Pas de Charlie Hebdo sans collectif. Pas de Charlie Hebdo sans individualisme non plus. Collectif et individuel, comme le fut le 7 janvier. (page 128)
La guerre était une affaire d’adultes. Les enfants n’étaient pas concernés. Il suffisait peut-être de rester enfant le plus longtemps possible et, logiquement, la guerre et ses mutilations nous seraient évitées. C’est ce que j’espérais, quand j’entendais autour de moi les adultes témoigner. (page 35)
Lui (Mustapha Ourrad) qui corrigeait nos fautes de français n’avait toujours pas la nationalité française et avait introduit une demande pour l’obtenir, alors qu’il vivait en France depuis des années. (page 265)
" Le courage des survivants, c'est d'oublier qu'on est un survivant.C'est d'arrêter de vivre comme un survivant et de vivre à nouveau comme un vivant."
Chaque jour est une petite vie qui meurt doucement quand arrive le soir.
Car la liberté, ça n’existe pas. La liberté est une invention de l’esprit humain qui ne prend forme que si on décide de l’exercer et de la revendiquer en la brandissant à la face du monde.
La banalité ennuie alors que le malheur excite.
Ils nous ont envoyés à la mort comme des moutons qu’on lâche sur un champ de mines pour nettoyer leur chemin afin qu’ils puissent ensuite y mettre les pieds sans y risquer leur vie. Dans un langage châtié, on appelle ça des seigneurs. Dans un langage plus commun, on appelle ça des salauds.
Honte d’être en vie quand les autres ne le sont plus. Honte de continuer à jouir de l’existence quand les autres commencent à se décomposer. Honte d’appartenir aux vivants quand les autres n’appartiennent plus à rien du tout.
Mais curieusement, ils ne gémissaient pas, ils n’appelaient personne. Je dus me résoudre à admettre l’abominable évidence. Ce silence n’était pas celui que le savoir-vivre impose d’accorder aux autres quand on ne veut pas les déranger. Ce silence était celui d’un faire-part. Celui de la mort. Un silence fabriqué par la mort elle-même. Un silence qui n’a pas la même odeur que les autres silences. Il n’est pas consenti, il n’est pas obtenu, il n’est pas naturel. Il se glisse autour de votre cou et lentement se resserre. C’est un silence qui veut encore vous tuer.