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3,79

sur 397 notes
C'est au plaisir intact de la relecture qu'on reconnaît les chefs-d'oeuvre. "Bruges-la-morte" en fait assurément partie dès sa publication en feuilleton en 1892. L'auteur flamand livre une oeuvre essentielle de la fin de siècle, aux relents décadents et aux intuitions fantastiques. Il s'agit avant tout d'un poème en prose qui aborde frontalement le thème de la mort et de la manière la plus belle. Rodenbach lui donne le visage de Bruges ; ses canaux tranquilles ; son atmosphère pieuse et brumeuse ; ses nuances de gris ; son catholicisme étouffant. le deuil impossible, le double hitchcockien et le fétichisme des reliques sont les mouvements d'une symphonie mortifère qui bercent le narrateur et les lecteurs. le regard perdu dans les eaux tristes des canaux, on se complaît dans une langueur maladive. le style très littéraire n'est jamais lourd. Il glisse le long des quais, s'insinue dans l'âme, vibre au son des cloches usées. Fidèle à l'original, j'ai une préférence pour les éditions accompagnées des photographies de la ville, une innovation à la fois technique et littéraire pour l'époque, qui met en valeur le texte.
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Ce livre ne date pas de hier, et pourtant, le personnage de la ville de Bruges reste entièrement fondé et crédible. Rodenbach, avec une plume délicate, fait transpirer Bruges de tous ses excès: le deuil impossible d'une morte à ce point aimée que jamais l'auteur ne lui attribuera un nom... elle est la,morte, la mort qu'on ne peut accepter et qui se rend complice d'une vie pliée au nom de celle-ci. Bruges la dévote, la ville aux multiples clochers, couvents, lieux de cultes. Bruges la rumeur, la ville qui observe et juge, séant ou non, le comportement d'un veuf admirable, d'un suppôt du Diable...
l'histoire est triste, grise comme la ville, assombrie de tant de chagrins... L'histoire est telle qu'elle est! Elle ne demande ni jugement à charge, ni jugement à décharge. Elle est factuelle et se suffit à elle-même, loin de la Bruges envahie de touristes de quelques heures, loin d'une ville qui se réduit à son image de carte postale. Et pourtant, on voyage dans ce livre, comme dans la ville. On s'y retrouve, on aime son calme, ses petits coins solitaires, ces ruelles, places, canaux et chapelles solidaires d'une âme humaine que la mort à déshumanisé!

