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40 pages
Librairie Centrale (01/01/1865)
5/5   1 notes
Résumé :
Dans cette comédie pétillante, Baguenaudin, un rentier célibataire, s'évertue à prouver son courage pour séduire sa voisine veuve, Sylvandire.
En sauvant Astyanax de la noyade, il obtient l'acte héroïque qu'il recherchait, mais ce dernier, ingrat, manipule son sauveur pour obtenir gîte, dettes payées et aide en amour...
S'ensuivent quiproquos et malentendus jusqu'à un dénouement inattendu.

Disponible sur google book :

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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Célibataire et riche rentier, Baguenaudin peine à convaincre sa belle voisine veuve de l'épouser : c'est qu'il n'a aucune gloire à son compte, aucun titre, aucune médaille ou ruban quelconque ! Sa voisine, Sylvandire s'était mariée à un brave capitaine décédé lors d'une expédition. Elle n'est donc décidée à convoler en secondes noces qu'avec un homme qui aura fait ses preuves de courage. Ce sont précisément ces preuves-là qui font défaut à Baguenaudin ; il est plein de bonne volonté, mais les occasions lui ont failli jusqu'à ce jour.

Il s'efforce ainsi par tous moyens ridicules d'avoir la chance de sauver quiconque à sa portée.
S'il erre ou flâne en plein Paris, c'est dans l'espoir de faire la rencontre d'un infortuné, d'un misérable quelconque à sauver.
S'il apprend la boxe, c'est dans l'espoir de défendre un individu d'un agresseur, s'il apprend à nager et se porte candidat à la présidence de la « société de sauvetage de Seine-et-Marne », c'est qu'il rêve de sauver un malheureux d'une noyade…

Au moment où il s'apitoyait sur son sort, désespéré de n'avoir personne à sauver ces derniers mois, il aperçoit depuis sa fenêtre une personne en train de se noyer : miracle ! Baguenaudin accourt, sauve l'homme de la noyade et le ramène aussitôt dans son appartement :

« Sauvé ! Mon Dieu ! Sauvé !… Enfin ! J'en tiens un ! Un vrai !… » (…) « réveillez-vous !… (il le secoue). Au nom de Sylvandire, réveillez-vous… Vous rétarderiez mon mariage !… »

Mais Astyanax, l'homme sauvé, est tout autant déconcerté qu'en colère :

"- Soit ! Mais maintenant que vous m'avez sauvé, qu'est-ce que vous comptez faire de moi ? 

- Dame ! Je compte vous rendre à la société dont vous pouvez encore faire l'ornement.

- Et puis ?

- Et puis… Voilà tout.

- Très bien ! Bonjour chez vous !… Je retourne à mon bain.

- Ah ! Mais non !… Il ne manquerait plus que cela, et ma présidence !… Et mon mariage… Vous ne passerez pas, je ferai plutôt mettre deux verrous à la porte.

- Ainsi, monsieur, vous tenez absolument à ce que je vive ?

- Si j'y tiens !… Il me semble que je vous l'ai prouvé suffisamment.

- Alors vous me permettez de vous poser mes conditions. Donnez-vous donc la peine de vous asseoir.

- Vous êtes bien bon ! (S'asseyant sur le canapé.) Il m'invite à m'asseoir chez moi.

- Astyanax, artiste peintre, un avenir énorme, un présent désastreux.

- Un artiste !… J'ai sauvé un artiste !… Mais au lieu d'exposer vos jours, pourquoi n'exposez-vous pas vos tableaux ?" (...)

Artiste surréaliste, Astyanax peint notamment des chevaux violets ; ses tableaux n'ont naturellement pas convaincu les salons. Il est de plus poursuivi par ses créanciers et n'a pu obtenir la main d'une ouvrière de magasin de lingerie, de crainte de s'unir à ses dettes.

Il lui reste donc deux choix : soit retourner à la Seine pour achever son suicide, soit se faire héberger chez Baguenaudin gratuitement, qui paierait également ses dettes et tant qu'à faire, devrait l'aider à épouser la femme qu'il aime en lui offrant une dot ! C'est le marché qu'il propose à son sauveur :

" - Mais ce sont les douze travaux d'Hercule ! 

- Tant pis pour vous, il fallait me laisser où j'étais, je ne vous demandais rien ; si vous voulez que je vive, c'est à vous de me rendre l'existence supportable."

Baguenaudin, docile, cède aux caprices d'Astyanax qui, avec un culot inégalé, réclame aussitôt un déjeuner, puis des nouveaux vêtements neuf et élégants.
Il n'hésite pas à réprimander ouvertement le domestique de Baguenaudin et, poussant l'effronterie plus loin, lui ordonne de commander deux douzaines de cravates à la boutique où travaille Clarisse, sa chère et tendre, sachant pertinemment qu'elle sera celle qui les livrera directement à leur domicile.

" - Alors vous l'avez envoyée chercher. Voilà que vous recevez vos visites chez moi maintenant. 

- Dame ! Où voulez-vous que je les reçoive ?…

- Et Dieu me pardonne, vous avez mis mon habit noir.

- Il est un peu large !

