AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Essai sur l'origine des langues (27)

Ainsi l’on parle aux yeux bien mieux qu’aux oreilles : il n’y a personne qui ne sente la vérité du jugement d’Horace à cet égard. On voit même que les discours les plus éloquens sont ceux où l’on enchâsse le plus d’images, & les sons n'ont jamais plus d'énergie que quand ils font l'effet des couleurs.
Commenter  J’apprécie          40
LA parole distingue l'homme entre les animaux : le langage distingue les
nations entre elles ; on ne connaît d'où est un homme qu'après qu'il a parlé.
L'usage et le besoin font apprendre à chacun la langue de son pays ; mais
qu'est-ce qui fait que cette langue est celle de son pays et non pas d'un autre ?
Il faut bien remonter, pour le dire, à quelque raison qui tienne au local, et qui
soit antérieure aux mœurs mêmes : la parole, étant la première institution
sociale, ne doit sa forme qu'à des causes naturelles.
..............
Ainsi l'on parle aux yeux bien mieux qu'aux oreilles. Il n'y a personne qui
ne sente la vérité du jugement d'Horace à cet égard. On voit même que les
discours les plus éloquens sont ceux où l'on enchâsse le plus d'images ; et les
sons n'ont jamais plus d'énergie que quand ils font l'effet des couleurs.
.....................
De cela seul il suit avec évidence que l'origine des langues n'est point due
aux premiers besoins des hommes ; il serait absurde que de la cause qui les
écarte vînt le moyen qui les unit. D'où peut donc venir cette origine ? Des
besoins moraux, des passions. Toutes les passions rapprochent les hommes
que la nécessité de chercher à vivre force à se fuir. Ce n'est ni la faim, ni la
soif, mais l'amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les premières voix.
.......................
L'image illusoire offerte par la passion se
montrant la première, le langage qui lui répondait fut aussi le premier inventé ;
il devint ensuite métaphorique quand l'esprit éclairé, reconnaissant sa
première erreur, n'en employa les expressions que dans les mêmes passions qui l'avaient produite.
.........................
Un autre moyen de comparer les langues et de juger de leur ancienneté se
tire de l'écriture, et cela en raison inverse de la perfection de cet art. Plus
l'écriture est grossière, plus la langue est antique.
.........................
Pour savoir l'anglais, il faut l'apprendre deux fois ; l'une à le lire, et l'autre
à le parler. Si un Anglais lit à haute voix, et qu'un étranger jette les yeux sur le
livre, l'étranger n'aperçoit aucun rapport entre ce qu'il voit et ce qu'il entend.
Pourquoi cela ? parce que l'Angleterre ayant été successivement conquise par
divers peuples, les mots se sont toujours écrits de même, tandis que la manière de les prononcer a souvent changé.
.......................
Avec les premières voix se formèrent les premières articulations ou les
premiers sons, selon le genre de la passion qui dictait les uns ou les autres. La
colère arrache des cris menaçans, que la langue et le palais articulent : mais la
voix de la tendresse est plus douce, c'est la glotte qui la modifie, et cette voix
devient un son ; seulement les accens en sont plus fréquens ou plus rares, les
inflexions plus ou moins aiguës, selon le sentiment qui s'y joint. Ainsi la
cadence et les sons naissent avec les syllabes : la passion fait parler tous les
organes, et pare la voix de tout leur éclat ; ainsi les vers, les chants, la parole,
ont une origine commune.
......................................
Comme donc la peinture n'est pas l'art de combiner des couleurs d'une
manière agréable à la vue, la musique n'est pas non plus l'art de combiner des
sons d'une manière agréable à l'oreille. S'il n'y avait que cela, l'une et l'autre
seraient au nombre des sciences naturelles et non pas des beaux-arts. C'est
l'imitation seule qui les élève à ce rang. Or, qu'est-ce qui fait de la peinture un
art d'imitation ? c'est le dessin. Qu'est-ce qui de la musique en fait un autre ?
C'est la mélodie.
..........................

Je finirai ces réflexions superficielles, mais qui peuvent en faire naître de
plus profondes, par le passage qui me les a suggérées.
Ce serait la matière d'un examen assez philosophique, que d'observer
dans le fait, et de montrer par des exemples, combien le caractère, les mœurs
et les intérêts d'un peuple influent sur sa langue
Commenter  J’apprécie          40
La langue de convention n'appartient qu'à l'homme.
Commenter  J’apprécie          30
Pour concevoir les repas des anciens on n'a qu'à voir aujourd'hui ceux des Sauvages ; j'ai failli dire ceux des Anglois.
Commenter  J’apprécie          31
Ce n’est ni la faim, ni la soif, mais l’amour, la haine, la pitié, la colère, qui leur ont arraché les premières voix.
Commenter  J’apprécie          20
Pour concevoir les repas des anciens, on n'a qu'à voir aujourd'hui ceux des sauvages : j'ai failli dire ceux des Anglais.
Commenter  J’apprécie          20
Il n'y a que les Européens qui gesticulent en parlant : on dirait que toute la force de leur langue est dans leurs bras !
Commenter  J’apprécie          20
La parole, étant la première institution sociale, ne doit sa forme qu'à des causes naturelles.
Commenter  J’apprécie          20
Dans ce siècle où l'on s'efforce de matérialiser toutes les opérations de l'âme et d'ôter toute moralité aux sentiments humains, je suis trompé si la nouvelle philosophie ne devient pas aussi funeste au bon goût qu'à la vertu.
Commenter  J’apprécie          10
Si l'Iliade eût été écrite, elle eût été beaucoup moins chantée.
Commenter  J’apprécie          10






    Lecteurs (131) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Arts et littérature ...

    Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

    Charlotte Brontë
    Anne Brontë
    Emily Brontë

    16 questions
    1101 lecteurs ont répondu
    Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

    {* *}