J'ai trouvé ce roman à la fois incroyablement génial et profondément chiant. C'est possible, je vous assure ! Je m'explique.
Nous suivons les tribulations d'Arthur, père de la famille Alter, un professeur d'université paumé et à l'aube du licenciement ; Francine, mère de famille, morte après un cancer du sein ; Ethan, leur fils, New-Yorkais dépressif et mal dans ses baskets ; et enfin Maggie, leur dernière, bienfaitrice sans le sou. Oui, le deuxième personnage est décédé, mais dans le roman, c'est peut-être celle qui vous paraîtra la plus vivante. Ce livre, il s'y passe quoi ? Un premier chapitre qui nous montre une scène de la vie de tous les jours qui tourne au drame. Puis, on entame la partie 1 (il y aura trois parties en tout), dont l'intrigue se déroule des années plus tard. On y apprend que Francine est morte et que la famille est éparpillée. de chapitres en chapitres, nous allons découvrir la vie des trois vivants qu'elle a laissés derrière elle : son mari et ses deux enfants. Chacun cache ses réussites et ses parts d'ombre, toutes très bien détaillées. Chacun a un secret (voire plusieurs, comme c'est le cas d'Arthur).
Chaque partie alterne les chapitres dans le présent, du point de vue d'un des trois protagonistes, et ceux dans le passé, via les souvenirs de l'un d'entre eux. C'est dans ceux-ci que Francine prend vraiment son rôle de personnage de premier plan, d'ailleurs. C'est là que j'ai senti ma passion et ses limites, personnellement. C'est très, très détaillé. Trop. Je me demande à quel moment de ma vie j'ai pu savoir autant de choses sur un personnage -de roman, de film, de série, de jeu-vidéo- ou même sur une personne dans la vraie vie ! Alors, il y a ce côté génial aussi, parce qu'on entre dans la tête des Alter, on se sent un peu psy nous aussi, comme Francine l'était, et je me suis prise au jeu une fois que j'avais déjà commencé à lire, mais je n'avais pas envie d'y retourner une fois le livre posé. C'est là qu'elle est, la limite de ma passion.
Et puis, après une scène d'exposition qui dure franchement super longtemps (toute la première partie, en fait, plus de 100 pages), l'élément déclencheur arrive enfin ! Et nous voilà projetés dans la suite, et je me dis -ouf ! Bye bye lassitude de la backstory interminable de tous les personnages ! Et puis non, je suis retombée comme un soufflé. Problème de rythme, je dirais. Il se passe enfin ce qu'on attend depuis le début du roman, on a envie de n'avoir que des chapitres dans le temps présent et puis… Eh bien non, on repart dans le passé. Alors, oui, ça sert l'histoire, ça aide l'intrigue, ça crée de l'empathie, tout ce que vous voulez. Mais trop, c'est trop !
Et du coup, en me relisant, je me rends compte qu'on dirait que j'ai plutôt désaimé ce bouquin. Mais que nenni !
Les Altruistes m'a gonflée, c'est vrai, d'abord parce que c'était la chose à faire, de le lire, avant de recevoir l'auteur à la médiathèque (si ça a quand même lieu, je croise les doigt) et aussi parce qu'au bout d'un moment les souvenirs et le passé et la mémoire, ça va bien deux minutes. Mais il y a aussi une partie de moi qui l'a adoré ; les personnages fouillés, qui font écho à ce que l'on connaît, peut-être à ce que l'on est ; la critique de l'Amérique actuelle, avec sa poudre aux yeux et son individualisme ; un humour décapant et absurde que je ne m'attendais pas à trouver là. Pour moi, il s'agit d'un inclassable. Un livre que je ne relirai pas, que j'oublierai certainement, qui fait de la place dans ma pile à lire, et que je suis heureuse, enfin, de quitter pour un autre.
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