdurer à l'identique, soit tout le contraire du bon sens. Mais, le livre nous raconte aussi à travers cette visite le sens du temps qui passe et l'effet de ce dépassement sur nous.
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Voilà un texte à l'humour féroce qui narre les relations d'une fratrie de 3 enfants : Serge, l'aîné, hâbleur, une fille Joséphine, divorcé, toujours en quête d'une bonne affaire (et d'une jolie femme) ; jean, le narrateur et ombre de Serge, spécialiste de la conductivité des matériaux, séparé (un peu), indécis (surtout) et grand médiateur entre son frère et sa soeur ; enfin, Anne dit Nana, mariée à Ramos (peu apprécié de ses frères) , mère de Margot et de Victor.
3 enfants donc, des relations distendues parfois, des disputes, des regrets, de l'amour enfin.
C'est un portrait incisif que propose Yasmina Reza dans ce roman : portrait d'une famille juive peu pratiquante qui entreprend, à la demande de Joséphine, un voyage à Auschwitz, sur les traces du passé.
Un voyage qui va révéler quelques fêlures... Comédie , tragédie, difficile de se prononcer ! En tout cas l'humour est toujours là, corrosif, les personnages sont bien croqués.
Au final, un vrai régal !
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Serge, c'est tout un poème. Ainé des enfants Popper, désormais âgé de 60 ans et multipliant les maîtresses, les bagnoles, les boulots, c'est à se demander si les hommes grandissent un jour.
Suite au décès de leur mère, Jean (le narrateur), Serge et Anne (les frère et soeur), décident de se rendre à Auschwitz-Birkenau à l'initiative de leur nièce et fille, pour y chercher la trace de leurs grands-parents. Mais le séjour en Pologne se révèle catastrophique, les conflits familiaux larvés surgissent aux pires moments de la visite et dressent les membres de la fratrie les uns contre les autres. Parce que Serge, quand même, il faut se le farcir.

J'ai beaucoup aimé ce livre, à la fois drôle, grave et émouvant. A travers ces trois frères et soeur d'une soixantaine d'années qui s'aiment, s'agacent, se détestent, Yasmina Reza aborde les thèmes de la dépression, de la vieillesse, de la maladie, de la mort, et interroge sur le sens de l'existence. Mais le roman n'est pas plombant pour autant, il est même extrêmement burlesque, et j'ai souvent pouffé de rire au cours de ma lecture.
Il est aussi question de mélancolie et de disparition d'une forme de culture juive, celle des survivants de l'Holocauste ("cette race va disparaître" comme le chantait Mort Shuman). Yasmina Reza pose d'ailleurs frontalement la question du "devoir de mémoire", l'étendant à un "fétichisme de la mémoire" assimilé à un "simulacre", et les récentes images de touristes prenant des selfies obscènes sur la Judenrampe de Birkenau démontrent hélas, comme le dit Serge, qu' "il n'y a justement aucune leçon à tirer" de l'horreur.
Enfin, l'écriture de Yasmina Reza m'a beaucoup plu. J'ai bien aimé qu'elle intègre certains dialogues au texte, attendant de son lecteur un minimum d'attention. Mais même si j'apprécie les auteurs qui ne nous facilitent pas la tâche, la lecture de ce livre reste aisément accessible, il ne s'agit ici que d'un effet de style ludique et séduisant.

