Martin V ne montra pas un goût moins sûr dans le choix des peintres auxquels il voulait confier la régénération de l'art dans la capital du monde chrétien. L'espèce d'école qu'avait fondé Cavallini, un des disciples de Gioto, s'était éteinte, faute d'aliment, et, si avait laissé quelques traditions, il leurs manquais la vitalité. Ce n'étaient donc pas des continuateurs de ces traditions vieillies qu'ils fallait appeler à Rome, mais des artistes qui, après s'être approprié les conquêtes du présent, sans désavouer les inspirations du passé, fussent en état de combiner, dans de justes proportions, l'élément traditionnel et l'élément progressif; ce parfait équilibre étant un voeu trop difficile à réaliser dans chaque peinture séparément, il fallut suppléer par l'association de plusieurs collaborateurs, pour la décoration de l'église. Ce fut ainsi que le pape Martin V, par une vue instinctive plutôt que systématique, assicia le pinceau de Victor Pisanello à celui de Gentile da Fabriano, dans l'exécution des peintures par lesquelles il voulait embellir la basilique de Saint-Jean de Latrau.
Les progrès de Pérugin avaient été en raison de ses dispositions naturelles et de son ardeur qui, selon Vasari, était infatigable ; mais surtout en raison de la valeur des artistes qui la stimulaient et la dirigeaient. Tout en conservant la fraîcheur et la naïveté de ses premiers essais, il avait corrigé les défauts qu'il avait apportés de l'Ombrie. Son coloris avait plus de vigueur et son dessin plus de précision ; il venait de traiter des sujets qui, grâce à leur étendue, lui avaient appris ce que pouvaient, dans les créations de ce genre, la grandeur et la simplicité de l'ordonnance. Enfin il avait appris de Verocchio et de Léonard un procédé nouveau qui consistait à se servir de modèles en terre ou en cire pour combiner la distribution des ombres et des lumières de manière à donner aux figures peintes sur une surface plane, le plus de relief possible.
Mais le peintre qui obtint la préférence sur tous les autres, fut Ottaviano Nelli de Gubbio, l'un des artistes les plus féconds de son siècle, et dont l'influence Incontestable sur les premiers développements de l'école Ombrienne aurait mérité d'être signalée par les historiens de l'art, s'il est vrai, comme il y a tout lieu de le croire, qu'il compta parmi ses élèves Gentile da Fabriano et le père de Raphaël, ce qui lui donnerait le droit d'être regardé comme le précurseur de Pérugin.
Mais c'était au Vatican, près des reliques des saints apôtres, que Nicolas V voulait déployer toute la magnificence que comportait le progrès des arts et de toutes les branches des connaissances humaines à cette époque si féconde en découvertes et en chefs-d'oeuvre.