Voici quelques jours que j'ai refermé l'histoire de Sarah... et l'histoire de tout ces personnages qui lui sont éternellement liés. Je dois dire que j'ai tout de suite eu envie d'en donner mon ressentiment (même si je crains de ne pas être à la hauteur ou de mal extérioriser), tellement ce livre m'a habité au point d'en avoir eu souvent du mal à m'en détacher, de jour comme de nuit.
Pourtant, je ne suis pas une fervente admiratrice de Tatiana de Rosnay. J'y suis même assez réticente... Jamais un de ses résumés m'a donné envie d'ouvrir un de ses romans... Excepté "
Elle s'appelait Sarah" ! Sans doute, grâce à l'intérêt que je porte tout particulièrement à cette période sombre de notre pays. Je considère que ces évènements, même s'ils sont passés, feront partie à jamais intégrante de l'histoire de toutes les générations, y compris celles à venir. C'est important de relater ces faits, si horribles soient-ils, de manière à ne pas oublier, à ne pas reproduire (même si les conflits se poursuivent encore ailleurs...), "à comprendre l'incompréhensible" si j'ose m'exprimer ainsi...
La double narration est habilement menée, nous laissant dans une attente que l'on ne peut soutenir. le style d'écriture adopté par l'auteur nous donne envie sans cesse de poursuivre, d'aller au "dénouement".
Tatiana de Rosnay nous transporte du passé dans l'atrocité de l'existence de Sarah et de son entourage, au présent de Julia donnant un contraste très important.
C'est donc le coeur aussi bien accroché que j'ai pu, que j'ai dévoré les pages, n'ôtant rien à mon obstination, ma soif de savoir. Les descriptions laissent deviner que les écrits sont fondés, que la romancière s' est appuyée sur des ouvrages historiques (liste des livres à la fin du roman). Les images suggérées me renvoient aussi violemment que mes visites à l'ancien camp de concentration de Natzwiller-Struthof en Alsace. Les scènes sont affligeantes mais elles sont nécessaires car nous devons prendre conscience de la brutalité et de l'immoralité des évènements.
Quand au point de vue abordé par différents lecteurs vis à vis de Julia, journaliste américaine, je n'ai pas été particulièrement choquée. Par le biais de ce personnage, elle a souhaité démontrer comment on agit les différentes catégories de personnes constituant la société française à l'époque. Il y avait les résistants, ceux qui ferment les yeux (qui n'ont pas eu un comportement dit "héroïque"), les collabos, les policiers français aidant (ou non) le gouvernement de Vichy et les Nazis, ... On ne peut le nier, ça fait partie de l'histoire... Tout comme ceux qui veulent se souvenir pour le devoir de mémoire et ceux qui ne veulent pas/plus trop y penser. Qui que nous soyons, nous ne pouvons pas juger ceux qui ont ouvert ou ceux qui ont préféré fermer les yeux pour préserver leurs familles, car nous n'avons pas eu, fort heureusement, à vivre cette tragédie et à prendre des décisions aussi existentielles et ontologiques.
Le but de ce récit, avec ses tranches de fictions, étaient de transmettre le savoir des actes qui ont eu des conséquences dramatiques sur nos familles quelques soit nos cultures... Et je trouve que l'objectif est bien mené.
Zakhor, al Tichkah. Souviens-toi, N'oublie jamais.