C'est donc un étrange petit roman que celui-ci, qui fait rire et réfléchir tout en nous entrainant dans les montagnes russes de l'âme humaine. Parce que même insupportables, on ne peut pas s'empêcher d'aimer tous les Serge du monde ; au fond, ils sont comme nous.
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Une mère juive vient de mourir et c'est un point d'appui qui vient de disparaître dans la famille Popper. Les enfants, Jean, le narrateur, Serge,personnage fétiche de l'autrice, et Anna vont reprendre leurs tracasseries de jeunesse, avec en plus pièces rapportées et neveux, nièces.
Chacun rapporte ses joies, ses frustrations, ses ratages, des vies normales quoi!
C'est la virtuosité de Y.Reza qui anime cela, avec beaucoup d'humour et de beaux coups de griffes sur la classe moyenne occidentale, sur la modernité et la perte de sens des mots employés sans recherche. de savoureuses réflexions aussi sur l'Etat d'Israel.
Le voyage familial à Auschwitz est quand même un modèle d'ironie amère; ils découvrent que pour beaucoup de monde ce n'est qu'un voyage touristique avec selfies , et ce en résumé: "il faut se souvenir pour ne pas le refaire "et cette réponse digne de Houellebecq : Un savoir qui n'est pas intimement mêlé à soi est vain... A méditer.
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Lors de son dernier passage à La Grande Librairie pour promouvoir son roman Serge, Yasmina Reza m'a totalement envoûtée par sa présence et son propos, empreints de calme et de grande écoute envers l'animateur et ses questions. Bref, je me suis laissée charmer par l'autrice et ai tout de suite noté ce titre dans ma PAL.
Serge, l'aîné des Popper, se retrouve au coeur du récit narré par son frère Jean. Une chronique familiale du quotidien où évoluent tour à tour la soeur Anna (Nana), son mari Ramos Ochoa et leurs enfants Margot et Victor. Jean se remémore leur enfance auprès de leurs parents juifs Edgar et Marta, tous deux décédés depuis. Et lorsque Joséphine, la fille de Serge, propose un pèlerinage à Auschwitz, c'est la fratrie au complet qui accepte de l'accompagner, non sans quelque réticence et rechignement.
Yasmina Reza raconte avec humour et réalité les dissensions existant au sein de toutes les familles et cette histoire de Juifs sans passé et presque sans avenir m'a touchée profondément. Les pires événements d'une vie peuvent être évoqués sans tomber dans le mélo, et ce roman y arrive grâce à ses dialogues vifs et incisifs logés au creux d'une écriture limpide et forte. Un roman que j'ai eu peine à quitter et qui m'a procuré un très bon moment de lecture.

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Bienvenue dans la famille Popper, dont Jean, célibataire, benjamin d'une fratrie de trois adultes, se fait le narrateur détaché, avec une jubilatoire maîtrise des situations, des plus comiques ou plus dramatiques.

A l'enterrement de la mère, tous les pions sont en place, couples mariés ou remariés, enfants ou ados attachants ou désagréables. Chaque élément joue une partition grinçante et vindicative, dont le point d'orgue est un voyage à Auschwitz, sorte de commémoration familiale pour les ancêtres juifs disparus.

Un livre qui se penche sur « la texture d'une fraternité » entre amour, solidarité et luttes intestines. Une famille un peu « dingue », à l'instabilité émotionnelle, à l'expression exacerbé des sentiments, dont l'élément le plus perturbateur est Serge, frère aîné un peu loser aux moultes combines avortées et échecs sentimentaux.

Un roman familial fantasque, où on s'aime autant qu'on se chicane, sur des dialogues percutants de Yasmina Reza, qui traite les scènes parfois dramatiques de la vie avec une légèreté rafraîchissante.
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Mazette quel livre !
Alors moi j'ai ri pratiquement tout le roman.
Elle est sacrément douée Reza pour les situations ridicules, les petites mesquineries, et le gros rire gras de théâtre (théâtre dont, il me semble, elle connaît, étant auteure de pièces également, ce qui ne m'étonne pas...).
Et c'est là que les gens n'ont pas compris (car quelle agressivité dans certaines critiques !!) c'est que c'est du théâtre, de la comédie, des grosses ficelles certes (mais n'exagérons pas tout de même, l'humour de Reza peut être très fin et délicat aussi), c'est qu'il faut prendre ce roman au 12e degré au moins, sinon on prend tout pleine figure, et là, oui, ce n'est pas drôle. Ça peut même devenir agressif.
Je n'ai jamais eu, à aucun moment, des difficultés à lire ce livre, malgré mes origines et une grande partie de ma famille non revenue des camps de concentration.
J'avoue, j'ai passé un sacré bon moment avec cet ouvrage.
Après, peut-on rire de tout ?
La scène d'Auschwitz est, disons-le tout de go, mémorable, mais pas si drôle que ça finalement, car la famille de Serge et lui-même sont moqués mine de rien, et ils se disputent à longueur de visite ; alors oui, on sourit, mais rire.....
Par contre, j'ai ri aux larmes pendant la narration de la visite de Serge Au Vieux Campeur pour s'acheter des chaussures de marche. La scène de la grue à l'anniversaire d'un gamin est savoureuse également.
Tout tourne autour du personnage de Serge, qui condense à lui seul tout le malheur du monde. Je l'ai appréhendé plutôt comme un symbole, un concentré à lui seul des Juifs, de la névrose juive, de l'humour juif (si, si) et de la crudité jusqu'à l'excès.
Je l'ai bien aimé Serge. Il m'a émue.
On ne peut résumer ce livre, il faut le lire, mais pas au 1er degré sinon c'est illisible.
Bref, un livre qui ne se prend pas au sérieux, quoi qu'on en dise.
Riez, riez brave gens, et pas de prise de tête.

