La vie est un feuilleton tellement prévisible. On sait bien ce qui nous attend, au dernier épisode de la dernière saison. Où trouve-t-on l'innocence de s'en étonner encore?
Nous n'avons pas parlé pendant tout le trajet.
Quand on s'aime, se taire est une connivence.
C'est le problème de l'artiste avec sa création. Obscurs Frankensteins que nous sommes, attachés de façon névrotique à nos bulles, nos cases, nos créatures. Illégalement squattés par tout ce joyeux petit monde en cavale, échappé malgré nous de nos cerveaux malades, par une porte dérobée. Une porte entrouverte dans le mur de l'asile qui donnerait sur la cour du fond et, par-delà la palissade, sur le monde réel que je trouve parfois, moi, tellement peu crédible.
Les artistes sont poreux, ils n'ont pas de limites, leur imagination déborde sans arrêt. Leur univers transpire, puis se matérialise, devient réalité, se met à exister d'une existence propre. Il leur survit parfois.
parfois même, longtemps. (p. 45)
L'ami qui part, ou l'amant, ou l'enfant, c'est toute une saison de la vie qui s'achève, et jamais plus ne reviendra. Il nous faut accepter ces puits creusés à vif dans la chair des mémoires, nous asseoir sur le bord un instant et pleurer, puis repartir, laissant derrière nous des paysages effacés à jamais et qui ne viendront plus que dans nos souvenirs.
Ce n'est pas l'ampleur du dégât qui fait l'étendue de la peine. J'en ai connu qui pensaient au suicide après avoir perdu un album de photos.
p.128 "Chaque mort d'un ami est une lampe éteinte, qui rend notre chemin un peu plus hasardeux."
Le jardin était un festival de fleurs dépareillées, de merles sous acide et d'abeilles enjôleuses.
Quand on a de la merde dans les yeux, on se croit entouré d'étrons.
Pour ne pas déroger aux vieux standards phallos de la bande dessinée, qui font de toute femme un concentré de courbes, je l'ai gratifié d'un joli cul plus rond et pommelé qu'une lettre oméga écrite en minuscule, et d'une paire de sein en obus grand format.
J'ai rectifié d'un coup de gomme. Voilà pourquoi je préfère souvent le dessin à la vie. On peut faire, défaire, changer à l'infini, ou presque, autant de fois que nécessaire. (p. 64)