- Mon habit de mariage… 

- Vous allez vous marier ?

- Mais je vous avais préparé ce qu'il fallait… Un pantalon gris et un paletot noisette… C'était bien suffisant.

- Un paletot noisette, pour paraître devant celle que j'aime !"

Peu de temps auparavant, Astyanax s'était même permis de retirer le papier peint et les tableaux du salon, les trouvant peu à son goût.

Mais là n'est pas le plus grave : Sylvandire, la voisine de Baguenaudin, a surpris Clarisse franchissant le seuil de l'appartement.
Intriguée, elle confronte Baguenaudin immédiatement. Ce dernier, pris au dépourvu, commence par nier, mais est aussitôt interrompu par Astyanax :

« Si, il en est venu une ! À quoi bon mentir, vous savez bien que… »

Il n'en fallait pas plus pour déclencher le drame. Impossible d'espérer désormais un mariage, Baguenaudin tente maladroitement de se récupérer, mais en vain.
Toutefois… à quelque chose malheur est bon, Astyanax, toujours avec aplomb et un sang-froid extraordinaire, dit à son sauveur :

" - Dites donc, Monsieur Baguenaudin, maintenant que tout est rompu, je peux vous le dire : savez-vous que cette veuve là ferait joliment mon affaire ?

- Hein ! Voilà que vous essayez de me prendre ma future. Ça devait arriver.

- Dame ! Puisqu'elle ne veut plus de vous."

Ne sachant plus que faire, Baguenaudin implore Clarisse d'épouser sur-le-champ Astyanax, allant jusqu'à s'agenouiller en lui proposant 10.000 francs en guise de dot pour leur union.
Ce n'est qu'une maladresse supplémentaire : Sylvandire surprend également cette scène ; le quiproquo est plus inexplicable encore : un homme à genoux, proposant de l'argent… Dans un élan de vengeance, elle déclare alors brusquement son intention d'épouser Astyanax, qu'elle ne connaît guère.

Et cette fois-ci, c'est Baguenaudin qui part se jeter à la Seine tandis que la pauvre Clarisse vient de s'évanouir.

Sylvandire demande à Astyanax d'aller le sauver tout en réveillant Clarisse. Cette dernière, reprenant conscience, lui explique tout le malentendu si bien que Sylvandire, émue devant le désespoir de Baguenadin, consent à épouser un homme assez héroïque pour se noyer par amour.

Astyanax le repêche à son tour, et les deux sauvés épousent chacun leur chacune…

" - Où suis-je ?… Dieu comme l'eau est chaude ! Hein ! Quoi, que vois-je ! Des meubles ! Un canapé ! (Se retournant). Vous m'avez sauvé, vous ?… Et de quel droit s'il vous plait ?

- Comment, de quel droit ?… C'est vous qui avez commencé. Nous sommes manche à manche.

- Pas du tout ! Vous m'aviez forcé de faire votre bonheur, vous voilà obligé de faire le mien.

- Ah ! Dites donc, ça n'est pas de jeu.

- Alors, j'aime mieux y retourner… (il veut sortir.)

- Sylvandire, lui barrant le passage : Non, Monsieur Baguenaudin, et puisque M. Astyanax vous devra d'épouser celle qu'il aime, il est bien juste qu'il renonce à celle que vous aimez. (Elle lui tend la main.)

- Vous consentez donc… Ah ! Je suis inondé… (Sylvandire fait un mouvement) de satisfaction... »

C'est une courte pièce d'une gaieté folle, pleine de mots drôles, de quiproquos et malentendus, d'excentricité, de dialogues vifs… Dommage qu'elle soit si courte ! Ce serait une pièce très facile à adapter aujourd'hui ; il y a quelque chose d'universellement comique dans cette histoire touchante.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
- Elle ne m’écoute plus ! Eh bien ! La plaie d’Egypte que vous êtes, vous devez être content, voilà mon mariage réduit en poussière.

- Dites donc, monsieur Baguenaudin, maintenant que tout est rompu, je peux vous le dire : savez-vous que cette veuve-là ferait joliment mon affaire ?

- Hein ! Voilà que vous essayez de prendre ma future. Ça devait arriver...

- Dame ! Puisqu’elle ne veut plus de vous.

- Ah ! Permettez ! Permettez ! Que vous consommiez ma nourriture à ma place, que vous endossiez mes habits, que vous dégradiez mon appartement et même que vous me fassiez passer pour votre oncle… Je l’admets encore… Difficilement… Enfin je l’admets, mais si vous croyez que vous allez pousser la persécution jusqu’à… Ah ! Non ! J’aime mieux arrêter les frais tout de suite…

- Que parlez-vous de persécution, il me semble que si quelqu’un a été persécuté, c’est moi. Votre égoïsme me révolte à la fin.

- Mon égoïsme ?

- Est-ce que je vous demandais de me sauver, moi ?… Si après m’avoir arraché à la mort, vous me priviez des choses les plus nécessaires à la vie, merci bien ! Et si c’est pour me torturer que vous m’avez amené ici ?

- Ah ! Le misérable ! C’est lui qui m’accuse.
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