Le pavillon des estropiés est une île dont la langue n’est compréhensible que par ceux qui ont payé de leur corps pour en apprendre la grammaire. (page 120)
Aujourd’hui la plupart des dessinateurs débutants encombrent leurs dessins de dialogues inutiles qui masquent leur incapacité à maîtriser cet art du « montrer sans rien dire ». Car le dessin sans parole, c’est la Rolls du dessin d’humour. La langue du dessinateur est d’abord celle du regard, et chaque dessin doit transmettre au lecteur autant que les mots. (page 218)
La liberté est un combat contre l’absence d’imagination, contre l’absence de créativité, contre l’absence d’audace, contre l’absence d’insolence, contre l’absence de fougue. Pas de liberté d’expression sans acharnement pour la conquérir et la garder. (page 164)
Le courage des survivants, c’est d’oublier qu’on est un survivant. C’est d’arrêter de survivre comme un survivant et de vivre à nouveau comme un vivant. (page 67)
2015 me fit comprendre ce qu’avait été la collaboration, car je pus observer à quel point le confort intellectuel copulant avec l’instinct de survie pousse les esprits les plus brillants vers la complaisance et la lâcheté. (page 183)
Que le journal fasse seize pages, douze pages, huit pages ou seulement quatre, Charlie Hebdo continuerait coûte que coûte. Indestructible, même imprimé sur une feuille de PQ. (page 141)
La Pologne est une fosse commune à ciel ouvert et l’Europe un cimetière de l’Atlantique à l’Oural. (page 289)
L’humour ne fuit pas la tragédie de la vie mais, au contraire, se l’approprie pour la rendre supportable. L’humour est parfois la seule issue pour espérer échapper à la folie. L’humour flottait devant moi comme une bouée de sauvetage providentielle. (page 43)
Cabu savait tout faire. Cabu était un athlète complet du dessin. (page 172)
Le monde des armes est une planète inconnue des civils. Il faut du temps pour en comprendre la logique. Et même bien entraîné, personne n’est réellement préparé à se retrouver en face d’un flingue qui veut vous tuer. (page 73)