Je n'étais rien, ou du moins pas grand-chose, rien ne me définissait vraiment, hormis mes parents, le fait que je vivais avec eux, ma peluche, Sam, je n'avais pas vraiment d'envie, dans la ville c'était gris, dans ma vie c'était gris, dans mon coeur c'était gris. J'habitais à Metz, et ma vie ressemblait franchement à cette ville, il y pleuvait, les jours ensoleillés se comptaient sur les doigts de la main (ok, j'exagère, peut-être sur deux mains…), je voulais mettre du rose sur les mots, du beau dans la vie, mais tout n'était que morose.
Un jour, j'ai décidé d'aller à Paris faire mes études, je ne connaissais pas cette ville, je ne me connaissais pas moi-même, j'errais dans les rues comme j'errais dans ma tête, sans but, sans conviction ; cours, passants, appartement, passants, cours, tout s'enchaînait sans logique, sans dynamique.
Et un jour, je l'ai vu, devant mes yeux et tout a changé, j'ai senti la terre tourner sous mes pieds, mon coeur s'est mis à battre, le sang a afflué dans mes veines, mes yeux ont vu, mon corps a senti et ressenti, ma peau a frissonné, désormais je le savais, je le découvrais, j'étais incarnée. Par lui, pour lui.
L'aimer, le toucher, le regarder, le transpercer de mon regard, le boire, le manger, non, le dévorer plutôt, l'avoir, l'être, être moi à travers lui, le suivre, être son ombre, l'aimer, le passionner, mourir pour lui, je n'avais plus que ça en tête. Mon corps, mon âme, tout de moi respirait par lui.
Sa vision de l'amour à lui était différente ; m'emprisonner, m'enfermer, être à lui, rien qu'à lui, ne regarder que lui, ne parler qu'à lui, de lui, pour lui, ne pas écrire, ne pas m'élever, ne pas être mieux que lui, être soumise, toujours, tous les jours, pleurer, souffrir et jouir, avoir mal, très mal, trop mal…
J'ai tout misé sur lui, j'avais besoin de lui, je le sentais, mais il m'oppressait, il m'utilisait, son jouet, sa chose, j'avais besoin d'air, rendez-vous mon gris messin, rendez-moi ma mère, elle est malade, je ne veux pas qu'elle meure, mon père, je ne veux pas qu'il vieillisse, laissez-moi redevenir petite fille, laissez-moi pleurer, laissez-moi oublier…
Laisse-moi, libère-moi… J'évacue, j'écris, j'expie le mal, ton mal, toi le mâle, je te veux hors de moi, je veux en finir, cligner des yeux et que tu ne sois plus là…
L'histoire d'une vie, l'histoire d'un amour, des amours, mon quotidien, mes peut-être, mes pourquoi, mes réponses, mes points de suspension… Je vous les livre. Qui suis-ne, qui est-il et qui sommes-nous ? A voir. le
sujet ? Inconnu.