Notre vie est aussi aride que la vie des captifs ;dans l'étendue morte, les astres ne sont que de monotones points de feux;
Ce sont bien,sur cette planète les équivalents de l'homme, fit Antoine.
L'esprit d'aventure nous soutient,une espérance démesurée quoique amortie par l'attente.
Mais comment décrire ces visages ? Comment faire concevoir leur forme rythmique, comparable à celle des plus beaux vases hellènes, les nuances ravissantes de leur peau, qui évoquaient ensemble les fleurs, les images crépusculaires, les émaux égyptiens ? Aucun de ces grossiers appendices de chair que sont nos nez, nos oreilles, nos lèvres, mais six yeux merveilleux, devant lesquels nos plus beaux yeux terrestres ne sont plus que des élytres de hannetons ou de carabes, des yeux où passaient toutes les lueurs des aurores, des prairies matinales, des fleuves au soleil couchant, des lacs orientaux, des océans, des orages, des nuées…
Un temps viendra où des escadres de stellariums iront de planète en planète ! ... Les hommes ne sont que des bestioles ... Mais quelles bestioles !
La prodigieuse vitesse qui nous entraîne équivaut à une suprême immobilité. Profond silence : nos appareils - générateurs et transformateurs - ne fond pas de bruits ; les vibrations sont d'ordre éthérique...Ainsi, rien ne décèle le bolide lancé dans les solitudes interstellaires...
La notion de la parole articulée et sans doute toute notion auditive leur étaient absolument étrangères.
Pourquoi la mort de l’espèce attristerait-elle l’individu ? Tout ne s’est-il pas toujours passé, pour chaque vivant, comme si le monde entier disparaissait avec lui ?
Chaque soir, nous nous tournions vers Elle [la Terre] ; bientôt, elle deviendrait une resplendissante étoile. La reverrions-nous, pauvres atomes vainqueurs de l'éther, humbles navigateurs de l'océan impondérable...N'importe, nous ne regrettions rien ; la nostalgie n'éteignait pas la passion de connaître.
Il n’y a plus d’astre. Mars est devenu un monde, lointain encore, où l’œil distingue la figure confuse des monts, des plaines, des grandes vallées, que la rapidité vertigineuse de notre course transforme, agrandit sans cesse. L’heure formidable est proche. Nous sommes prêts : depuis longtemps nous avons opéré le retournement du Stellarium.