« Que le soleil ne se couche pas sur votre colère » .
Plus généralement, l'élaboration de la figure du penseur injustement persécuté, de Socrate aux Alexandrins, signale les limites de la tolérance de l'Etat antique en matière de libertés individuelles et son incapacité à supporter des personnalités d'exception ... Le citoyen grec ou romain n'était pas vraiment encouragé à exprimer sa personnalité, mais plutôt rappelé sans cesse au devoir d'obéissance. Il pouvait avoir l'impression de vivre "sous l'oeil de la cité", dans un système d'autocensure collective. La cité démocratique avait créé la pratique et institué la liberté de débattre, de décider et de juger, mais elle ne conçut jamais que les individus pussent avoir des droits. (...) La répression fut très tôt normalisée et l'on créa les instruments judiciaires indispensables ... Les Grecs et les Romains ne concevaient pas l'intolérance, mais ils posaient des limites à la liberté d'expression, à la diffusion publique de la pensée. Et ils en avaient la pratique, comme le montre, par exemple, la multiplication des autodafés sous l'Empire.
pp. 48-50
Paul se rendait bien compte de ces risques et de l'ambiguïté que comportait toute manifestation thaumaturgique ou charismatique. Il se justifia par son comportement, qui le distinguait évidemment des magiciens : il ne cherchait ni à flatter ni à séduire ; il n'était pas cupide ; il n'éprouvait aucun désir de ces honneurs dont la divinisation représentait le suprême degré ; il n'utilisait pas les autres pour sa propre gloire ; il parlait toujours clair, sans sacrifier si peu que ce fût à l'hermétisme des formules magiques alors à la mode.