Un roman chilien, lu parce que le titre me plaisait beaucoup. Et de fait, j'ai passé un bon moment, au bout du monde, dans le désert d'Atacama. Là où les fleurs naissent et meurent dans la foulée, là où les hommes font un travail de bête brute pour extraire le salpêtre de la mine, là où il y a tellement d'espace que les humains se resserrent et vivent en vase clos.
Dans ce vase, il y a une fleur, Leda. Une jeune fille qui sert des repas aux mineurs , à quelques autres, et fait briller les yeux de tous. Une jeune fille mélancolique et romanesque, qui se confie à sa jumelle par le biais de son journal intime, puisqu'elle ne peut plus le faire dans la vraie vie, ayant perdu sa soeur des années auparavant. Leda, ses rêves, ses espoirs. Celui de partir loin de la mine, et pour cela d'être élue Reine du printemps lors de la fête annuelle.
Cette fête, d'autres s'y préparent en secret. Eleazar Luna, après le travail harassant de la mine, suit des leçons pour étancher sa soif de savoir. Disons-le tout de bon: pour devenir poète. Et composer l'ode mémorable qui célèbrera la Reine du printemps. Car Eleazar est passionnément amoureux de Leda, et sa timidité l'empêche de lui déclarer franchement ce qu'il ressent. Alors il la regarde, il la chante, il l'amuse et se tait.
Autant de choses que Rosario Fierro ne sait pas faire. Car Rosario, ancien berger, c'est la vie même dans ce qu'elle a de plus brutal . Et s'il dépense sans compter son énergie dans la mine, c'est finalement sur un ring qu'il va trouver sa place. En découvrant la boxe, Rosario devient rapidement l'idole des mineurs, qui attendent le combat du printemps avec impatience.
Comment résister à un tel charisme ? Leda a beau s'efforcer de ne rien montrer en public, elle finit par succomber à la personnalité magnétique du boxeur.
La tragédie peut débuter.
On le voit, c'est une histoire assez convenue que nous livre
Hernan Rivera Letelier. Mais la façon de la raconter, à travers les pensées des protagonistes, et le cadre de l'histoire en font un roman très touchant, avec des accents exotiques à nos yeux européens. Ce lieu perdu, hors du temps, ce petit monde de gens durs à la peine, tout cela nous transporte au loin et fait que l'on se prend de passion pour la gaucherie d'Eleazar, le drame de Leda, puis que l'on passe finalement un bon moment.