C'est un roman sur la HAINE. Edward Finnigan - de Marcusville, Ohio - a la haine contre l'assassin de sa fille. Mais ce qu'Edward Finnigan ne peut pas supporter, c'est qu'il n'a pas pu assister à l'exécution sur la chaise électrique de John Meyer, l'assassin! Car ce dernier a eu le mauvais goût de mourir dans le couloir de la mort avant son exécution. C'est le niveau le plus élevé de la haine : vouloir voir mourir sous ses yeux celui que l'on hait. Est-on apaisé quand on a assisté à un tel spectacle? Est-ça, obtenir réparation? Ou est-ce simplement de la vengeance?
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Mais c'est aussi un roman sur l'AMOUR. L'amour que porte le commissaire Ewert Grens pour sa femme lourdement handicapée par sa faute - des suites d'un accident de voiture - et qui passe ses journées sur un fauteuil roulant, "réduite à contempler la vie à travers une fenêtre", dans une maison de soin à Stockholm. C'est Ewert qui écoute souvent, en pensant à sa femme, la chanson de Siw Malmkvist : "Tweedle tweedle tweedle dee, je trouve enfin l'amour. le septième ciel j'ai découvert, je t'aimerai toujours." C'est la chanson de leur première rencontre.
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Et puis c'est un POLAR. Un chanteur à bord d'un ferry reliant la Finlande à Stockholm donne un coup de pied dans la tête d'un danseur qui importunait une femme. A l'arrivée, le danseur est hospitalisé, John Schwarz, le chanteur, est arrêté pour coups et blessures aggravées. Mais à partir de là tout se complique. John Schwarz n'existe pas. Qui est-il? Canadien comme son passeport l'indique? Ou États-Unien? Interpol à Washington effectue des recherches. Et quand la vérité tombe, tout le monde comprend des deux côtés de l'Atlantique que ça devient une affaire extrêmement compliquée qui trouve ses racines dans un passé lointain. Et que cela va provoquer quelques escarmouches diplomatiques! C'est une intrigue qui ne ressemble à rien de ce que j'ai rencontré dans mes lectures de romans policiers.
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Et pour finir, c'est un plaidoyer contre la PEINE DE MORT. C'est un gardien du couloir de la mort du centre pénitentiaire de Marcusville (1) qui dit : "Environ deux pour cent, ou même peut-être trois pour cent, des gens condamnés [à mort] le sont sur des bases erronées. Ils sont innocents, ou punis pour un autre crime que celui qu'ils ont commis". Alors aider un innocent, condamné à mort? Mais comment? Que peut-on faire? Jusqu'où peut-on aller pour aider cette personne? Et en bonus, un suspense insoutenable jusqu'à la dernière page.
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Voilà, c'est tout ça, ce beau roman très émouvant de Roslund & Hellström.
(1) Marcusville est une ville imaginaire, mais l'Ohio existe bien. Il a rétabli la peine de mort en 1999. le dernier condamné exécuté l'a été en 2018. Depuis, plusieurs reports d'exécution ont été prononcés compte tenu de problèmes avec le type d'injection létale. Toutefois il y avait encore 131 condamnés dans le couloir de la mort en Ohio en 2021 (source : rapport
Amnesty International).