Un film de Alain Gsponer adapté des romans de Johanna Spyri.
En salle le 10 février 2016.
Toute la troupe monta joyeusement vers le pâturage. Pendant la nuit, le vent avait emporté les derniers nuages et l'azur était d'une couleur splendide. Le soleil jetait sur l'alpe verte une lueur merveilleuse. Toutes les petites fleurs bleues ou jaunes ouvraient leurs corolles et semblaient regarder l'astre du matin. Heidi courait ici et là, poussant des cris de joie. D'un côté le sol était rouge de primevères, de l'autre, il était bleu de gentianes, et, partout, des digitales et des campanules mêlaient leurs teintes variées au vert de la prairie et inclinaient leurs têtes au soleil.
Vers le soir, le vent se leva et vint chanter dans les sapins. Cette musique réjouit à nouveau tellement Heidi qu'elle se mit à sauter et à danser sous les arbres comme un lutin malicieux. Debout devant l'étable, son grand-père la regardait et une petite lumière dansait aussi dans ses yeux.
Après le déjeuner, elle monta dans sa chambre, quitta sa belle robe de ville, mit sa petite robe de laine rouge, se coiffa de son petit chapeau de paille, fit soigneusement un petit baluchon de son tas de petits pains, et mettant ses affaires dans un panier, elle descendit bravement l’escalier pour rentrer chez elle. (p.112, La musique que faisaient les branches en s’agitant parut si magnifique à Heïdi qu’elle se mit à gambader de joie. (p.29 version Nathan 1985)
"C'est Pierre ! C'est Pierre !" dit cette voix.
Abandonnant ses gaufres, la petite fille se précipite au dehors et s'arrête, stupéfaite.
"Oh ! Pierre ! dit-elle, pourquoi as-tu fait ça ?
- Pourquoi ai-je fait quoi ? demande le garçon en riant.
- Pourquoi es-tu devenu si grand ?
- Je ne l'ai pas fait exprès !"
- Qu’arrive-t-il à celui qui oublie de le prier ? murmura le grand-père.
- Oh ! Il ne sera pas heureux, car le Bon Dieu l’oubliera aussi, il le laissera faire ce qu’il veut, et quand tout ira mal pour lui et qu’il se plaindra, personne n’aura pitié de lui. On se contentera de dire : Il a commencé par s’éloigner du Bon Dieu, alors maintenant, le Bon Dieu, qui pourrait lui venir en aide, le laisse tomber aussi.

Quant à Heidi, elle n’était jamais malheureuse, car chaque jour lui apportait quelque perspective agréable ; elle préférait sans doute grimper avec le troupeau à l’alpage où elle pouvait cueillir des fleurs, voir l’épervier, et regarder sauter les chèvres parmi lesquelles il ne manquait jamais de se passer des choses drôles. Mais à défaut de ces plaisirs, Heidi s’amusait également à voir le grand-père clouer, scier, charpenter ; et c’était pour elle une joie toute particulière quand elle se trouvait à la maison un jour où le grand-père fabriquait les petits fromages de chèvre ; elle ne pouvait se lasser de le voir aller et venir tout occupé de ses préparatifs, et, retroussant ses manches, plonger ses bras nus dans la chaudière pour en remuer le contenu. Mais ce qui avait le plus d’attrait pour Heidi, c’était la chanson du vent dans les grands sapins, derrière le chalet ; de temps en temps elle quittait son occupation quelle qu’elle fût, pour courir sous les arbres écouter, car rien ne lui paraissait aussi beau que ce bruissement profond et mystérieux qui passait dans les hautes branches, et elle ne pouvait se lasser de regarder et de prêter l’oreille à cette musique sauvage du vent quand il secoue de toutes ses forces les grands arbres échevelés.
…ce lieu est d’une grande beauté. Mais est-ce suffisant pour qu’un cœur arrive à oublier sa douleur et à être heureux?
– Personne n’est triste ici car il y a tant de beauté et tant d’amour. Restez avec nous quelques temps, vous verrez.
Il n'y avait au milieu de cette chambre qu'une table et une chaise ; dans un coin, le lit du grand-père, dans l'autre, un gros chaudron suspendu sur un foyer et, du côté opposé, une grande porte contre la paroi. Le grand-père l'ouvrit, c'était l'armoire où étaient suspendus ses habits. Sur un rayon se trouvaient des chemises, des chaussettes et des mouchoirs ; sur un autre un pain rond, de la viande sèche et du fromage, et sur le dernier des assiettes, des tasses et des verres. Tout le contenu de cette armoire suffisait amplement aux besoins du grand-père.
Cet endroit est réellement fabuleux pour les esprits et les corps malades. La vie me semble de nouveau valoir la peine d’être vécue.
Le sentier qui conduit du village de Mayenfeld jusqu’aux alpages, et qui traverse la campagne et les vergers, est abrupt.
On y respire l’arôme de l’herbe courte de la montagne.
Par une matinée de juin, une fillette qui pouvait avoir cinq ans, mais dont la silhouette était rendue informe par trois robes portées l’une sur l’autre et un gros châle de coton rouge enroulé autour de sa taille, gravissait ce sentier, conduite par une montagnarde jeune et robuste.
Le fillette, chaussée de sabots à cous, se traînait péniblement en gravissant la pente.
Depuis une heure, la fillette et la montagnarde avaient quitté la vallée quand elles arrivèrent à Dörfli.
C’était le hameau où la jeune montagnarde était née.
Sur son passage, portes et fenêtres s’ouvrirent. On l’interpellait, on la saluait, mais elle ne s’arrêtait pas.