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Citations sur Oeuvres 02 : Poésie (38)

Aubade orientale


Ce lit n’est-il pas comme un rivage,
une bande littorale où nous sommes couchés ?
Rien n’est sûr comme la saillie de tes seins
qui émergent du vertige de mes sens.

Car cette nuit où tant de cris retentirent
— bêtes qui s’appellent et se déchirent —
ne nous est-elle pas atrocement étrangère ?
et ce qui dehors se lève, qu’on nomme le jour,
nous est-il donc plus accessible qu’elle ?

On devrait pouvoir s’enfouir
l’un dans l’autre s’emboîter
tels les pistils et les étamines ;
à tel point partout grandit
et se jette contre nous la démesure.

Mais pendant qu’on se serre l’un dans l’autre
pour ne pas voir le péril tout autour
elle peut jaillir de toi ou de moi
car nos âmes vivent de trahir.
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LES FENÊTRES


6

Du fond de la chambre, du lit, ce n’était que pâleur qui sépare,
la fenêtre stellaire cédant à la fenêtre avare
qui proclame le jour.
Mais la voici qui accourt, qui se penche, qui reste :
après l’abandon de la nuit, cette neuve jeunesse céleste
consent à son tour !

Rien dans le ciel matinal que la tendre amante contemple,
rien que lui-même, ce ciel, immense exemple :
profondeur et hauteur !
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Dame à son miroir


Comme on fait fondre en la boisson du soir
des épices, elle dissout ses gentes las
dans la fluide transparence du miroir ;
et elle y met tout son sourire.

puis elle attend que le liquide monte ;
versant alors sa chevelure
dans le miroir, et faisant ressortir
de la robe du soir son épaule adorable,

elle boit, calme, son image. Elle boit
ce qu’un amant boirait dans le vertige,
goûtant, pleine de défiance; et ne fait signe

à la soubrette que lorsqu’au fond
de son miroir elle découvre des lumières,
des armoires et le trouble d’une heure tardive.
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L'air maintenant, parfois, semble porter,
tremblante, une charge invisible.
Mais nous, il faut que nous nous contentions
du visible ; si grand que soit notre désir,

d'atteindre, derrière les jours et la vie,
Jusqu'à ce souffle imprégné de retour.
Comment peut-il, le lointain, être si proche
et ne pas approcher pourtant ? pas jusqu'ici ?

Un jour déjà ce fut pareil. Mais sans,
timide, épars dans le vent, ce bonheur
d'avant-printemps. Peut-être le très-grand n'a-t-il
nul droit d'approcher plus : ainsi croîtrait l'année.

Ainsi l'âme croîtrait, quand monte la saison
de l'âme... Nous ne sommes rien de cela.
Par le lointain, ici, nous sommes arrachés,
élevés et à distance anéantis.
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LES ROSES


23

Rose, venue très tard, que les nuits amères arrêtent
par leur trop sidérale clarté,
rose, devines-tu les faciles délices complètes
de tes sœurs d’été ?

Pendant des jours et des jours je te vois qui hésites
dans ta gaine serrée trop fort.
Rose qui, en naissant, à rebours imites
les lenteurs de la mort.

Ton innombrable état te fait-il connaître
dans un mélange où tout se confond,
cet ineffable accord du néant et de l’être
que nous ignorons ?
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LES ROSES


16

Ne parlons pas de toi. Tu es ineffable
selon ta nature.
D’autres fleurs ornent la table
que tu transfigures.

On te met dans un simple vase —,
voici que tout change :
c’est peut-être la même phrase,
mais chantée par un ange.
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LES ROSES


10

Amie des heures où aucun être ne reste,
où tout se refuse au cœur amer ;
consolatrice dont la présence atteste
tant de caresses qui flottent dans l’air.

Si l’on renonce à vivre, si l’on renie
ce qui était et ce qui peut arriver,
pense-t-on jamais assez à l’insistante amie
qui à côté de nous fait son œuvre de fée.
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LES ROSES


4

C’est pourtant nous qui t’avons proposé
de remplir ton calice.
Enchantée de cet artifice,
ton abondance l’avait osé.

Tu étais assez riche, pour devenir cent fois toi-même
en une seule fleur ;
c’est l’état de celui qui aime…
Mais tu n’as pas pensé ailleurs.
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LES FENÊTRES


5

Comme tu ajoutes à tout,
fenêtre, le sens de nos rites :
Quelqu’un qui ne serait que debout, .
dans ton cadre attend ou médite.

Tel distrait, tel paresseux,
c’est toi qui le mets en page :
il se ressemble un peu,
il devient son image.

Perdu dans un vague ennui,
l’enfant s’y appuie et reste ;
il rêve… Ce n’est pas lui,
c’est le temps qui use sa veste.

Et les amantes, les y voit-on,
immobiles et frêles,
percées comme les papillons
pour la beauté de leurs ailes.
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Le silence


Écoute, bien-aimée : je lève la main —
Écoute ce bruit…
Quel est le geste des solitaires
que ne guettassent tant de choses ?
Écoute, bien-aimée : je ferme les paupières,
et c’est aussi un bruit qui va vers toi.
Écoute, bien-aimée : je lève les paupières…
… mais pourquoi donc n’es-tu pas là ?

Le moindre de mes mouvements
reste imprimé sur la soie du silence;
la moindre émotion reste, impérissable,
imprimée sur le rideau des horizons.
Sur mon souffle s’élèvent et s’abaissent
les étoiles.
Les parfums à ma lèvre s’abreuvent
et je reconnais les poignets
d’anges lointains.
Seule toi à qui je pense :
tu n’es pas là.
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