Un peu avant l'âge de vingt ans, Gauguin, « profession de marin », s'engagea dans les équipages de la Flotte.
Arrivé à la division de Cherbourg, le 26 février 1868, il fut inscrit au Havre, sous le no 1714 comme matelot de 3e classe. Son livret de marin donne de lui, à cette époque, le signalement suivant :
Taille 1 m. 630. Poil châtain, yeux bruns, nez moyen, front haut, bouche moyenne, menton rond, visage ovale. Il est à noter que les cheveux tiraient alors sur le roux, que les yeux étaient, non pas bruns, mais gris-verdâtres, et que le nez était, non pas moyen, mais fort. A part ces détails, que l'officier chargé du recrutement jugea sans doute de médiocre intérêt, vu le peu d'importance du personnage, le reste du signalement peut être considéré comme exact.
A l'âge de dix-sept ans, en 1865, le ci-devant séminariste fut embarqué comme pilotin. Il quittait, sans un pleur, la pieuse institution « où, dit-il, j appris dès le jeune âge à haïr l'hypocrisie, les fausses vertus, la délation. J'appris là aussi un peu de cet esprit d'Escobar, qui, ma foi, est une force dans la lutte, non négligeable ».
Soudain un cri : "Un homme à la mer !"
L'enfant ne sait pas nager. Nous regardons tous, comme au théâtre. Le cuisinier, un nègre, tardivement s'éveille, curieusement vient regarder. Il comprend ....
Sans hésiter, il se jette à l'eau et ramène l'enfant à l'échelle de l'arrière. Chacun alors de saisir une corde pour la jeter au mousse, qui est déjà remonté.
La sottise et la peur résident en nous. Un intelligent, un brave survient, et chacun devient intelligent et brave. Individuellement, l'homme est homme. En société il est animal.
La famille de Moscoso, suivant Gauguin, était de noblesse aragonaise.
"Si je vous dis, remarquait-il, que par les femmes je descends d'un Borgia d'Aragon, vice-roi du Pérou, vous direz que ce n'est pas vrai et que je suis prétentieux. Mais si je vous dis que cette famille est une famille de vidangeurs, vous me mépriserez. Si je vous dis que, du côté de mon père, ils se nommaient tous Gauguin, vous direz que c'est d'une naïveté absolue.... Le mieux serait de se taire."
Il est vrai que la souffrance vous aiguise le génie. Il n'en faut pas trop cependant, sinon elle vous tue.