Bruges me diras-tu qui ressemble à qui? Puis-je seulement encore t'aimer?
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Bruges est la Venise du Nord, et si Georges Rodenbach a choisi cette ville pour son roman : c'est pour son romantisme légendaire et sa beauté, mais aussi parce qu'il voulait valoriser cette cité ou, d'ailleurs il n'a jamais vécu !
Rodenbach est un écrivain, un poète qui avec Mallarmé sont des représentants du symbolisme au XIX ième siècle, c'est pour cette raison que son roman ressemble beaucoup à un tableau en évoquant en toile de fond les canaux, les églises, les clochers, le béguinage de Bruges avec des" fondus" de gris, de tons sombres et diffus.
Hugues Viane son anti-héros est veuf, inconsolable, ténébreux et a décidé de s'installer dans cette ville car elle convient à son deuil ! Il erre le long des quais, sans but et, Rodenbach qui inaugure le récit-photo, interpose tout au long du roman des " clichés " de la ville .
Quand il aperçoit une silhouette qui ressemble à celle de sa bien aimée : illusion ou réalité ? il la suit, la rencontre, la fréquente et, ne voit en elle avec ses cheveux longs blonds que la réincarnation de son amour. Jane est une danseuse qui va profiter de cette ressemblance et de cette transposition d'amour pour le faire accéder à tous ses caprices. Il ira même, contre la volonté de Barbe la pieuse servante jusqu'à la laisser pénétrer dans le" mausolée" ou se trouvent les objets intimes de la défunte et, en particulier sa tresse ! Hugues, face à cette réalité et à la confrontation avec l'illusion qu'il a bercé, la tue !
Bruges la grise, Bruges la fervente, Bruges la morte vient de vivre un drame de l'amour !
L.C thématique d'août 2021 : un nom de ville dans le titre.
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Je croyais aborder un roman assommant, me disant d'entrée de jeu que son seul mérite résidait dans sa brièveté. Eh bien ! c'était un a-priori sans fondement, et, quand j'ai refermé le livre, mon enthousiasme était à son comble. le roman est envoûtant, empreint de symbolisme, certes , mais dont la finale l'apparente à un roman fantastique. Surtout, le style est superbe, d'une parfaite maîtrise. Il fut accueilli très favorablement par la critique, paraît-il ; je comprends maintenant pourquoi.
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Je sortais de la bibliothèque quand j'ai croisé Fabien le batteur, qui a fait des études de lettres modernes. Je lui ai demandé ce qu'il lisait, ce qu'il me conseillait. Plus tard, il m'a envoyé un message où figurait entre autres Bruges-la-morte sur lequel il avait fait son mémoire.
J'ai aimé, j'ai trouvé ça tout en contraste la douleur, l'atmosphère pesante,macabre, le spectre, l'inquisition, la tension et le sublime, la vertu, la poésie, les regards, les miroirs, les cygnes... et toute l'horreur et l'ironie du dénouement. Les leitmotiv, le symbolisme... On s'y croirait.
Après ma lecture, il m'a envoyé un autre message sur les points de comparaison avec Dujardin et Duras, de l'anti-roman. Bon...
Je viens de lire les critiques... Ah...
Je suis donc... encore... passée à côté de cet "anti-roman" mais ça ne m'a pas empêchée de l'apprécier, c'est peut-être la raison pour laquelle j'ai été mystifiée par lui.
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Hugues Viane, un veuf éploré, s'est exilé en Belgique dans la ville de Bruges afin de noyer son chagrin loin des lieux emplis de souvenirs. Chaque jour, il marche dans les rues de la ville, seul, tout le poids de sa tristesse sur les épaules. Mais, un soir, au croisement d'une rue, il croise une jeune femme qui lui rappelle fortement celle qu'il a aimé.


Ce court roman a été écrit par Georges Rodenbach, un poète et auteur belge du 19ème siècle. Son roman "Bruges-la-morte" est reconnu comme son chef d'oeuvre. Ecrit en 1892, il réunit toutes les caractéristiques du symbolisme. le texte est poétique et mélancolique. le narrateur parle de la femme qu'il a perdu et de celle qu'il rencontre dans une contexte très imagé.

La ville de Bruges est un personnage à part entière. le décor est posé dès son arrivée. L'architecture et les canaux traversants la ville ainsi que son atmosphère paisible sont si bien décrites qu'on s'y croirait.

Le personnage de Hugues s'installe loin de Paris dans cette ville plus calme accompagné de son chagrin et de ses souvenirs. Sa rencontre avec une jeune danseuse apporte un souffle nouveau dans sa vie, mais ce n'est que de courte durée, car cette femme représente celle qui est morte.

J'ai beaucoup aimé cette lecture qui aborde le deuil et l'amour avec mélancolie et désespoir.

