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Citations sur Oeuvres complètes (211)

Chanson pour la plus haute tour

Oisive jeunesse
A tout asservie,
Par délicatesse
J'ai perdu ma vie.
Ah que le temps vienne
Où les coeurs s'éprennent.
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Voyelles

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
— Ô l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
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Ma journée est faite ; je quitte l'Europe. L'air marin brûlera mes poumons ; les climats perdus me tanneront.
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        Une saison en enfer


             MATIN

 N’eus-je pas une fois une jeunesse aimable, héroïque,
fabuleuse, à écrire sur des feuilles d’or, — trop de
chance ! Par quel crime, par quelle erreur, ai-je mérité
ma faiblesse actuelle ? Vous qui prétendez que des bêtes
poussent des sanglots de chagrin, que des malades
désespèrent, que des morts rêvent mal, tâchez de raconter
ma chute et mon sommeil. Moi, je ne puis pas plus
m’expliquer que le mendiant avec ses continuels Pater
et Ave Maria. Je ne sais plus parler !
 Pourtant, aujourd’hui, je crois avoir fini la relation
de mon enfer. C’était bien l’enfer ; l’ancien, celui dont le
fils de l’homme ouvrit les portes.
 Du même désert, à la même nuit, toujours mes yeux
las se réveillent à l’étoile d’argent, toujours, sans que
s’émeuvent les Rois de la vie, les trois mages, le cœur,
l’âme, l’esprit. Quand irons-nous, par-delà les grèves
et les monts, saluer la naissance du travail nouveau, la
sagesse nouvelle, la fuite des tyrans et des démons, la
fin de la superstition, adorer — les premiers ! — Noël
sur la terre !
 Le chant des cieux, la marche des peuples ! Esclaves,
ne maudissons pas la vie.

p.115
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Marine

Les chars d’argent et de cuivre --
Les proues d’acier et d’argent --
Battent l’écume, --
Soulèvent les souches des ronces.
Les courants de la lande,
Et les ornières immenses du reflux,
Filent circulairement vers l’est,
Vers les piliers de la forêt, --
Vers les fûts de la jetée,
Dont l’angle est heurté par des tourbillons de lumière.
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Les sentiers sont âpres. Les monticules se couvrent de genêts. L'air est immobile. Que les oiseaux et les sources sont loin!
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Ce n'est pas de ces dieux foudroyés
ce n'est pas encore une infortune
poétique autant qu'inopportune:
Ô lecteur de bons sens , ne fuyez!
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Le dormeur du val

C’est un trou de verdure où chante une rivière,
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe, sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
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L'Éternité

Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil

Âme sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.

Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.

Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.

Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.

Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
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Une saison en enfer (1873)

DÉLIRES II - ALCHIMIE DU VERBE


À quatre heures du matin, l'été,
Le sommeil d'amour dure encore.
Sous les bocages s'évapore
L'odeur du soir fêté.

Là-bas, dans leur vaste chantier
Au soleil des Hespérides,
Déjà s'agitent — en bras de chemise —
Les Charpentiers.

Dans leurs Déserts de mousse, tranquilles,
Ils préparent les lambris précieux
Où la ville
Peindra de faux cieux.

Ô, pour ces Ouvriers charmants
Sujets d'un roi de Babylone,
Vénus ! quitte un instant les Amants
Dont l'âme est en couronne.

Ô Reine des Bergers,
Porte aux travailleurs l'eau-de-vie,
Que leurs forces soient en paix
En attendant le bain dans la mer à midi.

p.107
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