L'éloge de Vigée Le Brun était dans toutes les bouches, on l'appelait "l'orgueil de la France, l'immortel crayon," le poète Le Brun qui se nommait lui-même le Pindare de son siècle célébra la jeune femme ; quand La Harpe prononça à l'Académie son discours sur le génie des femmes, il dit " Elisabeth, la moderne Rosalba, mais plus brillante qu'elle, joint la voix de Favart au sourire de Vénus" et toute l'assistance alors se lève, la duchesse de Chartres et le roi de Suède y compris, pour saluer et acclamer la rougissante Vigée Le Brun.
Vigée Le Brun peignit près de trente fois la reine de France, une intimité se créa entre les deux femmes, qui étaient exactement du même âge, et l'artiste devait rester jusqu'à sa mort une royaliste convaincue.
Cette toile de " Marie-Antoinette à la rose" appartient sans nul doute à l'art du dix-huitième siècle, mais les deux fameux tableaux où Vigée Le Brun s'est représentée avec sa fille dénotent une nouvelle manière, l'influence antique se fait sentir, et aussi le retour à la véritable nature, à la sentimentalité familiale.
En même temps qu'il décore les hôtels et les églises, Le Brun peint de nombreux portraits. Il est déjà célèbre et tous les personnages de l'époque défilent devant son chevalet. Certains
de ces portraits sont admirables, notamment celui de Jabach et sa famille, aujourd'hui au musée de Berlin; ceux de Bussy Rabutin, de Mme Hérault de Cheverny, de la Marquise de Montglas, de Nicolas de Bellièvre, de Mme Plessis-Bellière, des Echevins de Paris. Il y a, dans ces portraits, de la vigueur, de la fougue, de la vie, et Le Brun, s'il l'avait voulu, se serait acquis une
gloire solide de portraitiste; mais pour lui, ces travaux n'avaient qu'une importance médiocre; il les considérait comme un délassement de ses grandes compositions.