Une très belle découverte.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Un petit ouvrage très poétique, plein d'une nostalgie qui prend à la gorge, d'une tristesse magnifique et poignante. Hugues Viane est venu s'enterrer à Bruges comme dans un tombeau, survivant à peine dans l'ombre de sa femme morte qu'il a élevé au rang de divinité, sa chevelure coupée et nattée à sa mort servant de relique. Et Bruges a accueilli en son sein endormi d'eau et de pierre ce presque mort qui respire encore. Seulement voilà, au hasard d'une rencontre Viane est pris d'un sursaut de vie, que Bruges lui fera payer.
Mélancolique, d'une écriture extraordinaire de symbolisme, c'est un petit plaisir, un bijou de roman, à découvrir au plus vite.
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Je me souvenais vaguement des poésies de George Rodenbach lue à l'école mais je n'avais aucune idée de ce que pouvaient être ses romans . Quelle découverte ! Un véritable travail d'orfèvre qui fait de récit une histoire intemporelle . L'amour tour à tour perdu puis déçu peut être notre lot à tous . Et puis derrière Hugues Viane et ses amours il y a la merveilleuse description de Bruges , joyau flamand encore aujourd'hui .
On est littéralement dans les pas de Hugues et comme lui on ressent la ville vivre , ses clochers tinter et le suit dans ses ruelles emplies de brume. On sent la ville vivre au fil de ses mots . Classique de la littérature mais surtout chef d'oeuvre complet et indémodable .
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On se laisse facilement emporter par la prose de Rodenbach qui , dans Bruges-la-Morte, nous invite à d'étranges déambulations entre les rues mornes et les eaux stagnantes. Bruges-la Morte, c'est un peu une histoire, celle d'un veuf inconsolé depuis dix ans qui croise une silhouette, un visage : une femme qui ressemble à la morte vénérée. C'est surtout une prose poétique et épurée, toute d'effets de rythmes et de sonorités. Description de la ville y vaut description d'un état d'âme : les rues, les canaux, les pignons des bâtiments, les flèches des églises sont autant d'ombres portées sur l'esprit d'Hugues Viane. Celui-ci a choisi Bruges par analogie : au chagrin qui hantait son coeur, il fallait "les silences et la mortelle transparence d'Ombre de cette cité à part."

En ce sens, le travail sur les descriptions de la ville est proprement remarquable : au-delà d'un simple et sec réalisme, Rodenbach bâtit l'image d'une ville changeante et fantomatique. "Plus de description, mais [...] des coïncidences du dedans au dehors." Abolies, les frontières entre rêve et réel ; Bruges nous apparaît sous un jour nouveau.

Lien : http://carnets-plume.blogspo..
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Ce roman est une petite merveille de la fin du XIXe siècle !

Bruges dont la mer s'est retirée et qui est laissée pour morte, Bruges dont le béguinage est lui-même une ville de silence dans la ville morte ("si vide, si muette, d'un silence si contagieux qu'on y marche doucement qu'on y parle bas comme dans un domaine où il y a un malade"), Bruges ne pouvait être que la seule ville où Hugues, après avoir perdu sa jeune épouse, a pu venir réfugier son prégnant veuvage. Il erre le long des canaux et la mélancolie du lieu l'imprègne si profondément que la ville devient comme un personnage plein de compassion pour celui qui, inconsolable, a perdu son âme soeur.

Soudain, est-ce un rêve, une hallucination ? Une femme, ressemblant à s'y méprendre à la disparue, croise Hugues sur le chemin d'une de ses tristes promenades nocturnes. Vous lirez la suite...

le charme de ce texte réside dans la capacité experte de son auteur à rendre l'atmosphère de la ville ; si vous vous y êtes trouvé un soir d'hiver après que la circulation automobile a cessé et que le bruit dominant soit le silence transpercé par les notes des carillons, si vous avez vu les perspectives ouatées des venelles et canaux dans la brume formant "un amalgame de somnolence plutôt grise", vous referez au long de ces pages une promenade pleine de réminiscences.

Dans son avertissement, Georges Rodenbach (ami de Villiers de l'Isle-Adam, des Goncourt et Daudet), précise que "cette Bruges qu'il nous a plu d'élire, apparaît presque humaine... Un ascendant s'établit d'elle sur ceux qui y séjournent". de même, par l'alchimie de l'écriture, ce très court roman exerce par contagion sur son lecteur un effet agréable et durable malgré la dominante sombre du décor et du récit.
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