Citations sur Miss Peregrine et les enfants particuliers, tome 4 : .. (47)
Je ne suis pas faite pour ça, pour être la femme d'un capitaine de navire, qui guette la mer tous les jours, inquiète et impatiente. C'est moi qui suis censée partir en mer.
J'adorais secrètement quand Emma se mettait dans cet état-là. Elle était si furieuse qu'elle en devenait étrangement calme, et sa colère, ainsi focalisée, devenait redoutable.
Depuis que j'étais petit, les gens normaux me déconcertaient. Ce besoin ridicule qu'ils avaient de s'impressionner les uns les autres, leurs ambitions médiocres, la banalité de leurs rêves. La façon qu'ils avaient de rejeter tout ce qui ne leur ressemblait pas, comme si ceux qui pensaient, agissaient, s'habillaient ou rêvaient autrement étaient une menace pour eux. Voilà pourquoi j'avais toujours été aussi seul. Je trouvais stupide ce que les gens normaux jugeaient important, et comme je n'avais personne à qui en parler, je gardais mes pensées pour moi.
Je n'ai jamais prétendu qu'il était facile d'être particulier, a-t-elle dit au bout d'un moment. Il y a beaucoup de choses désagréables et difficiles dans notre condition. Apprendre à vivre avec des gens qui ne peuvent pas nous comprendre et qui n'en ont pas envie est probablement la partie la plus ardue. Beaucoup estiment que c'est impossible et se réfugient dans des boucles. Mais je ne vous vois pas faire ce choix. Vous avez un talent très spécial, et je ne parle pas de votre faculté de communiquer avec les Sépulcreux. Vous êtes capable d'aller et venir facilement d'un monde à l'autre. Vous n'êtes pas destiné à avoir une seule maison, une seule famille. Vous en aurez plusieurs, comme votre grand-père.
Nos liens de sang ne résistent pas souvent à la vérité.
- Parfois, je me souviens que tu n'as que seize ans, a-t-elle dit. Vraiment seize ans. Et ça me tue.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas. C'est étrange. Tu n'as pas l'air d'avoir seulement seize ans.
- Et toi, tu n'as pas l'air d'en avoir quatre-vingt-dix-huit.
- Je n'ai que quatre-vingt-huit ans.
- Ah, alors si, tu les fais.
J’ai appuyé sur play. Un instant plus tard, une guitare gémissante et une voix tonitruante ont jailli des haut-parleurs. C’était Joe Cocker qui chantait With a Little Help from my Friends en live à Woodstock. Aucune musique ne m’avait jamais paru à ce point de circonstance, et mes amis, qui souriaient et tressautaient sur leurs sièges, le vent dans les cheveux, semblaient du même avis. Il y avait quelque chose de totalement grisant dans le fait de brailler cette chanson à tue-tête, tous en chœur, en roulant à tombeau ouvert. Comme si on affirmait que le monde et nos vies nous appartenaient. C’est à moi, et j’en ferai ce qu’il me plaît !
Après un long moment, Miss Peregrine s'est finalement tournée vers nous.
-Et le pire dans tout cela, a-t-elle soupiré, c'est que je sens que je ne peux plus vous faire confiance.
-Ne dites pas ça Miss ! l'a implorée Bronwyn.
-C'est peut-être vous qui me décevez le plus, Miss Bruntley. Ce genre de comportement n'est pas tellement surprenant de la part de Miss Bloom ou de M. Nullings. Mais vous qui avez toujours été si loyale si gentille...
-Je me rachèterai, a dit Bronwyn. Je vous le promets.
Imaginez comme cela peut être embarrassant, pour des personnes qui tentent de négocier un traité de paix, d’être accusées d’un crime
p.164.
Dans leur chasse aux âmes particulières, les Estres n'avaient pas fait de discrimination, et leurs méfaits s'étaient étendus plus loin encore que je ne l'avais imaginé. Ce qui me frappait le plus, c'était la dignité dont ces gens faisaient preuve, en dépit des circonstances. Ils avaient trouvé refuge ici après la destruction ou le saccage de leurs boucles. Ils avaient perdu leur maison, vu des amis et des proches tués sous leurs yeux, subi des traumatismes inimaginables.