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Citations sur Comédie d'automne (16)

Ce sont mes livres au fil des parutions qui m'ont peu à peu ouvert les yeux.C'est parce que quelque chose m'entravait, m'empêchait de vivre, que je m'étais lancé, en toute innocence, dans le récit de mes morts.

( p.97)
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Il livra ses premières impressions, précisa bien entendu qu'il n'était pas un spécialiste, que son ressenti n'engageait que lui et n'avait pas de valeur d'exemple, mais il avait pris beaucoup de plaisir et puis ah oui, il avait beaucoup ri.Comment ça ? Il avait ri ? Oui, enfin souri, souvent. Et je tombai des nues.J'étais persuadé d'avoir écrit un livre endeuillé, inondé de chagrin, et quelqu'un en qui j'avais pleine confiance m'expliquait que mes sombres nuages étaient troués de rais de lumière. Loin de m'en indigner, la nouvelle me ravit.

( p.157)
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J'avais le sentiment d'être Van Gogh chez les Verdurin, son oreille dans la poche.D'où je tirai cet aphorisme : je parle de Van Gogh je suis tout, je suis Van Gogh je ne suis rien.
Quand bien même j'aurais aspiré à autre chose, ma place on me l'avait assignée. C'était celle du chouan au milieu des émigrés dans un salon de Londres.

( p.105)
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Pénible, la vente des journaux pouvait l'être, principalement les longs mois d'hiver où je désespérais de la venue des beaux jours.(...)

Quant au faible prestige de la profession, inutile de m'enfoncer davantage, j'étais parfaitement au courant.

(...)Mais ça m'était égal à présent que mon manuscrit était accepté par l'éditeur. Je pouvais bien vendre des journaux à vie.J'avais désormais le seul passeport qui m'intéressait à présenter à mes semblables.On ,et quelqu'un dont le jugement valait de l'or, m'avait reconnu écrivain. Je figurais dans le même catalogue que Beckett et les auteurs du Nouveau Roman (...)

( p.52)
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Si la réplique m'avait marqué c'est sans doute que cette idée d'un premier ancêtre, d'un " premier homme" comme dit Camus, m'encourageait dans ma quête d'une reconnaissance littéraire. Qu'il n'était nul besoin pour ça de quartiers de noblesse et de sang bleu. La poésie nichait aussi bien dans la tête d'un truand du Quartier latin à la fin du Moyen-âge que dans celle, butée, d'un collégien de Charleville sous le Second Empire. On pouvait être à soi- soi-même son propre lignage et à rebours, grâce au pouvoir d'agencement des mots, anoblir ceux de qui l'on procède et qui, aux yeux du monde, étaient jusque- là des moins que rien.Si je réussissais ma " campagne poétique ", moi le sans- grade rejoignant à grands coups de phrases comme de sabre les princes du verbe, j'adoubais les miens.

( p.26)
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À défaut du bonheur j'avais trouvé le lieu (le 101, rue de Flandre) et la formule
( vendre des journaux en fumant de fines cigarettes après avoir écrit le matin).Pas plus qu'avant je n'avais d'ambition sociale, me fichant de tous les bâtons de commandement et autres colifichets, n'ayant de comptes à rendre qu'à la littérature, c'est-à-dire aux grands défunts, et tout spécialement à ma figure tutélaire, François- René Chateaubriand que je crois connaître presque aussi bien que lui.

( p.190)
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Chateaubriand le dissimule dans ses Mémoires parce que ce n'était pas conforme à l'idée qu'il se faisait de son rang où il n'était pas question de s'abaisser à ces métiers de manants, mais désargenté il fut un moment de sa vie à vendre des bas en Bretagne. (...)
Ainsi Chateaubriand avait été voyageur de commerce, comme notre père, et en Angleterre il donna des cours de français, instituteur comme notre vieille tante Marie, ce qu'il nia (...)

( p.162)
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Il est souvent question de littérature entre nous.Au fil du temps il m'avait confié sa passion pour Stendhal, même si là aussi, il ne m'avoua que tardivement posséder une édition originale de " La Chartreuse de Parme" Ce qui ne doit pas concerner beaucoup de personnes dans le monde.Un révolutionnaire bibliophile ?
Ce hobby de classe cohabitait mal avec sa sensibilité tiers-mondiste. Cette manifestation éminemment " droitiste" eût mérité en Chine l'envoi dans un camp de travail aux fins de rééducation. Pousser des brouettes de fumier fera passer l'odeur des reliures en maroquin.

( p.147)
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Le photographe annoncé était Robert Doisneau et, heureux à l'idée de le rencontrer, j'avais emporté tous les ouvrages que je possédais de lui: quelques albums et son livre de souvenirs intitulé d'après un mot de Prévert " À l'imparfait de l'objectif ", paru l'année précédente. Sans qu'il en sût rien il avait été un de mes compagnons de route au cours de ces années obscures.Cette façon de s'intéresser aux gens modestes qui avaient constitué le tableau de son enfance et qu' il traquait encore dans les interstices d'une société bousculée par la modernité, avait guidé mon travail.

( p.225)
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Si Doisneau se repentait de son attitude, c'est bien que, spontanément de naissance, il savait qu'il aurait dû prendre le parti du pauvre Chaissac, qui avait tout pour être un frère, et non celui suffisant des puissants.D'autant qu'il l'avait vu profondément malheureux.Son village au milieu du bocage le martyrisait et sa femme le tenait pour un bon à rien.(...)
Chaissac n'était pas seulement peintre, mais poète :" c'est la magie des mots d'amour, d'une turbine regret d'un jour, j'en reste sardine." Je citai à Robert le poème. Le peu de reconnaissance qu'il avait eu de son vivant avait été un avertissement pour moi.
Cette photo de Doisneau où de profil, casquette sur la tête, il présente une de ses oeuvres, une pierre grossièrement retaillée sur laquelle il a peint un visage et un semblant de costume, était à mes yeux l'expression même de la solitude et du dénuement tandis que j'avançais dans mes " Champs d' honneur".Par un effet de miroir, je me préparais à encaisser ce chagrin d'une vie sans considération.

( p.232)
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