Ps : je suis bien d'accord avec certains, Bacri aurait été un Serge mémorable...

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"Serge" de Yasmina Reza est un peu lent à démarrer, mais quand il décolle, on ne le lâche pas.

A travers le narrateur, frère de Serge, on fait connaissance de trois générations de descendants juifs hongrois. le sort des membres de leur famille assassinés par la shoah pèse en silence, se manifeste en creux. Nul ne l'évoque. La vie a repris son cours.

Alors que la génération des aînés ou celle des parents se soucie peu de passage mémoriel et de transmission, et même essaie de rompre le fil avec le passé, voici que la jeune Joséphine, la vingtaine, "traîne", plutôt qu'elle ne les embarque de gaité de coeur, sa mère et ses deux oncles dans une visite mémorielle du camp d'Auschwitz.

C'est l'occasion d'évoquer la difficulté des relations familiales : la fraternité, le poids du père, la prépondérance de la mère, les animosités et les tendresses parfois très cachées qui forment le substrat des liens de sang ou d'alliance.

C'est aussi l'occasion de réfléchir sur ce qu'est la judéité, et d'abord n'y a-t-il qu'une judéité, il semble qu'il y en ait plusieurs, en fait autant que de personnes.

La transformation des camps de la mort en destination touristique est abordée avec une lucidité un peu grinçante, mais sans condamnation des personnes captives de toute façon du marketing ; comment lui échapper ? Faut-il fermer les camps et les laisser envahir par les ronces ou les entretenir à des fins mémorielles et inévitablement commerciales avec parc hôtelier, ville fleurie, restauration périodique des locaux, et toute l'infrastructure qui s'en suit ?

Le regard de Yasmina Reza est acéré, mais finalement assez tendre. Les membres de cette famille sont insupportables parfois et truffés de défauts, mais on les aime bien... Et on se rend compte, petit à petit, que ces gens ne déméritent nullement et affrontent avec courage les ogres du chemin qui ont nom deuil, chagrin d'amour, solitude, maladie, vieillesse, mort.

J'ai noté quelques extraits parmi les citations, je ne vais pas les recopier. Mais je voudrais en ajouter une qui m'a beaucoup touchée tant elle exprime d'amour (rentré, mais intense) pour un enfant, le petit Luc :

"Qu'est-ce qu'il fabrique dans cette cuve pleine de champignons et de miasmes ? le pédiluve fait deux mètres cinquante de long, je le traverse comme un échassier pour éviter de poser mon pied. J'en extirpe le gosse qui veut y rester. Pour lui c'est une petite piscine, pour moi c'est le Gange.
Dans l'eau j'essaie de lui apprendre à nager. Il a neuf ans, les enfants nagent à son âge. Je lui montre prière, sous-marin, avion, mais il s'en fout, il veut jouer. Il va partout, il se jette, il saute, il se noie à moitié. Je le ressors, il a l'air d'un rat avec sa dent de travers. Il rit."



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